Wernher von Braun, un tramway nommé désir

Lorsqu’en 1949, le gouvernement américain, décide de transférer l’équipe de Wernher von Braun, qui se trouve alors à Fort Bliss au Texas, près de la ville d’El Paso, à l’Arsenal  Redstone à Huntsville en Alabama, afin que la Rocket Team puisse se consacrer au développement de nouveaux missiles au sein de l’armée, le Département d’Etat (Ministère des Affaires Etrangères) doit faire face à un problème.

En effet, les allemands ont été emmenés aux Etats-Unis dans le cadre de l’opération militaire Paperclip et sont officiellement considérés comme des prisonniers de guerre, au regard des lois de l’immigration, ils n’ont pas d’existence légale.

Le problème est rapidement résolu le 2 novembre 1949, en emmenant le groupe à Juarez au Mexique, une ville qui fait face à El Paso (les deux villes ne sont séparées que par le Rio Grande) pour faire entrer tout ce petit monde légalement aux Etats-Unis.

Le but étant qu’au bout de cinq ans, les spécialistes allemands puissent acquérir la nationalité américaine. Il est en effet impératif de résider aux États-Unis de manière permanente pour une durée minimale de cinq ans, avant de pouvoir prétendre à la citoyenneté américaine.

Sur le formulaire de demande de naturalisation qu’ils eurent à remplir, ils durent répondre à la question « Comment êtes-vous entré aux Etats-Unis ? » ils répondirent : « Ligne de tramway de Juarez. »

Comme le fera remarquer Wernher von Braun : « C’était notre tramway nommé désir ! » (A Streetcar Named Desire)

Avec l’adoption de la troisième Convention de Genève le 12 août 1949 relative au traitement des prisonniers de guerre, et notamment la modification de certains textes concernant le statut de ceux s’étant volontairement constitués prisonniers, ainsi que la quatrième Convention de Genève concernant la protection des personnes civiles en temps de guerre, le statut juridique des membres de l’équipe de von Braun devait être rapidement normalisée.

Sans compter, que les américains ne voulaient bien évidemment pas se priver des compétences de cette « équipe » unique dans les annales de l’Histoire…