Orange ô désespoir

Outre les problèmes gastriques de John Young liés à l’ingestion de jus d’orange enrichi en potassium, les astronautes d’Apollo 16  ont rencontré d’autres déboires avec cette mixture, notamment lors des sorties sur la surface de la Lune.

Lors des opérations en orbite lunaire, après la séparation du module lunaire d’avec le module de commande, Charles Duke, s’est retrouvé avec plus de 15 cl de jus d’orange dans son casque, en raison d’un dysfonctionnement de l’embout servant à distribuer la boisson.

Tirer l’embout, fixé au casque, vers la droite, permettait d’ouvrir un opercule et aspirer la boisson par un petit tuyau relié à une poche en plastique. Le contact intermittent entre le micro gauche et l’embout provoqua des fuites. L’absence de gravité aggrava encore le phénomène.

L’atterrissage sur la lune ayant été différé de quelque six heures, en raison d’un problème technique affectant le module de commande, le volume de jus d’orange accumulé sur sa visière finit, au bout de quelques temps, par grandement handicaper Charlie Duke, sa vision est gênée, il en a dans le nez, sur les cheveux…

Il essai d’aspirer une partie du liquide mais sans succès. Cela devient insupportable. Il est même obligé de souffler sur son micro gauche pour qu’il fonctionne. De peur que le liquide finisse par s’insinuer dans le système de ventilation et d’oxygénation. Duke est obligé d’enlever son casque pour le nettoyer et le sécher avant d’y appliquer une solution antibuée.

Il en profite pour faire une petite toilette, sa figure et ses cheveux étant maculés par le jus d’orange devenu très collant du fait de l’évaporation. Il n’oublie pas, bien évidemment, de boucher l’embout récalcitrant avant de remettre son casque.

Peu après l’atterrissage sur la Lune, Charlie Duke fera, à 106:48:05, la remarque suivante à Tony England, le capcom : « Je ne donnerai pas un kopeck pour ce jus d’orange comme fortifiant pour les cheveux, ça les plaque complètement  ! »

Lors du débriefing technique, les astronautes ont longuement évoqués les problèmes rencontrés avec le système d’hydratation et le jus d’orange.

John Young fit la remarque suivante : « On aurait dit que Charlie s’est fait un shampoing au jus d’orange ».