Le Capitaine REFSMMAT

Captain REFSMMAT est le nom de la mascotte virtuelle des contrôleurs de vols, et plus particulièrement du groupe dynamique de vol (flight dynamics), ceux-là mêmes qui se trouvent en première ligne (au sens figuré comme au sens propre, puisque leurs consoles son situées dans la première rangée de la salle de contrôle des missions) ; dans « la Tranchée » (the Trench). Leur fonction est essentielle ; déterminer la position et la  trajectoire du vaisseau spatial.

C’est le FIDO (Flight Dynamics Officer), Edward L. Pavelka qui a eu l’idée de représenter ce personnage, après avoir assisté à une conversation entre Eugene Kranz, John Llewellyn (Retrofire Officer – Personne chargée des changements d’orbites et du retour sur Terre) et une jeune recrue de la branche dynamique de vol (Flight Dynamics Branch).

Ce jour-là devant la machine à café la nouvelle recrue demande pourquoi quelqu’un a mis un mot « IOU » (I Owe You – je vous dois – une reconnaissance de dette) dans le pot commun en lieu et place de la somme habituelle. Llewellyn lui répond le plus sérieusement du monde : « C’est le Capitaine REFSMMAT, le contrôleur de vol idéal. C’est le meilleur élément que nous n’ayons jamais eu dans la tranchée. »

Ed Pavelka a dessiné ce personnage à l’allure militaire avec notamment, un couvre-chef qui renferme un radar, des verres de lunettes munies d’une mire pour mesurer l’altitude de désorbitation optimale, plusieurs REFSMMAT inscrits sur sa ceinture… C’est ainsi qu’il représente au format poster, le contrôleur de vol idéal, qu’il accroche sur une armoire dans le hall du bâtiment 30. Le « capitaine REFSMMAT » restera la mascotte des contrôleurs de vol pendant les programmes Apollo et Skylab, et chacun y ajoutera son petit graffiti.

REFSMMAT est le long acronyme de « Reference to Stable Member Matrix ».

Pour faire très simple, il s’agit des coordonnées qui permettent « d’aligner » les gyroscopes, par rapport à des points de repère fixes comme les étoiles, l’écliptique lunaire. Les chiffres (angles par rapport à des étoiles dont les coordonnées sont connues par le programme de l’ordinateur) sont entrés dans l’ordinateur de bord qui « réaligne » les gyroscopes (Inertial Measurement Unit). Ces coordonnées sont bien évidemment vitales pour orienter et guider très précisément un vaisseau spatial comme Apollo qui doit se mettre en orbite autour de la Lune, laquelle se déplace à une vitesse orbitale moyenne de 3 680 km/h. Au cours d’un vol il y a plusieurs REFSMMAT, jusqu’à huit pour les dernières missions Apollo. Il en a fallu 3 pour Apollo 8.

Le REFSMMAT est au voyageur de l’espace ce que la boussole est à l’explorateur terrestre. Sans moyen de déterminer l’un des points cardinaux afin d’orienter un plan ou une carte il est impossible de retrouver son chemin. Le REFSMMAT permet de ne pas perdre le nord ! C’est la référence absolue, sur laquelle repose la navigation du vaisseau spatial.  Sa mise à jour, en fonction des manœuvres prévues, permet d’éviter le blocage de cardan (gimbal lock) comme celui qui a failli se produire sur le CSM d’Apollo 11 alors que Collins essayait de localiser le LM sur la Lune.

Il existe six posters différents du capitaine REFSMMAT avec les commentaires des contrôleurs de vol. Sur le poster ci-dessus figure également son ennemi juré, Victor Vector qu’il doit tenir en laisse !

Curieusement sur cette version du poster, l’acronyme n’ a plus qu’un seul M : Reference to Stable Matrix !