John F. Kennedy farouchement opposé au vol spatial

Le « Locke-Ober » est l’un des plus anciens et plus célèbres restaurants de Boston, réputé pour ses fruits de mer, notamment ses huîtres et ses clams, dans lequel le gouverneur du Massachusetts, John Kennedy et son frère Robert  avaient leurs habitudes.

Ils restaient souvent jusqu’à la fermeture de l’établissement et avaient sympathisé avec le maître des lieux, que tout le monde appelait Freddy. Ce dernier, passionné par les fusées et l’espace, leur présente un soir un autre client régulier, Charles Stark Draperdu MIT, espérant que ce dernier arrive à les convaincre du bien-fondé et de l’utilité du programme spatial…  

Peine perdue, lors des discussions qu’ils eurent ensemble, les deux frères Kennedy ont régulièrement rejeté tous ses arguments.

Draper affirma plus tard que personne n’aurait pu convaincre John Kennedy, alors sénateur,  que les fusées et encore moins les vols spatiaux n’étaient pas un monstrueux gaspillage d’argent. Kennedy étant le gouverneur d’un état où les firmes aérospatiales brillent par leur absence, il ne pouvait en être autrement !

Hugh Sidey, le correspondant à la Maison-Blanche du magazine Time, un expert avisé en matière de présidents des Etats-Unis, fit remarquer que de tous les problèmes auquel John Kennedy dût faire face à son arrivée à la Maison Blanche, celui qu’il maîtrisait le moins était le spatial. Il n’avait aucune connaissance ni expérience en la matière.

Il est amusant de constater, que c’est justement John F. Kennedy, le plus réfractaire à un programme spatial d’envergure, qui a lancé la course à la Lune, et comment les circonstances peuvent très rapidement faire évoluer les perspectives et les priorités !

* Charles Stark Draper est un physicien qui a créé le célébrissime « Instrumentation Laboratory » du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Il est considéré comme le « père » de la navigation inertielle aux Etats-Unis (sachant que la fusée A4/V2 utilisait déjà un système de guidage inertiel) et c’est sous sa direction que fut conçu l’AGC (Apollo Guidance Computer), crucial pour la réussite du programme Apollo.