Alors que les astronautes de la mission Skylab II sont sur le porte-avion Ticonderoga, le téléphone sonne, le Dr Chuck Ross, médecin responsable de l’équipage répond.
Un officier du Pont est à l’autre bout du fil : « Dr Ross, c’est pour vous, c’est la maison blanche »
« Les astronautes prennent une douche »
« Le président veut vous parler personnellement »
« Moi ? » Le Dr Ross est à la NASA depuis assez longtemps pour savoir que les jours qui suivent la fin d’une mission, les blagues et autres plaisanteries sont monnaie courante.
Incrédule il dit :« Oui, c’est Chuck Ross »
« Dr Ross, ici le président Nixon » Il y avait pas mal de bons imitateurs, mais là en l’occurrence ce n‘était pas le cas, il s’agissait réellement du Président.
« Oui Mr le président »
« Je sais que les astronautes sont en quarantaine, je voulais juste savoir comment ils vont »
« Très bien, ils se portent à merveille » Chuck Ross s’interroge encore sur la finalité de cet appel et pourquoi le président veut lui parler en particulier.
« Si je vous demande cela, c’est parce que je vais avoir un invité ce week-end qui aimerait beaucoup les rencontrer »
Le Dr Ross ne sait que trop bien de quel invité il s’agit… (Leonid Brejnev, le secrétaire général du parti communiste de l’Union Soviétique est en visite aux Etats-Unis). Normalement les astronautes auraient dû rester en « programme de réadaptation » pendant trois semaines… (ils sont restés 28 jours en impesanteur)
« Bien sûr Monsieur le président, comme il vous plaira. »
Le 30 juin, voilà donc Pete Conrad, Paul Weitz et Joe Kerwin à la « Maison Blanche Occidentale » devant les deux hommes les plus puissants du monde (« Western White House » est le nom générique donné par les médias américains aux résidences privées des Présidents américains. Nixon avait une somptueuse propriété en bord de la mer à San Clemente, Californie : La Casa Pacifica ). Contre toute attente le dirigeant « ennemi » se montre très chaleureux et très admiratif. Leonid Brejnev semble apprécier tout particulièrement Pete Conrad, il lui dit alors par interprète interposé : « Je souhaiterai vous inviter à dîner, vous et votre équipage à Moscou, au Kremlin… C’est vous qui choisissez la date ! »
Ce à quoi Pete Conrad répond : « J’irais n’importe où pour un repas gratuit, monsieur, mais je dois en parler à ma femme, je ne prévois jamais rien sans en discuter d’abord avec elle ! »
Il faudrait trouver une photo de l’événement pour voir la mine de Leonid Brejnev lorsque l’interprète lui a traduit les paroles de Pete Conrad… Sans parler de Richard Nixon !
de g à d : Paul Weitz, Leonid Brejnev, l’interprète, Pete Conrad, Joseph Kerwin, Richard Nixon