Valentin Bondarenko

Le 23 mars 1961, vingt jours avant le vol de Youri Gagarine, un cosmonaute meurt dans d’atroces souffrances…

Valentin Bondarenko est depuis 10 jours, isolé dans une chambre d’altitude à l’atmosphère riche en oxygène (50 %) à une pression réduite pour simuler les conditions à l’intérieur d’un vaisseau spatial, l’expérience doit durer 15 jours. Régulièrement il doit apposer sur son corps des capteurs afin que les médecins enregistrent ses paramètres physiques et pour améliorer le contact il faut utiliser une sorte de crème. Lorsqu’il est prêt, il doit appuyer sur un bouton qui déclenche une lumière verte. S’il a froid il peut allumer un chauffage, une sorte de tuyau en spirale complètement apparent… Ce jour là Bondarenko a des frissons, il allume le chauffage…

Lorsque les données sont enregistrées, il enlève les capteurs et essuie le résidu de crème sur sa peau avec un morceau de coton imbibé d’alcool. Sans y prendre garde, il jette le morceau de coton directement sur le chauffage, d’autres sources évoquent une plaque chauffante, qu’il venait d’utiliser pour se faire un thé.

Dans la pièce remplie d’oxygène, le coton s‘enflamme instantanément.

En essayant de l’éteindre, le malheureux met le feu à son survêtement en laine et se transforme en torche humaine.

70 % de son corps est brûlé au troisième degré. Les deux sas de la chambre sont scellés comme ceux d’un sous-marin, et il faut beaucoup trop de temps pour les ouvrir.

Chambre d’altitude au Centre d’Etudes Biomédicales de Moscou (anciennement IAKM, pour Institut de l’Aviation et de la Médecine Spatiale)

C’est Youri Gagarine qui eût la pénible tâche d’accompagner son collègue agonisant à l’hôpital, il est toujours conscient et ne cesse de répéter : « C’est ma faute, et celle de personne d’autre ».

Les médecins de l’hôpital pourtant habitués sont saisis d’effroi, son corps n’a plus de peau, il n’a plus de cheveux, ses yeux sont brûlés, les orbites sont vides.

Bondarenko toujours conscient supplie : « J’ai trop mal, faites quelque chose pour atténuer la douleur ».

Il décède huit heures plus tard, à 15:00 (heure de Moscou) après avoir souffert le martyre.

Valentin Bondarenko avait 24 ans, il était le plus jeune des cosmonautes du groupe 1. Il laisse sa femme et un fils de cinq ans

Contrairement aux américains, les soviétiques n’utiliseront pas d’atmosphère 100% oxygène dans leurs vaisseaux spatiaux !

Sa femme Anya, son fils Alexandre (Sasha), et Valentin Bondarenko en 1956

La commission d’enquête révélera de graves négligences dans l’organisation, et la conduite de cette expérience. Son identité sera escamotée des documents officiels.

Cette tragédie ne sera révélée qu’en 1986 par le journal Izvestiya !

Les éléments ci-dessus sont extraits du témoignage de Pavel Popovitch, cosmonaute du premier groupe, TsPK-1