Frank Bryan fait un faux pas

Ce jour là, sur le pas de tir, l’ingénieur frais émoulu Frank Bryan observe les vapeurs d’oxygène liquide tourbillonnant, et formant des sortes de petites bulles au niveau de la base de la fusée Redstone.

Quelqu’un lui avait dit, qu’on pouvait les écraser avec le pied pour les faire éclater. 

Frank Bryan s’amusait donc à faire éclater ces petites bulles de LOX, lorsqu’ Albert Zeiler (1913-1975), le Directeur adjoint des infrastructures et chef du bureau Mécanique, Structure et Propulsion, arrive et lui crie : « Espèce de gamin stupide, tu vas te faire exploser le pied ! »

En effet, les surfaces en asphalte ou en bois, quand ils sont saturés d’oxygène liquide peuvent exploser sous un impact aussi faible que celui d’un pas !

Alan Shepard monte sur scène

Après un spectacle donné à Cocoa Beach, au cours duquel il joue son sketch de l’astronaute couard, en incarnant son personnage fétiche de José Jimenez (prononcer hossèï himèness, avec le h aspiré), qui a propulsé sa carrière telle une fusée, c’est un Bill Dana hystérique qui appelle son producteur Mickey Kapp à New-York :

« Mickey tu aurais dû être là ! Tu ne me croiras jamais ! Je venais de commencer mon sketch, lorsque ce gars est monté sur scène et a pris la place de l’interviewer. Il connaissait toutes les paroles, Mickey ! C’était la folie dans la salle ! C’était Al Shepard ! Deke Slayton et Wally Schirra étaient là également ! Ils connaissent le sketch par cœur ! »

Le sketch, irrésistible de drôlerie. (en anglais)

Bill Dana deviendra le huitième astronaute du groupe 1 ! https://www.anecdotes-spatiales.com/bill-dana-jose-jimenez-lastronaute/

 

Antonio Zarco, les stages de survie

Pour des motifs techniques liés en partie à leur situation géographique, les américains ont choisi l’amerrissage pour le retour sur Terre de leurs vaisseaux spatiaux, tout en envisageant bien évidemment la possibilité d’un retour inopiné sur la terre ferme, ce, dans les contrées les plus inhospitalières.

Ainsi l’entrainement des astronautes comprenait des stages de survie dans les divers environnements « hostiles » que l’on trouve sur notre planète, notamment les déserts qui représentent 30% des terres émergées, ou les forêts tropicales, environ 12% des terres émergées dans les années soixante.

L’US Air Force disposant d’une école de survie dans la jungle (Tropic Survival School), dirigée par Morgan Smith, qui faisait partie de la base aérienne Albrook* dans la zone du Canal de Panama.

C’est donc tout naturellement là-bas que les astronautes sont envoyés. Une session type dure 5 jours, une journée et demi pour les cours théoriques, trois jours en immersion dans la forêt, et une demi-journée consacrée au débriefing.

Lorsque les astronautes sont largués en pleine forêt en binômes (programme Gemini) ou en trinômes (programme Apollo), ils n’ont bien sûr aucun moyen de communication.

Sécurité oblige, chaque groupe est discrètement surveillé par deux moniteurs munis d’une radio pour donner l’alerte en cas de problème, et par des indiens Chocó (Emberá) dont le chef Antonio « Tony » Zarco l’un des consultants, était considéré par l’armée américaine comme le plus grand spécialiste au monde de la survie en milieu tropical.

Le Département de la Défense lui remettra sa Distinguished Public Service Medal, la plus haute distinction qu’un civil puisse recevoir du DoD, et la NASA son Silver Snoopy qui récompense toute personne ayant fait une contribution majeure dans le domaine de la sécurité.

En juin 1964 Antonio Zarco est invité par le gouvernement américain, il visitera notamment les centres spatiaux de la NASA ainsi que la capitale fédérale.

Antonio Zarco aux Etats-Unis

Les indiens Chocó pensent que les âmes des morts vont sur la Lune… Il est extrêmement émouvant de penser qu’ils ont connu les 12 Hommes ayant foulé leur astre sacré, et qui sont revenus sur Terre !

L’âme d’Antonio Zarco s’en est allée sur la Lune en 2010.

* La base Albrook a été fermée en 1997 en vertu des deux traités Torrijos–Carter signés en 1977 par le Président Jimmy Carter et le Général Omar Torrijos, qui donne au Panama la jouissance du canal à compter de 1999 alors qu’il était depuis 1903 sous contrôle américain.