Eugene Cernan face à un crotale diamantin

John Young, Charlie Duke et Stuart Roosa acceptèrent de remplacer au pied levé les astronautes David Scott, Alfred Worden et James Irwin, l’équipage remplaçant de la mission Apollo 17, qui, empêtrés dans « le scandale des timbres » suite à la mission Apollo 15, furent relevés de toutes leurs fonctions au sein de la NASA.

Comme tous les astronautes remplaçants, ils n’arrêtaient pas de chambrer les « titulaires » Eugene Cernan, Harrison Schmitt et Kenneth Mattingly. On va vous rendre malade, vous casser une jambe ou un bras pour prendre votre place…

Un après-midi, alors que Duke et Roosa terminent un entrainement, ils voient arriver John Young, blanc comme un linge, à bout de souffle. Il vient de faire un jogging près des marais du Centre Spatial Kennedy.

« Qu’est ce qu’il t’arrive, John ? »

« C’est le plus gros serpent à sonnettes que je n’ai jamais vu de ma vie ! » dit-il en haletant. « Je lui ai balancé des pierres, mais je ne sais pas si je l’ai touché. »

Curieux, Duke et Roosa lui demandent à quel endroit exactement il a vu ce serpent.

Lorsqu’ils se rendent sur les lieux, ils entendent le bruit de crécelle caractéristique, de la cascabelle de ce serpent, mais d’une intensité inaccoutumée. Guidés par le son, ils s’approchent prudemment.

Ils aperçoivent alors un crotale diamantin, le plus gros qu’ils n’aient jamais vu. Sachant que cet animal est très dangereux, le taux de mortalité des morsures atteint de 20 à 30 %, ils décident de le tuer, à coups de pierres, pour rester à bonne distance…

Deux crotales pendant la période d’accouplement photographiés près du LC 39 au Centre Spatial Kennedy en 2008.

Le serpent fait 1m 90 de long, et aussi gros que la cheville de Charlie Duke… Il est énorme, avec une cascabelle composée de sept grosses écailles !

Ils mettent le serpent dans le coffre pour le montrer à tout le monde… En chemin, il leur vient une idée…

Alors que Eugene Cernan est dans le simulateur, les trois conspirateurs en profitent pour déposer le serpent sous son bureau.

Ils le dispose de manière à lui donner une posture agressive. Ils appellent ensuite leur secrétaire et la prient d’aller vite chercher Cernan, c’est urgent, on le demande au téléphone, c’est très important.

Quelques minutes plus tard Eugene Cernan accourt dans la salle, se précipite vers son bureau, s’assoit dans son fauteuil à roulettes. Alors qu’il avance son siège pour s’installer à son bureau, il jette un coup d’œil dessous et aperçoit le serpent. Il pousse aussitôt un hurlement à glacer le sang, propulse sa chaise, qu’il fait littéralement décoller, et se retrouve à l’autre bout de la pièce en hurlant « Qu’est ce que c’est que ça ? », et sort de la salle en courant.

Lorsqu’il entend des éclats de rire, Eugene Cernan comprend qu’il vient de se faire avoir, encore sous le coup de la décharge d’adrénaline, il jure à tout-va… Beau joueur, il se calme rapidement…

Le serpent lui a fait très peur, et rétrospectivement, Duke s’en voudra un peu : « Cernan aurait pu avoir une crise cardiaque. »

 

« Apollo 17 est notre dernier mais ce sera notre meilleur »

Une banderole fixée le 26 novembre sur la plateforme donnant accès au vaisseau Apollo 17 sur la MSS (Mobile Service Structure – tour de service mobile) par le personnel de la société Grumman Aerospace, le constructeur du module lunaire, disait : « C’est peut-être notre dernier mais ce sera notre meilleur » (« This may be our last but it will be our best »).

Un chef d’équipe de chez Grumman a précisé à la presse que cette bannière avait pour but de rassurer l’équipage d’ Apollo 17 en lui garantissant leur plus total dévouement…

Puisque ce sont les emplois des 600 salariés de chez Grumman, au Centre Spatial Kennedy, qui seront supprimés une fois la mission Apollo 17 accomplie.

L’équipe Grumman avait acquis une excellente réputation parmi les personnels du Centre Spatial.

James Fletcher, l’administrateur de la NASA, fit remarquer que ce slogan devrait s’appliquer à toute « l’équipe Apollo ».

Que la lumière soit sur Apollo 17

Afin que les milliers de photographes puissent immortaliser le décollage de la mission Apollo 17, qui doit intervenir dans la nuit du 6 au 7 décembre 1972, la NASA a communiqué les valeurs d’éclairement des projecteurs utilisés pour illuminer la Saturn V avant son envol.

Ainsi la NASA a utilisé 72 projecteurs au xénon de 20 kW chacun, ainsi que deux rampes de projecteurs au xénon de 60 kW chacune, fournissant un éclairement du lanceur de 225 foot-candles* soit environ 2 400 lux.

Une fois allumés, les cinq moteurs F1 du premier étage vont générer environ 7 500 foot-candles en émission et en réflexion, ce qui équivaut pratiquement à la lumière du jour.

« L’illumination des projecteurs ne servira plus à rien lorsque le lanceur se sera élevé à plus de 20 mètres du sol », précise le communiqué de la NASA.

Apollo 17 (exposition normale globale, même si la Saturn V est légèrement surexposée)

Même photo surexposée pour mettre en évidence les faisceaux de lumière

* Le foot-candle (candela par pied) est utilisé dans l’industrie du cinéma, il s’agit de l’éclairement lumineux reçu par une surface éclairée par une source d’intensité lumineuse de 1 candela (cd), soit 10,7 lux, située à une distance de 1 pied (30,48 cm).