Les ingénieurs soviétiques sont jaloux

Grâce à leurs  nombreux « chalutiers » bardés d’antennes, qui « pêchent » dans les eaux internationales au large de Cap Canaveral, et sur la trajectoire des fusées, sans compter quelques sous-marins, les soviétiques observent et sont à l’écoute…

Ainsi lors du deuxième vol d’essai d’une Saturn V, le 4 avril 1968, (SA 502 – Apollo 6) les ingénieurs soviétiques sont médusés. Ils ne peuvent croire à la diversité, au volume et à la précision des données retransmises en direct par télémétrie au centre de lancement.

Ils sont jaloux, selon les propres termes de Boris Chertok*, de constater que chaque ingénieur reçoit les données qui le concernent sur sa console ; et qu’il peut les visionner directement sur son moniteur, confortablement assis dans un fauteuil.

Ainsi par exemple, lors du premier vol de la Saturn V, le 9 novembre 1967, pas moins de 3 552 mesures, sont continuellement relayées en temps réel vers les consoles des ingénieurs du Centre de Contrôle des Lancements. (LCC – Launch Control Center).

En comparaison, en 1943, le nombre de mesures envoyées par télémétrie à partir d’une fusée A4, était de 4.

* Boris Yevseyevich Chertok, « Raketi i lyudi », Mashinostroenie, Moscou, 1994-1999. Autobiographie en 4 volumes de l’un des assistants en chef de Sergueï Koroliov. Traduction en anglais : « Rockets and People » / NASA History Office

Wernher von Braun rencontre Leonid Sedov

C’est en 1958 à Amsterdam, lors du IX Congrès de la Fédération Astronautique Internationale que Wernher von Braun rencontre pour la première fois Leonid Sedov (président de la FAI de 1959 à 1961) que les occidentaux ont longtemps pris pour le responsable du programme spatial soviétique. C’est la première fois que von Braun assiste à un congrès de la FAI.

Sedov étant plus à l’aise avec l’allemand que l’anglais, c’est dans la langue de Goethe que les deux hommes s’entretiennent. (Sedov est un physicien de formation et au cours du 19ème et du début du 20ème siècle, l’allemand est la langue privilégiée des scientifiques. La science allemande est alors florissante et domine le monde, notamment en chimie et en physique…) Leur sujet de conversation tournera principalement autour de la législation spatiale  et du principe de la non extension de souveraineté nationale sur la Lune par exemple. En 1958 aucune loi, aucun traité n’avait encore été signé, ni même rédigé ! A cette époque la guerre froide entre USA et URSS était à son apogée !

von Braun mit en exergue les applications pratiques, ainsi il suggéra que si américains et soviétiques venaient à atterrir en même temps sur la Lune ce ne serait pas la loi ni la politique terrestre qui s’appliquerait, et si l’une des expéditions venait à avoir un problème, tout serait mis en œuvre par l’autre pour lui porter secours et assistance. Comme le font tout naturellement les explorateurs en environnements hostiles lorsqu’il s’agit d’une question de survie.  Sedov acquiesça !

Wernher Von Braun, son épouse Maria et Léonid Sedov

Wernher von Braun, Maria von Braun et Leonid Sedov lors du XIème Congrès de la FAI à Stockholm en 1960. (Scan : Olivier COUDERC – Source : « Wernher von Braun Crusader for Space » Ernst Stuhlinger, Frederick I. Ordway III)

Haut le cœur

Comme l’attestent les astronautes et les cosmonautes des débuts de la conquête spatiale, manger dans l’espace n’était vraiment pas une partie de plaisir.

Ainsi, lors du deuxième vol orbital de l’Histoire, qui a duré un jour complet (17 orbites), Guerman Titov raconte qu’il a placé l’embout de son tube de soupe en purée dans la bouche, et a appuyé très lentement pour ingérer la mixture.

« C’était comme avaler un tube de dentifrice ! »