Le polype du larynx de Walter Schirra

« Faites Ahhhhhhhhhhhhh »… « Dites Eeeeeeeee »… L’otorhinolaryngologiste de la Clinique Lovelace qui examine Walter Schirra dans le cadre de la sélection du premier groupe d’astronautes de la NASA, sort de la pièce.

Il revient quelques instants plus tard avec un confrère, qui réexamine sa gorge en faisant des « Hmmmmm »…  

Walter Schirra commence à avoir des sueurs froides, et lorsque le médecin utilise le mot tumeur, il sue à grosses gouttes.

On lui annonce finalement qu’il a un petit polype, une tumeur bénigne dans le larynx, au niveau des « cordes vocales », rien de grave, qui peut être excisé ici même, après avoir observé quatre jours de silence absolu.

Le fait qu’ils veuillent s’en occuper ici est plutôt de bons augures se dit Schirra… Garder le silence aussi longtemps n’était pas possible dans l’immédiat car Schirra doit se rendre à Dayton dans l’Ohio pour subir des tests psychologiques, au cours desquels il devra certainement s’exprimer, et ce, plus que de coutume !

A son retour, on lui fait subir une cure de silence d’une semaine, interrompue une fois par un officiel de la NASA appelant de Langley, pour s’enquérir de son état. Deuxième indice qui conforte son sentiment : on s’intéresse vraiment à lui.  Hormis ce coup de fil, il communique uniquement par écrit. 

Finalement l’intervention chirurgicale se fit à l’hôpital de l’US Navy à Bethesda, et le traitement qui dure normalement quelques semaines fut réduit à quelques jours. La dernière preuve qu’il lui fallait pour le convaincre qu’il fera partie des élus.

Le chirurgien qui a opéré Walter Schirra, qui avait le grade de commandant, n’était pas très enthousiasmé par toute cette précipitation, c’est le moins que l’on puisse dire, et le fit savoir. Il fut convoqué par sa hiérarchie et prié d’exécuter les ordres. Juste après l’intervention il toisa plusieurs fois Walter Schirra, alors capitaine, en fronçant les sourcils et d‘un ton bourru lui lança : « Avec tout le tapage qu’ils font autour de vous, ils doivent vouloir vous envoyer sur la Lune ou un truc comme ça !»

Ce n’est que quelques années plus tard, que le médecin a pu se rendre compte, à quel point il avait vu juste !