Apollo-Soyouz, un repas traditionnel kazakh

Après avoir visité Tiouratam, le cosmodrome de Baïkonour, la délégation américaine de la mission Apollo-Soyouz est conviée à découvrir le mode de vie des bergers de la steppe.

C’est dans une yourte kazakhe aux murs recouverts de peaux en cuir, sur les rives du fleuve Syr-Daria, qu’ils prennent place.

Assis, les jambes croisées, selon la coutume, ayant revêtu le costume traditionnel  et le chapeau de feutre, les convives multiplient les toasts d’amitié et goûtent aux spécialités locales. 

Donald Slayton et Anatole Forestenko, le professeur de russe, et interprète des astronautes, prennent de la graisse durcie de mouton, pour une pâtisserie ! Les kazakhs font également passer un breuvage sirupeux également à base de graisse de mouton… Stafford arrive à décliner l’offre… Il préfère la vodka.

En tant que commandant de la « moitié » de la mission conjointe Apollo-Soyouz, il ne peut malheureusement éviter la suite…

Alexeï Leonov l’informe qu’il faut respecter la tradition locale, en effet selon cette dernière, l’hôte principal, et son invité le plus important, doivent chacun manger un œil de bélier.

Sur un plateau, disposé en bonne place sur la table, se trouve une tête de bélier bouillie, avec les yeux toujours en place.

Ne manquant certainement pas, de cette étoffe des héros, dont les astronautes sont censés être nanti, Thomas Stafford se saisit d’une fourchette, la plante dans un œil, porte ce mets de choix à la bouche, et commence à mâcher… 

Assis à une table adjacente l’astronaute Karol Bobko n’a pas le temps de sortir et vomit.

Quant à Slayton et Forestenko, ils durent s’absenter également peu après.

D’où l’expression « sortir par les yeux » !

Les soviétiques ne veulent pas montrer Soyouz

Alors que les soviétiques ont pu visiter le Centre Spatial Kennedy et avoir accès au vaisseau Apollo, il a fallu que les américains fassent le « forcing » pour pouvoir jeter un coup d’œil sur le vaisseau Soyouz avant la mission conjointe.

A tel point que l’astronaute Thomas Stafford avait menacé de ne pas faire la mission « s’il ne pouvait pas voir sur Terre le vaisseau spatial dans lequel il devait entrer dans l’espace ». 

Finalement les américains seront autorisés à visiter le cosmodrome, et voir le vaisseau Soyouz, le 28 avril 1975, moins de trois mois avant la mission…

Les vitres du bus qui les amène sur le site ont été recouvertes, un téléviseur a été installé avec au programme des dessins animés. Le raisonnement des responsables militaires du centre spatial était le suivant : pendant qu’ils regarderont la télé et se marreront ils ne penseront pas à scruter les alentours !

Le pare-brise lui, n’ayant bien évidemment pas pu être obstrué, on peut raisonnablement penser, compte tenu de la logique ambiante, que les américains ont été installés à l’arrière du bus…

Apollo-Soyouz, les astronautes à Baïkonour

En avril 1975, lors du dernier voyage d’entrainement en URSS, avant la mission Apollo-Soyouz prévue en juillet, la délégation américaine dans le cadre d’échanges culturels visite notamment, à sa demande, les villes de Zagorsk, le siège de l’Eglise orthodoxe Russe, Kalouga, où vivait Konstantin Tsiolkowski, Tashkent, Bukhara, Samarkand…

Le 19 avril, elle visite le nouveau centre de contrôle de Kaliningrad, le « TsUP » (Tsentr Upravleniya Polyotov) et le 28, enfin, car les tractations furent extrêmement laborieuses, elle pu se rendre au centre spatial ultra secret de Baïkonour.

Les seuls occidentaux à l’avoir visité jusque-là étaient les présidents français Charles de Gaulle (le 22 juin 1966) et Georges Pompidou (les 8 et 9 octobre 1970) et leur délégation.

Comme pour les français, le secteur que les américains sont autorisés à visiter, a été préparé pour la circonstance, même les rails du chemin de fer, entre le hall d’assemblage et le pas de tir, ont été peints…

Sur cette base militaire ils ne virent aucun uniforme, uniquement des personnels aux cheveux coupés très courts, portant des vêtements civils mal ajustés…