Harrison Storms, une responsabilité de vie et de mort

Harrison Storms (15 juillet 1915 – 11 juillet 1992), le directeur de la division « espace » de la société North American, sise à Downey dans la banlieue de Los Angeles, qui était en charge notamment de la construction du module de commande et de service Apollo, répétait souvent à ses collaborateurs :

Downey peut sembler être très éloigné des lancements du Cap, mais c’est ici que nous avons une responsabilité de vie et de mort. N’oubliez jamais cela !

Harrison Storms et Wernher von Braun

Je pensais que vous saviez. J’étais à bord de tous les vols

« Je pensais que vous saviez. J’étais à bord de tous les vols »

Ce formidable dessin de Paul Conrad (27 juin 1924 – 4 septembre 2010) qui a obtenu trois prix Pulitzer pour ses dessins de presse, a été publié dans le Los Angeles Times du mardi 31 janvier 1967, page 24, quatre jours après la tragédie d’Apollo 1, qui a coûté la vie à Virgil Grissom, Roger Chaffee et Edward White.

Les trois astronautes ont péri asphyxiés, lorsqu’un incendie s’est déclaré dans leur vaisseau spatial, alors qu’ils effectuaient une répétition des procédures de lancement en conditions réelles.

La légende : « Je pensais que vous saviez. J’étais à bord de tous les vols » est prononcée par « La Grande Faucheuse » en combinaison de vol, qui tient dans son bras droit une capsule Gemini et dans l’autre une capsule Mercury.

Pour mémoire, le programme Mercury compte six vols habités, entre mai 1961 et mai 1963 (6 astronautes), pour une durée cumulée des missions de 2 jours, 5 heures, 55 minutes et 31 secondes.

Le programme Gemini quant à lui comprend 10 missions habitées, entre mars 1965 et novembre 1966 (16 astronautes, dont 4 ont effectué deux vols : John Young, Charles Conrad, Thomas Stafford, James Lovell), pour une durée cumulée des missions de 39 jours, 9 heures, 33 minutes et 55 secondes.

Aucune perte humaine ne fut à déplorer, que ce soit à l’entrainement ou en mission.

Paul Conrad a offert l’original de son dessin à Paul Haney (20 juillet 1928 – 28 mai 2009), le directeur des relations publiques de la NASA à Houston. (Voice of Mission Control)

Avec ce dessin, on peut se faire une idée précise de ce que l’adage « une image vaut mille mots » veut dire.

Los Angeles Times. Mardi 31 janvier 1967. Page 24.

Cecile Grissom pose la main sur le vaisseau spatial de son fils

Quelques semaines avant l’incendie d’Apollo 1, survenu le 27 janvier 1967, les parents de l’astronaute Virgil « Gus » Grissom, Dennis (1903-1994) et Cecile (1901-1995) font le voyage depuis l’Indiana pour voir leur fils.

Ce dernier demande à Charles « Chuck » Friedlander (1928 – ), chef du Astronaut Support Office au Cap Canaveral (une antenne du bureau des astronautes pour les seconder, les assister lorsqu’ils sont au Cap ) de leur faire la visite des installations de lancement.

Cecile Grissom étant toujours très inquiète pour son fils, comme toutes les mamans, il avait demandé à Chuck Friedlander de la rassurer en lui parlant de toutes les mesures de sécurité.

Friedlander emmène les parents de Grissom au complexe de lancement 34, là, ils prennent l’ascenseur jusqu’au niveau huit, pour voir de près le module de commande. Cécile Grissom se retourne vers lui et demande : « Puis-je le toucher pour lui porter chance ? »

– Bien sûr.

Cecile Grissom tend le bras et pose la main sur le module de commande.

Charles Friedlander se demande souvent combien de fois Cecile Grissom a bien pu repenser à ce moment !

Virgil Grissom embrasse sa mère après son vol Gemini 3 (mars 1965). Crédit Photo : Ralph Morse/ LIFE
Les parents de Virgil Grissom après le premier vol de leur fils (juillet 1961). Lorsqu’un journaliste demande alors à Cecile Grissom si elle aimerait que son fils fasse la première mission sur la Lune, elle répond : « non ». https://outlet.historicimages.com/products/dfpa96205