Tout en poésie !

En ce premier juin de l’année 1966, Thomas Stafford et Eugene Cernan (Gemini IX A) attendent la mise à feu de la fusée Atlas.

Malheureusement, à T-3 minutes un problème de communication entre les ordinateurs au sol et celui de Gemini, entraine le report du lancement.

Lorsque Stafford apprend la mauvaise nouvelle il exprime sa déception en lâchant un « Oh zut ! » (Ce sont en tout cas les propos tels qu’ils furent rapportés par le service des relations publiques.)

Lorsque deux jours plus tard, Stafford et Cernan s’apprêtent à entrer dans leur vaisseau spatial, pour une nouvelle tentative de lancement, ils sourient, en apercevant sur ce dernier un écriteau sur lequel figure un petit « poème », écrit par leurs collègues James Lovell et Buzz Aldrin (l’équipage suppléant) :

« On plaisantait auparavant,
 mais plus maintenant.
Faites en sorte d’envoyer vos c… euh, personnes, dans l’espace,
Ou nous aurons aucun scrupule à prendre votre place »

Jim et Buzz

Ce jour-là le lancement a bien eu lieu !

Les yeux de Lyncée

Beaucoup de bêtises ont été racontées, sur ce que les astronautes en orbite autour de la Terre peuvent distinguer sur notre planète.

Alors qu’ Eugene Cernan effectue une EVA (Gemini IX), il interpelle Thomas Stafford :

 – « Eh Tom, que peut bien faire cette voiture immatriculée au Texas sur cette autoroute californienne ? »

– « Quel est le numéro de l’autoroute ? » demande Stafford.

Tragédie – Elliot See et Charles Bassett

Nous sommes le 28 février 1966 par une belle matinée d’hiver, il est 7:41 CST lorsque Elliot See et Charles Bassett, les astronautes de Gemini 9, décollent, à bord du T-38 n° 901, de la base aérienne d’Ellington au Texas pour se rendre à l’usine McDonnell de St Louis dans le Missouri. Ce vol, que See a déjà effectué 25 fois et Bassett 7 fois, dans les six derniers mois, dure 80 minutes.
Derrière eux, dans le T-38 n° 907, il y les astronautes Thomas Stafford et Eugene Cernan (Equipage de réserve – Back-up Crew)

Elliot See, assis devant, est le pilote, il cumule 3 969 heures de vol dont 124 sur T-38, quant à Charlie Bassett, il occupe le siège arrière, celui du navigateur, et totalise 3 545 heures de vol dont 226 sur T-38.

Ils doivent atterrir à Lambert Field, petit aérodrome adjacent à l’usine McDonnell Aircraft Corporation où leur capsule Gemini 9 est préparée.

Avant le vol, See a bien évidemment contacté le trafic aérien de St Louis pour s’enquérir des conditions météo, des approches disponibles…
A 8:18 un nouveau point météo avec le Little Rock Air Force Base Meteorological Office confirme un plafond bas, une visibilité à 3200 mètres, de la pluie et du brouillard.
Dix-sept minutes plus tard, la tour de contrôle de Kansas City, annonce une baisse de la visibilité qui est désormais à 2400 mètres. A 8:48 la tour de contrôle de St Louis prend le relais pour communiquer aux pilotes les vecteurs d’approche pour un atterrissage aux instruments sur la piste sud-est 12R de Lambert Field. On communique aux pilotes une nouvelle situation météo mais qui s’avèrera être la même que la précédente. Pour eux, ils sont encore dans les limites de sécurité pour l’approche prévue. Des pilotes qui ont atterris et décollés au même moment affirmeront plus tard que les conditions météo se dégradaient rapidement et que la visibilité était de plus en plus réduite.

Alors que les pilotes effectuent leur approche, la visibilité devient de plus en plus mauvaise en raison de la pluie et du brouillard. Les Contrôleurs de vol avoueront au cours de l’enquête qu’ils ignoraient qu’il y avait deux appareils ! (panne de transpondeur ?)  Ils ont envoyé au « localiseur » un vecteur d’approche qui nécessitait un virage à 70 degrés. L’Instrument Landing System (ILS) ou Système d’atterrissage aux instruments du T-38 n° 901 n’a jamais reçu le signal des balises de la piste d’atterrissage… A 8:55 See et Basset se rendent compte qu’ils sont au-delà de la piste. Stafford contacte See et lui dit « Eh ! On a manqué la piste ! »
See décide alors de rester sous les nuages et de piloter à vue, il fait un virage serré pour éviter une poche de brouillard très dense et demande à la tour s’il peut refaire une approche et atterrir sur la piste 24, ce faisant il croise l’axe de la piste 12R. « P….. de Dieu » s’exclame alors Stafford « Qu’est-ce qu’il fout ? »
Stafford perd ensuite le contact visuel avec le T-38 de See et Bassett, et décide de remonter pour retenter un atterrissage aux instruments !
A ce moment, les contrôleurs de vol surpris d’avoir deux avions engagés dans deux procédures différentes ne savent pas très bien qui fait quoi.
Apparemment See a fini par apercevoir les balises lumineuses de la piste 24, mais de manière un peu trop soudaine, car il exécute un virage très serré, train d’atterrissage et aérofreins déployés, ce qui provoque une descente trop rapide, l’avion est à 30 mètres du sol… See a vu l’obstacle puisqu’il a poussé les réacteurs au maximum et a effectué un brusque virage vers la droite, mais il est trop tard… A 8:58 l’extrémité gauche de l’aile touche le toit métallique du Buiding 101 de McDonnell dans lequel se trouvent les bureaux administratifs et les ateliers du Gemini Space Operations.
Dans ce building il y a également la capsule n° 9… Leur vaisseau spatial !
L’avion est déséquilibré et l’aile droite ouvre alors le toit à la manière d’un ouvre boite, se détache du fuselage et le réservoir de carburant qu’elle renferme explose. Le fuselage continue sa course sur le toit en rebondissant, écrasant les structures du bâtiment… Sous le choc certains systèmes pyrotechniques des sièges éjectables se sont déclenchés, mais pas les « rocat » endommagés par le choc. Lorsque l’avion heurte le mur du bord de l’édifice, les pilotes et leurs sièges sont éjectés vers l’avant, Bassett heurte une poutre en acier et est décapité.
Finalement après plusieurs rebonds sur le toit, l’avion tombe à plat au bas du building, sur un site en construction, à une trentaine de mètres du parking de l’usine.
Les deux corps seront retrouvés dans leurs sièges éjectables un peu plus loin !
Il n’y aura que des blessés parmi les employés de l’usine.

Elliot See avait 39 ans, Charlie Bassett 35 ans !