Les 24 astronautes ayant vu la Terre depuis la Lune ont été profondément marqués par cette vision, tel Edgar Mitchell, le pilote du module lunaire d’Apollo 14 :
« Vous développez instantanément une conscience globale, une fraternité avec tous les terriens, un intense mécontentement quant à la manière dont fonctionne le Monde et l’état de la Terre, et une compulsion à agir et changer les choses.»
« Là-bas sur la Lune, la politique parait si dérisoire. Tout ce que vous avez envie de faire, c’est choper les politiciens par le colback, les traîner à 400 000 km de la Terre, et leur dire : « Regardez ça, espèces de fils de p… ! »
38 millions de téléspectateurs ont regardé le décollage d’Apollo 16, et plus de 500 000 personnes ont assisté au lancement, dont le poète soviétique Evguéni Evtouchenko.
Parmi les hôtes de marque, il faut mentionner le vice président des Etats-Unis Spiro Agnew, le président du Costa Rica José Figueres Ferrer, le roi Hussein de Jordanie, les deux filles du Président Nixon, Tricia et Julie, et leurs maris (Julie a épousé David Eisenhower, petit-fils du 34ème Président des Etats-Unis), ainsi donc que le poète et militant soviétique Evguéni Evtouchenko.
Evguéni Evtouchenko, a incarné lors du « dégel » des années 1956-1963, l’aspiration à la liberté des soviétiques, après la terreur et les excès engendrés par le stalinisme. Il est le premier dignitaire soviétique à assister à un lancement Apollo.
L’ambassadeur de l’Union Soviétique à Washington, Anatoli Dobrynine avait accepté, puis décliné, une invitation pour assister au lancement d’Apollo 11 !
L’astronaute David Scott est chargé de faire visiter à l’illustre poète, le Centre Spatial Kennedy. Evguéni Evtouchenko rencontrera également le Dr Kurt Debus.
La visite nocturne du pas de tir, à moins de 200 mètres, la veille du lancement, avec la gigantesque Saturn V illuminée par des projecteurs est une expérience saisissante :
« Une grande émotion… C’est vraiment un spectacle magnifique, le corps blanc et délicat de la fusée, soutenue par les bras patauds mais parfois tendres de la tour de lancement de couleur rouge. J’ai eu l’impression de voir un grand frère, prenant sa sœur dans les bras et la serrant très fort avant un long voyage, une longue route. C’était extraordinaire. Le silence, pas de brouhaha. Pas de journalistes. Rien. Le ciel, le sol, la fusée. C’était si beau. Cette impression d’infinité. J’avais apporté une bouteille de Champagne, mais je l’ai oubliée. Je n’en avais pas besoin pour être enivré. »
Après le lancement, il déclara : « C’était magnifique, c’était de la poésie. »
Evguéni Evtouchenko et Kurt Debus (Directeur du Centre Spatial Kennedy) Samedi 15 avril 1972.
Evguéni Evtouchenko confia aux journalistes qu’il n’avait jamais assisté au lancement d’un vol habité soviétique. « Mais vous américains, vous faites naître en moi plus de curiosité pour le programme spatial. »
L’organisation de ce rendez-vous spatial, entre américains et soviétiques, dans le cadre du programme Apollo-Soyouz, ne devait heurter aucune sensibilité, aucune susceptibilité.
Ainsi par exemple un système d’amarrage dit « androgyne » fut conçu, en lieu et place du système sonde/cône ou mâle/ femelle !
De même le badge du programme fut conçu par un artiste russe, sans droite ni gauche, ni haut ni bas, afin de pouvoir être porté indifféremment avec Apollo ou Soyouz à gauche ou en haut (en premier) selon la nationalité !
De g. à d. Donald Slayton, Thomas Stafford, Vance Brand, Alexeï Leonov, Valeri Koubassov.