Neil Armstrong et la religion

Le 5 août 1969 Madalyn Murray O’Hair et son mari portent plainte contre l’administrateur de la NASA pour prosélytisme religieux, car selon eux, la NASA tolère, voire encourage, des pratiques religieuses lors des missions spatiales… Des pratiques contrevenant notamment au premier amendement de la Constitution des Etats-Unis et à la Clause d’Etablissement.

Le 15 août 1969 les plaignants ajoutent une nouvelle pièce au dossier, la photocopie d’un article paru dans le magazine hebdomadaire allemand « Stern » en date du 20 juillet 1969 (n°29 – Page 17) signé par les journalistes Ulrich Blumenstein et Eberhard Seeliger qui affirment que Neil Armstrong « ne croit pas en Dieu et n’appartient à aucune église », qu’il est un « athéiste convaincu ».

Madalyn O’Hair et son mari mettent en avant cet article, qui viendrait contredire toutes les affirmations de la NASA décrivant Neil Armstrong comme une personne religieuse. La NASA qui présente tous ses astronautes comme ayant des convictions religieuses. Il s’agit de prouver que la NASA manipule l’opinion publique.

C’est ainsi que Neil Armstrong est bien malgré lui mêlé à cette ridicule affaire…

Ma traduction de l’article :

Le premier Homme sur la Lune ne croit pas en Dieu

Lors de la retransmission télévisée depuis la Lune, aucune prière ne sera délivrée jusque dans nos foyers. Car l’Homme qui sera le premier à marcher sur la Lune, le commandant de la mission Apollo 11 ne croit pas en Dieu et n’appartient à aucune Eglise. Neil Armstrong – le prénom se prononce Niehl – se démarque ainsi de la majorité des astronautes qui sont tous sans exception membres d’une Eglise. Edwin Aldrin par exemple, le visiteur lunaire numéro deux, est considéré comme un Presbytérien fanatique et redouté par ses amis pour aimer trouver des interprétations bibliques dans nombre de sujets de conversation. Le troisième homme, Mike Collins, est membre de l’Eglise Épiscopalienne. Frank Borman, commandant de la première mission circumlunaire, Apollo 8, l’un des astronautes les plus connus, fait souvent office de prédicateur. Il fait également partie des trois astronautes, qui ont lu la version de la création, telle qu’énoncée par la Bible, à l’occasion d’une retransmission télévisée aux abords de la Lune, lors du Noël 1968. Le conquérant de la Lune ne suivra pas cet exemple. C’est un athée convaincu qui ne croit qu’en la technologie. L’un de ses collègues, à l’esprit plutôt caustique, a commenté : « Neil ne croit pas en Dieu, car Dieu n’est pas un aéroplane. »

Qu’en est-il réellement ?  

La mère de Neil Armstrong, Viola (7 mai 1907 – 21 mai 1990), était très pieuse, il a baigné dans la religion toute son enfance, mais au fil du temps, ses convictions ont évolué, comme tout un chacun.  

A la fin des années 50, lorsque Neil Armstrong est pilote d’essai à la NASA, au Flight Research Center, il se porte volontaire pour diriger une troupe de boy scouts (il était lui-même Eagle Scout, le « grade » le plus élevé dans l’organisation des Boy Scouts of America), affiliée à une église méthodiste locale. Sur le formulaire de recrutement il doit préciser sa religion ; il écrit « déiste ».

Trois semaines après leur retour sur Terre, et une semaine après leur sortie de quarantaine, les astronautes d’Apollo 11 sont en direct dans l’émission d’informations générales de la chaine CBS « Face the Nation », créée le 7 novembre 1954 (qui existe toujours). Nous sommes le dimanche matin, 17 août 1969 ; trois extraordinaires journalistes sont sur le plateau pour poser des questions aux astronautes pendant une heure ; Walter Cronkite (4 novembre 1916 – 17 juillet 2009) de CBS, David Schoumacher (13 octobre 1934 – ) de CBS, et Howard Benedict (23 avril 1928 – 25 avril 2005) d’Associated Press.

« Face the Nation » dimanche 17 août 1969 – De g.à d. Walter Cronkite, Buzz Aldrin, Neil Armstrong, Michael Collins, David Schoumacher, et Howard Benedict. Crédit : Columbia Broadcasting System.

Au cours de l’interview, Walter Cronkite ne manque pas d’évoquer les récentes déclarations de Madalyn Murray O’Hair concernant l’athéisme de Neil Armstrong ; avec une rare élégance il lui demande : « Je ne sais pas vraiment quel est le rapport avec votre virtuosité en tant que pilote d’essai ou astronaute, mais puisque nous avons abordé le sujet, voudriez-vous commenter ces allégations ?

– « Je ne sais pas d’où Mme O’Hair tient ses sources, mais de toute évidence elle n’a pas daigné s’adresser à moi, pas plus qu’à l’agence, car je ne suis certainement pas un athée. »

Rappelons que le déiste croit en l’existence d’une divinité mais hors de toute religion.

Cela dit, de toutes les rumeurs farfelues qui ont couru sur Neil Armstrong, et le fait qu’il soit athée ou non n’a en définitive que peu ou prou d’intérêt, la plus saugrenue est celle de sa soi-disant conversion à l’Islam. A tel point que le département d’Etat a dû démentir cette fausse information auprès de toutes ses ambassades dans les pays d’obédience musulmane, pour faire cesser les sollicitations officielles dont il était l’objet.