Une leçon inoubliable pour Wernher von Braun

Alors qu’il était étudiant à l’Institut de Technologie de Berlin-Charlottenburg (1930-1932) Wernher von Braun eut l’occasion de se confronter aux exigences et à la dextérité que requiert la fabrication industrielle. Ce faisant, il a reçu une leçon que jamais il n’oubliera.

Afin de lui inculquer les aspects techniques liés à l’usinage, à l’ajustage, au polissage etc. d’une pièce, il effectua un stage pratique de plusieurs semaines dans une usine produisant des locomotives. L’entreprise Borsig est alors l’une des plus grandes fabriques de machines du monde.

L’atelier était rempli de machines outils plus perfectionnées les unes que les autres.  Wernher von Braun est ravi, il se présente au contremaître, un homme bourru, moustachu, au regard sévère, qui porte un tablier très sale.

Lui tendant un bloc de fer de la taille d’un ballon de handball, il lui demande de le façonner en un cube parfait.

Chacun des angles doit être parfaitement droit, chaque face égale, et sans aucune aspérité, il doit être parfaitement poli. Puis, il lui désigne… l’étau qu’il devra utiliser…

C’est un peu contrarié que von Braun se dirige vers l’établi et se met au travail. Quelques jours plus tard il montre le résultat de ses efforts au contremaitre. Ce dernier mesure les angles, ils ne sont pas droits. Continuez à limer lui ordonne le contremaitre. Deux semaines plus tard von Braun soumet à nouveau le fruit de son travail. Toujours imparfait, il doit se remettre à la tâche. Orgueilleux von Braun redouble d’efforts, le bloc de métal a bien diminué de volume. Cinq semaines se sont écoulées…

« Je lui ai finalement remis le produit de mon effort absolu » se rappelle von Braun. « Le cube était un peu plus gros qu’une noix ». Regardant par-dessus ses lunettes poussiéreuses, le contremaitre mesure chaque angle, chaque côté. Le cœur de von Braun bat la chamade. Finalement la récompense suprême : « Gut ! Ja Gut ! C’est exactemant ce que j’attendais. »

A 18 ans, l’étudiant Wernher von Braun vient d’apprendre l’auto-discipline et la perfection dans ce genre de « petits travaux » manuels.

Pas de Médaille Présidentielle de la Liberté pour Wernher von Braun

En 1976, le président américain Gérald Ford (1913-2006) et son administration, sous la houlette du Conseil des distinctions honorifiques du service civil (Distinguished Civilian Service Awards Board), envisagent d’attribuer à Wernher von Braun, dont le cancer est en phase terminale, la plus haute distinction civile américaine, la Médaille Présidentielle de la Liberté (Presidential Medal of Freedom).

Mais l’un des conseillers du président, le directeur de la communication, David Gergen (1942- ) est contre. A 34 ans, son raisonnement est le suivant : « Désolé, mais je ne peux pas accepter l’idée, de donner la médaille de la Liberté à un ancien nazi, dont les V2 ont été lancés sur plus de 3 000 villes britanniques et belges. »

On passera sur les horribles confusions de Gergen, « …3 000 villes… », les amalgames sur le terme « nazi »,  et rendre responsable un inventeur, de l’utilisation de son invention. A-t-on accusé Robert Oppenheimer d’avoir tué 150 000 civils à Hiroshima et Nagasaki ? Et que dire de Samuel Colt, Oliver Winchester, Alfred Nobel, Arthur Galston, Louis Fieser, Mikhaïl Kalachnikov etc. ? Sont-ils des criminels ?

En définitive, Gerald Ford, qui est le seul président des Etats-Unis à ne pas avoir été élu à ce poste, il remplace Richard Nixon (dont il était le vice-président) obligé de démissionner le 9 août 1974 pour éviter sa destitution suite à l’affaire du Watergate, qui  sera battu aux présidentielles de 1976 par Jimmy Carter, octroie tout de même à Wernher von Braun, la Médaille Nationale de la Science (National Medal of Science).

Pourtant « l’apport » décisif de Wernher von Braun colle parfaitement avec le cadre d’attribution de la Médaille Présidentielle de la Liberté, qui est décernée à toute personne quelle que soit sa nationalité et qui a fait : « une contribution particulièrement méritante pour la sécurité ou les intérêts nationaux des États-Unis, la paix du monde, la culture, ou d’autres actions significatives dans le domaine public ou privé. »

Gerald Ford (à g.) et David Gergen

Les réactions internationales vis-à-vis d’ Apollo 13

James Lovell à droite, et Jack Swigert, révisent les procédures pour le retour sur Terre. NASA / Andy Saunders

A Moscou, la population est obligée de s’informer via les radios étrangères, car les médias soviétiques ne donnent des infos sur Apollo 13 qu’au compte-goutte.

Aux Nations-Unies, à New-York, le Dr Anatoly A. Blagonravov, le délégué soviétique du comité sur l’utilisation pacifique de l’espace, annonce que « le monde entier espère le retour sain et sauf des courageux astronautes. »

Le pape Paul VI, depuis la Basilique St Pierre, devant 10 000 fidèles, rappelle que : « Nous ne pouvons oublier en ce moment la situation des astronautes d’ Apollo 13. Nous espérons qu’au moins leurs vies pourront être sauvées. »

Un homme d’affaire japonais se demande à Tokyo : « Comment une telle chose a-t-elle pu arriver ? Jusqu’à maintenant ils avaient fait des voyages vers la Lune aussi sûrement que nous utilisons les trains de banlieue. »

A Paris, les stations de radio interrompent leurs programmes pour diffuser des bulletins spéciaux avec des interviews d’experts. Le journal Le Monde écrit : « La race humaine dans son ensemble participe à l’agonie de leur retour. »

Des milliers de guyaniens se sont rendus dans les églises de Georgetown. « Ils auraient mieux fait d’appeler cette mission Apollo 12B ou Apollo 14, et non pas Apollo 13. »

En Australie, la chaine de télévision Sydney TV, a surimposé des infos sur Apollo 13 lors de la diffusion d’épisodes de la série « Lost in Space ».

La BBC, a diffusé des bulletins d’informations jusqu’à 4 heures du matin, pour rendre compte de la manœuvre cruciale du vaisseau spatial assurant son retour plus rapide vers la Terre.

Une femme de Budapest a déclaré : « Mon Dieu, j’espère qu’ils reviendront sains et saufs. »

« Cette dernière remarque est partagée par l’ensemble des êtres humains, humbles ou puissants, tout le monde est affecté par le premier drame dans l’espace, où il est question de vie ou de mort. » affirme le Washington Post.