Fiabilité de la fusée Saturn V

Une blague qui a fait le tour de tous les centres de la NASA racontait que des responsables du quartier général qui s’étaient rendus au centre spatial Marshall ont demandé à son directeur, Wernher von Braun, à combien il estimait la fiabilité de la Saturn V.

 
Wernher von Braun se retourne alors vers quatre de ses « lieutenants » et leur demande :
« Y a-t-il une raison pour laquelle elle ne fonctionnerait pas ? »
chacun répond : « Nein », « Nein », « Nein », « Nein »
 
Wernher von Braun dit alors aux personnes du quartier général : « Messieurs, j’ai une fiabilité de 0,9999. » (en anglais nine nine nine nine, four nine ! ) soit 99,99%

Des caméras sur la Saturn V

Dès le début du programme spatial, des appareils photos et cameras furent placés à bord des engins spatiaux, afin de permettre aux ingénieurs cloués au sol, de voir « de visu » comment se comportent les systèmes qu’ils ont conçus.

Ces connaissances furent cruciales, et permirent d’optimiser les vols d’essais de la fusée Saturn V lors des missions Apollo 4 en novembre 1967 et Apollo 6 en avril 1968.

Des essais préliminaires eurent lieu pour la première fois en janvier 1964 lors d’un vol d’essai de la Saturn I.

Les plongeurs récupérèrent sept des huit « boites » contenant les caméras, bien que ces dernières fussent endommagées lors de l’impact avec l’océan, les images enregistrées s’avérèrent extrêmement utiles, et l’on s’en servit comme un outil d’analyse du vol, à part entière.

Les « boites » contenant les caméras comprennent trois compartiments, le premier contient une lentille en quartz, le deuxième la camera et son boitier de contrôle, le troisième renferme les éléments permettant la récupération de la capsule, en l’occurrence,  des dérives permettant la stabilisation de l’ensemble, un ballon gonflable en forme de parachute pour ralentir le tout et assurer une meilleure flottabilité, une balise radio, une balise visuelle, un colorant pour signaler l’endroit de l’amerrissage, ainsi que…du répulsif pour requin !

Le répulsif est libéré en même temps que le colorant, au moment de l’impact. Ce répulsif a été ajouté au système de récupération car on avait retrouvé sur une « capsule » échouée sur la plage, des traces « suspectes », vraisemblablement faites par un requin qui avait essayé de l’avaler.

John McBrearty, un ingénieur système de la NASA, faisait partie de l’équipe responsable de l’installation des « cameras S-II » sur les vols Apollo 4 et 6, avec Lloyd Stephens de North American. Ils avaient mis au point les procédures, forts de l’expérience accumulée grâce aux essais effectués sur des vols d’essais de la Saturn I.

Il raconte : 

« Les cameras étaient alimentées par des batteries Ni-Cad, deux mois avant le vol d’Apollo 4, des tests indiquèrent qu’une batterie perdait de la puissance, puis quelques temps avant le lancement une deuxième connu le même problème… Les deux batteries furent démontées et testées au laboratoire d’analyse des systèmes défaillants (Failure Analysis Laboratory). Il s’avéra qu’elles avaient une fuite d’électrolyte.

Afin de pouvoir utiliser les caméras lors du prochain vol il a fallu que nous démontions les batteries, nettoyions les circuits imprimés, remplacions et réinstallions le tout.

Fort heureusement, tout fut réalisé dans les temps, à seulement deux heures du lancement !

Nous avions travaillé 36 heures sans interruption »

Comme prévu, les deux caméras se mirent en action à 60 kilomètres au-dessus de la Terre alors que la fusée filait à 10 000 km/h. Le système pyrotechnique fit son travail, les deux étages se séparèrent ainsi que l’anneau inter-étage, les caméras 16mm enregistrèrent toute la séquence sur pellicule couleur Ektachrome 100, à raison de 100 images par seconde.

Les caméras furent ensuite envoyées au Centre Spatial Marshall afin que les pellicules soient développées et leur contenu analysé.

 « Les images spectaculaires enregistrées  valaient bien le formidable travail effectué par notre équipe » John McBrearty.

Les images vues sur des documentaires d’Apollo 11, montrant la spectaculaire séparation du premier et deuxième étage, proviennent en réalité des missions Apollo 4 et 6.

La Saturn V : à titre de comparaison

Lors d’une conférence de presse, pour que les journalistes puissent mieux appréhender la puissance monstrueuse du premier étage de la Saturn V, un ingénieur allemand avait fait de savants calculs, il avait ainsi calculé que les 3 500 tonnes de poussée équivalaient à la puissance de :

  • Une file de chevaux qui ferait 9 fois et demie le tour de la Terre. (160 millions de chevaux) (La circonférence équatoriale de la Terre est de 40 075 km)
  • 100 missiles Redstone
  • 85 Hoover Dam (Le Herbert Hoover Dam, est le plus grand barrage hydroélectrique US de l’époque)
  • Une file de locomotives Diesel qui, attachées les unes aux autres, permettrait de relier New York à Chicago. (NdT :environ 1 530 km)
  • Une file de voitures, pare-chocs contre pare-chocs, qui s’étendrait de la côte est à la côte ouest. (NdT : environ 4 500 km)

Quelqu’un lui demanda alors: « Quel type de voiture ? »

Il répondit stupéfait : «Des Volkswagen bien sûr ! »

 A l’époque lorsque l’on parle de Volkswagen, « la voiture du peuple » il s’agit bien sûr de la Coccinelle, la seule voiture vendue à cette époque par cette marque… construite selon un cahier des charges formulé par Hitler lui-même : une voiture familiale capable de transporter 4 personnes dans un relatif confort, de 30 chevaux, et dont le coût ne devrait pas dépasser 1 000 Reichsmarks…  En 1936 un ouvrier gagnait en moyenne 150 RM par mois. Ce fut un flop monumental, car pas une seule Volkswagen ne fut jamais livrée à un client civil sous le IIIe Reich !)