La grosse frayeur de Christopher Kraft

Au temps du programme Mercury, les simulations étaient assez primitives, comparées à ce qu’elles deviendront par la suite.

Sur la console de Christopher Kraft, le directeur des contrôleurs de vol, il y avait toujours un moniteur relié à l’une des caméras du pas de tir. Il pouvait donc voir en direct une Redstone ou une Atlas.

A l’époque le « contrôle » des missions se faisait depuis le Cap Canaveral.

Avant une simulation, John Hatcher, un contrôleur de vol, a trouvé le moyen de relier le moniteur à un magnétoscope.

Il avait inséré dans ce dernier le film d’un décollage, et avait « calé » la bande à T-0, c’est a dire à l’instant où les moteurs de la fusée sont allumés.

Le magnétoscope doit se mettre en marche, lorsque Kraft démarre l’horloge qui calcule la durée de la mission.

Le jour venu, la simulation commence, Kraft enclenche donc le « chrono », lorsqu’à sa grande stupéfaction, il voit la fusée décoller sur son moniteur.

Abasourdi, Christopher Kraft se retourne vers Eugene Kranz, dans la confidence, et s’écrie « Regarde ça ! ». Kraft est livide, il s’écrie à nouveau « Tu as vu ça ? »

Tous ceux qui ont vu la tête de Kraft, pensant qu’il avait accidentellement provoqué le décollage de la fusée ne l’oublieront jamais !

Une voiture ensablée

Ce soir-là, l’équipage d’Apollo 17 donne la coutumière petite fête d’avant vol, réservée uniquement au personnel habilité à entrer en contact avec les astronautes, pendant leur période de quarantaine.

La fête se déroule dans la désormais célèbre maison de la plage (Beach House), qui fut d’abord louée à l’année par le magazine Life pour les astronautes, puis rachetée et rénovée par la NASA. Une maison qui a une vue magnifique sur l’océan.

Après avoir bien mangé, bien bu et bien rigolé, il est temps pour les astronautes de s’absenter, pour assister à une conférence de presse au O&C building, qui doit se tenir à 20 heures.

Eugene Cernan prend sa Chevrolet décapotable et démarre… Mais la voiture ne bouge pas, les roues patinent sur le sable… Tout le monde sort pour voir ça, et en profiter pour se moquer un peu, chacun y va de son bon conseil : « avance un peu, recule »…

« Qu’est ce qui se passe, vous pouvez m’envoyer sur la Lune, mais vous n’êtes pas capable de m’aider à sortir cette voiture de ce foutu sable ! » hurle Cernan, qui, voyant les minutes s’égrener, devient de plus en plus irritable; la conférence de presse doit commencer dans quelques instants !

Finalement Guenter Wendt lui lance : « Pourquoi tu n’enlèves pas le parpaing qu’il y a sous ta voiture ! »

Pendant la réception, le génial Guenter Wendt s’était subrepticement glissé au-dehors, et avec l’aide d’un cric et quelques complices, avait disposé des parpaings sous la voiture afin que les pneus effleurent tout juste le sol !  Gotcha !

Guenter Wendt, une caméra très particulière

Le Pad Leader, Guenter Wendt n’aimait pas trop les journalistes, qui prenaient les ingénieurs de la NASA pour des gens un peu farfelus.

Un jour alors qu’il fait faire le tour du propriétaire à une vingtaine de journalistes, il leur confie que les éléments d’une fusée, ou d’une capsule, ont une « vie » et qu’il faut leur parler, afin qu’ils fonctionnent parfaitement.

Au moment où il sort de l’ascenseur, il s’adresse à la caméra de surveillance qui se trouve à l’entrée de la « White Room ».

« Tout va bien ?  » La caméra fait un mouvement de haut en bas.
« Tu aimes bien les gens que j’emmène avec moi ?  » La caméra fait un mouvement de droite à gauche…

Les techniciens de la salle de surveillance sont hilares en voyant la mine ahurie de leurs invités.