Le pire et le meilleur des journalistes spécialisés dans le spatial

Un bon journaliste essaie toujours d’incorporer des informations techniques dans ses articles,  mais trop souvent ces précisions sont maladroitement intégrées, galvaudées, parfois hors de propos, voire même inexactes…

Voici un exemple du meilleur, de ce qu’un très grand journaliste peut produire !   Il s’agit de deux phrases extraites de l’article de John Noble Wilford paru le 21 juillet 1969 dans le New York Times, dont la manchette annonçait : « DES HOMMES MARCHENT SUR LA LUNE » (MEN WALK ON THE MOON), qui avait pour titre « Une surface poudreuse est explorée de près. » (A Powdery Surface is Closely Explored).

NYT 21 juillet 1969

« Bien que M. Armstrong soit un homme peu disert, son rythme cardiaque a révélé son émotion au moment du premier atterrissage sur la surface de la Lune. Lors de l’allumage du moteur de l’étage de descente, son cœur battait à 110 – alors que son rythme normal se situe à 77 battements par minute –  pour monter jusqu’à 156 au moment de l’atterrissage. »

John Noble Wilford, qui, 43 ans plus tard, rédigera également la nécrologie de Neil Armstrong, toujours à la une du New York Times.

John Noble Wilford

Le physicien Max Born à propos d’Apollo

Dans un article du célèbre journaliste scientifique John Noble Wilford* intitulé : « Meaning of Apollo : The Future Will Decide » (La signification d’ Apollo : le futur en décidera) paru dans le New York Times du 21 décembre 1972 (p. 21), ce dernier cite cette remarque du physicien allemand Max Born (1882-1970), prix Nobel de physique 1954, à propos du programme Apollo.

Max Born fut notamment le directeur de thèse d‘un certain Robert Oppenheimer à l’université de Göttingen,

« Un triomphe de l’intellect, un tragique échec de la raison. »

John Noble Wilford a obtenu deux prix Pulitzer, le second en 1987 pour sa « couverture journalistique » de la catastrophe de la navette spatiale Challenger, partagé avec son équipe du New York Times.

Un coup de balai sur le S-IVB

Les tests statiques des étages Saturn S-IVB (3ème étage de la Saturn V ou deuxième étage du lanceur Saturn IB) ont créé un curieux problème pour les ingénieurs de la NASA et de la Douglas Aircraft Company, le fabricant.

Saturn V – Crédit : BBC

Avant qu’un étage puisse être testé, il faut bien évidemment s’assurer qu’il n’y a aucune fuite pouvant provoquer une déflagration.

Mais comme la flamme d’hydrogène*, qui ne comprend pas de carbone, est quasiment invisible le jour, cela posait problème. Des caméras infrarouges furent donc installées, mais tous les angles ne pouvaient pas être couverts.

Pour plus de sûreté, avant chaque test, une équipe spéciale vêtue de combinaisons ignifugées, inspectait l’étage… avec un balai.

Lorsque la paille d’un balai prenait feu, c’est qu’une fuite avait été trouvée !

*Le dihydrogène (nom officiel de la molécule H2) s’enflamme spontanément au contact de l’air.