Apollo, le circuit intégré a permis de décrocher la Lune

La réussite du programme Apollo n’a été possible que grâce à la technologie du circuit intégré qui a permis de réduire l’encombrement et la consommation des ordinateurs.

Le circuit intégré ou puce électronique a été inventé la même année, en 1958, et de manière indépendante par les américains Jack Kilby (1923-2005) ingénieur chez Texas Instruments, prix Nobel de Physique en 2000, et Robert Noyce (1927-1990) qui travaille à la Fairchild Semiconductor Corp., le co-fondateur en 1968 de la société Intel.

1958 qui est également l’année de création de la NASA !

Le missile balistique intercontinental Minuteman, mis en service en 1962, est le tout premier missile au monde doté d’un système de guidage inertiel informatique.

Les premiers ordinateurs ont surtout été utilisés à des fins militaires, pour calculer les trajectoires des missiles. Au début des années 50 un ordinateur pouvait résoudre en 30 secondes ce qu’une équipe « d’ordinateurs humains » mettait 12 heures à calculer.

L’ordinateur de vol utilisé dans les vaisseaux spatiaux du programme Apollo pouvait traiter 85 000 instructions par seconde ; un iPhone X quant à lui peut en gérer 5 billions (5 x 1012 soit 5 mille milliards). Il faudrait 681 jours à cet ordinateur pour faire ce que l’iPhone X effectue en 1 seconde.

Le principal marché du circuit intégré fut d’abord militaire, par exemple chaque missile Minuteman II en renfermait à lui seul 2 000, rien que pour son ordinateur de guidage. En 1965, sept Minuteman étaient fabriqués chaque semaine. L’U.S. Navy en achetait également pour son missile Polaris lancé à partir de sous-marins.

Le programme spatial est le deuxième moteur ayant boosté la production du circuit intégré. Surtout bien évidemment le programme Apollo avec les ordinateurs de bord des modules de commande (CSM) et modules lunaire (LM). [ Apollo Guidance Computer – AGC ].

Apollo Guidance Computer

75 Apollo Guidance Computers furent fabriqués, qui contenaient chacun 5 600 circuits intégrés (AGC 2) fournis par Fairchild.

Au moment où Neil Armstrong pose le pied sur la Lune, la NASA avait acheté plus d’un millions de puces électroniques rien que pour le programme Apollo.

Au milieu des années 60, la NASA achetait à elle seule 60% de la production des micropuces.

Entre le 4 janvier 1962 et le 12 juin 1963, le MIT Instrumentation Laboratory sous la direction de Charles Stark Draper, qui développe l’AGC, a commandé 9 866 circuits intégrés : Texas Instruments : 104 ; Fairchild : 7 500 ; Signetcs : 12 ; General Instruments : 10 ; Motorola : 15 ; Transitron : 2 100 ; Westinghouse : 125.

En 1962, le gouvernement américain (NASA – DoD) achète 100% de la production des circuits intégrés ; en 1963, 85% ; en 1964, 85% ; en 1965, 72%.

Même si la part décroit, le volume total des achats grimpe en flèche, ainsi celui de l’année 1965 est vingt fois supérieur à celui de 1962.

Cette demande massive et prédictible du gouvernement, entraîna une baisse rapide de son coût, car il fallait le fabriquer en série.

Le premier prototype pour l’AGC coûtait 1 000 USD (environ 8 000 dollars en monnaie constante). Au moment de passer à la production, chacun ne coûte plus que 20 USD (170 dollars en monnaie constante).

Le prix moyen du circuit intégré utilisé dans le Minuteman était de 50 USD en 1962 (430 en monnaie constante), en 1963 le prix tombe à 15 USD (128 en monnaie constante). En 1968 il ne coûte plus que 2 USD (17 USD en monnaie constante) et seulement 1,58 USD en 1969 (12 dollars en monnaie constante).

Non seulement les prix ont drastiquement baissé, mais le circuit intégré est devenu de plus en plus performant au fil des années.

Cette radicale baisse des coûts du circuit intégré va démocratiser son utilisation. La machine à calculer en est l’exemple le plus frappant.

L’U.R.S.S. avait plus de sept ans de retard sur les Etats-Unis en ce qui concerne le développement des ordinateurs de troisième génération à base de circuits intégrés indiquait Mikhail Y. Rakovsky le responsable adjoint du Comité d’État pour la planification (le Gosplan – Gosudarstvennyy komitet po planirovaniyu) en mai 1971.

Le premier prototype d’ordinateur soviétique à circuits intégrés date de 1970 (NAIRI 3), alors que pour les Etats-Unis les premiers datent de 1964. Les premiers ordinateurs soviétiques à circuits intégrés ne furent prévus à la production qu’à partir du neuvième plan quinquennal (1971-1975).

Rappelons que le premier microprocesseur est commercialisé par la société Intel en 1971 !

Source : Logé Yves. Les ordinateurs soviétiques. [Histoire obligée de trois décennies]. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest, vol.
18, 1987, n°4. pp. 53-75.

En 1971 l’U.R.S.S. se classait au cinquième rang des utilisateurs d’ordinateurs, après les Etats-Unis, l’Allemagne de l’Ouest, Le Royaume-Uni et le Japon.