Voskhod 1, coûte que coûte

Le 12 octobre 1964, l’URSS lance Voskhod 1 à 07:30 GMT avec à bord les cosmonautes Vladimir Komarov, Konstantin Feoktistov et Boris Yegorov.

Il s’agit du premier vaisseau spatial à emporter plus d’un Homme dans l’espace, en l’occurrence trois, puisque le but de la manœuvre est de damer le pion aux américains et leur Gemini, biplace, dont la première mission est prévue début 1965. 

Voskhod 1 c’est également le premier ingénieur dans l’espace, Feoktistov, qui a participé à la conception de Spoutnik et des capsules Vostok et Voskhod (il participera plus tard au developpement de Soyouz et dirigera le bureau qui a conçu les stations Saliout et Mir),  et le premier médecin, Yegorov.

Pour réaliser cette première des modifications potentiellement très dangereuses ont été effectuées sur la capsule Vostok (à l’origine monoplace !)…

Pas de combinaisons pressurisées pour les cosmonautes, un survêtement fera l’affaire, pas de sièges éjectables ou de « tour » de sauvetage. Les ingénieurs ont quand même pris le soin de fixer sur le harnais du système de parachute des rétrofusées afin que l’atterrissage soit plus « doux », les cosmonautes restant dans la capsule.

Par ailleurs, les sièges ont été placés perpendiculairement au siège éjectable original ce qui oblige les cosmonautes à tourner la tête pour lire les instruments dont l’orientation n’a pas été modifiée… La mission dure 24 heures 17 minutes.

Lorsqu’ils sont partis Nikita Khrouchtchev était à la tête de l’URSS, il leur avait d’ailleurs promis une belle fête pour leur retour… entre temps il sera  limogé et c’est Leonid Brejnev qui les accueillera au Kremlin !

Ils l’ont échappé belle

Le 19 octobre 1964 les trois cosmonautes de Voskhod 1, Vladimir Komarov, Konstantin Feoktistov et Boris Yegorov arrivent à Moscou.

Komarov présente le compte rendu de la mission devant le Parti Communiste et les différents ministres.

A 14:00, ils sont sur la Place Rouge et à 17:00 au Kremlin. Le jour suivant ils rencontrent Sergei Korolev et les ingénieurs du OKB-1, le 21 ils assistent à une conférence de Presse et le 22 ils vont au Centre d’Entrainement des Cosmonautes.

Ces journées de « célébrations » permettent au nouveau maître du Kremlin, Leonid Brejnev de se montrer en public.

Ces réjouissances nationales sont quelque peu ternies par le crash d’un Il-18 près de Belgrade, tuant les 17 représentants d’une délégation militaire, dont le ministre adjoint de la Défense, le Maréchal Sergei Biryuzov.

Par une de ces ironies du sort, c’est le même avion et le même équipage qui avaient rapatriés les trois cosmonautes de la ville kazakh de Koustanaï (désormais Kostanaï) distante de quelques 300 km du lieu d’atterrissage de la capsule, vers Baïkonour, quelques jours plus tôt.

Youri Gagarine, ne déshonore pas le nom de notre famille

Lorsqu’à l’âge de quinze ans Youri Gagarine annonce à ses parents qu’il ne veut pas devenir menuisier, comme son père, mais quitter son village natal pour « monter » à Moscou et continuer ses études, son père Alexeï sort de la pièce sans un mot, et Anna sa mère éclate en sanglots.

Grâce à un oncle qui habite Moscou, le jeune Youri Gagarine peut mettre son projet à exécution, lorsqu’il s’en va, son père lui fait une dernière recommandation : « Surtout ne déshonore pas le nom de notre famille »

Quelques années plus tard, après le vol historique de son fils, Alexei Gagarine est à côté des plus hauts dignitaires de l’URSS, ils attendent tous son Youri.

Ce jour là le premier cosmonaute de l’Histoire de l’Humanité a vu des milliers de visages heureux, mais celui qui l’a le plus ému, c’est celui de son père, radieux.

Maintenant il en était sûr, son père était fier de lui.  Alexei Gagarine est mort 5 ans après son fils, en 1973.