Une drôle d’odeur

Un matin, Guenter Wendt arrive à l’usine McDonnell de St Louis où sont fabriquées les capsules Mercury.

D’habitude le hangar est propre et bien rangé, mais ce matin là, il y flotte comme une odeur de purin.

« C’est quoi cette odeur ? On se croirait dans une porcherie ».

Un technicien l’emmène alors un peu plus loin, et lui montre un enclos dans lequel se trouvent une douzaine de cochons.

Bien que la capsule soit supposé amerrir, il fallait prévoir l’éventualité d’un atterrissage.
Il était donc impératif de concevoir un siège, qui puisse absorber suffisamment d’énergie, pour ne pas blesser l’astronaute.

Il se trouve que la structure des organes internes du cochon et le ratio poids masse de son squelette, sont pratiquement les mêmes que celui de l’Homme.

On fabriqua donc des sièges spécialement conçus pour ces braves animaux et on les soumit à toutes sortes de tests. L’un d’eux consistant à les « laisser choir » d’une hauteur de quelques mètres, afin d’évaluer les qualités absorbantes des différentes configurations en nid d’abeille proposées par les ingénieurs.

Un centre de jeunes, des environs, apprécia les livraisons régulières de jambons et autres viandes de porc !

Un gros chèque en bois

Le 11 novembre 1966, avec Gemini 12, James Lovell et Buzz Aldrin, clôturent le fabuleux programme Gemini.

Lorsqu’ils descendent du van pour prendre l’ascenseur qui les emmènera vers le vaisseau spatial, chacun porte un écriteau dans le dos, et les deux forment THE END.

Gemini XII
Pour la plupart des employés de chez Mc Donnell, c’est la fin également… C’est North American Aviation qui a remporté le contrat du CSM. (Module de Commande et de Service Apollo).

Ce jour-là, dans la White Room, Jim Lovell remet à Guenter Wendt un chèque géant (100 cm sur 45 cm) de 1 million de Deutsche Marks, en lui disant : « la persévérance paie ». Le chèque est émis par « THE LOVELL AND ALDRIN BANK OF PAD 19, CAPE KENNEDY, FLORIDA » payable à Guenter Wendt,  en guise de prime de licenciement.

Au cours de la fête organisée après le vol (post flight dinner party – il s’agit d’une coutume datant du premier vol de Shepard, où seuls les astronautes, les employés, les familles, se réunissent autour d’une bonne table… c’est l’occasion pour les astronautes de donner des détails sur leur vol… détails que nous ne connaîtrons jamais !)

Alors que Lovell et Aldrin sont debout, racontant leur vol, deux policiers font irruption dans la salle, s’avancent et demandent :

«Messieurs, êtes-vous James Lovell et Edwin Aldrin ?»
Immédiatement le silence se fait dans la salle.
Lovell et Aldrin se regardent, ne comprennent pas ce qui se passe
« Euh…oui monsieur…c’est nous »
Les deux policiers sortent alors leurs menottes, et l’un d’eux annonce, d’une voix suffisamment forte pour que chacun entende bien : « Nous avons un mandat d’arrêt contre vous ! »
Lovell et Aldrin sont abasourdis. « Qu’est-ce qu’on nous reproche ? »
Il y a un homme au fond de la salle qui a porté plainte, car vous lui avez remis un chèque sans provision !
Les deux astronautes scrutent les personnes au fond de la salle… lorsque Guenter Wendt se lève et leur crie : « Je vous ai eu ! (Gotcha !)

Guenter Wendt avait contacté deux amis à lui, de la police de Cocoa Beach pour cette  petite blague !

Une voiture ensablée

Ce soir-là, l’équipage d’Apollo 17 donne la coutumière petite fête d’avant vol, réservée uniquement au personnel habilité à entrer en contact avec les astronautes, pendant leur période de quarantaine.

La fête se déroule dans la désormais célèbre maison de la plage (Beach House), qui fut d’abord louée à l’année par le magazine Life pour les astronautes, puis rachetée et rénovée par la NASA. Une maison qui a une vue magnifique sur l’océan.

Après avoir bien mangé, bien bu et bien rigolé, il est temps pour les astronautes de s’absenter, pour assister à une conférence de presse au O&C building, qui doit se tenir à 20 heures.

Eugene Cernan prend sa Chevrolet décapotable et démarre… Mais la voiture ne bouge pas, les roues patinent sur le sable… Tout le monde sort pour voir ça, et en profiter pour se moquer un peu, chacun y va de son bon conseil : « avance un peu, recule »…

« Qu’est ce qui se passe, vous pouvez m’envoyer sur la Lune, mais vous n’êtes pas capable de m’aider à sortir cette voiture de ce foutu sable ! » hurle Cernan, qui, voyant les minutes s’égrener, devient de plus en plus irritable; la conférence de presse doit commencer dans quelques instants !

Finalement Guenter Wendt lui lance : « Pourquoi tu n’enlèves pas le parpaing qu’il y a sous ta voiture ! »

Pendant la réception, le génial Guenter Wendt s’était subrepticement glissé au-dehors, et avec l’aide d’un cric et quelques complices, avait disposé des parpaings sous la voiture afin que les pneus effleurent tout juste le sol !  Gotcha !