Mon nom est Buckley, Charles Buckley !

Les astronautes avaient donné à « Charlie » Buckley, le chef de la sécurité du Centre Spatial Kennedy (de 1960 à 1981), le sobriquet de « Superflic », ou plus malicieusement de « Rent-a-cop » (c’est le nom donné aux vigiles en uniforme, non armés, qui en cas de gros problème ne servent pas à grand-chose !).

Le plus grand challenge de sa carrière fut bien évidemment la gestion de la sécurité du centre spatial lors du lancement d’Apollo 11. Plus d’un million de personnes s’étaient massés autour de Cap Canaveral, environ 3600 journalistes étaient présents, des chefs d’états et autres dignitaires, des célébrités, sans compter des manifestants pour la cause des pauvres et laissés pour compte, ulcérés par tout cet argent gaspillé, et des gens sans accréditation bien décidés à s’incruster.

Après ces jours de folie, la situation ayant été gérée de main de maître, les astronautes et ses collègues de la sécurité décidèrent de lui faire un petit cadeau ! Ils réussirent à lui obtenir une pièce d’identité unique. Comme le très populaire Agent Secret britannique James Bond, « Superflic » Buckley devint la seule et unique personne au service du gouvernement fédéral à avoir une carte d’identité officielle portant le numéro… 007 !

Charles Buckley le 12 avril 1981 lors de la première mission de la navette spatiale

Charles Buckley en costume sombre (au centre au premier plan) le 12 avril 1981. C’est à l’occasion du premier lancement de la navette spatiale qu’il tiendra pour la dernière fois la porte du « van » de transfert qui emmène les astronautes (ici John Young et Robert Crippen)  sur le pas de tir.

Charles Buckley est décédé le 26 août 2009 à l’âge de 86 ans.

Christopher Kraft – Un détail insignifiant peut changer le cours d’une vie !

En 1944, lorsque Christopher Kraft obtient son diplôme d’ingénieur en ingénierie aéronautique du Virginia Polytechnic Institute avec B+ de moyenne, il propose ses services au constructeur d’avions Chance Vought dont le siège se trouve à East Hartford dans le Connecticut.

Et, juste au cas où, car il faut toujours avoir un plan de secours, il envoie également sa candidature au NACA (National Advisory Committee for Aeronautics), une agence fédérale dont le siège est à Hampton*  en Virginie, au sein du Langley Memorial Aeronautical Laboratory, qui deviendra le Langley Research Center.

 
Le NACA est à l’origine d’études et de découvertes fondamentales en aéronautique.
 
Il reçoit deux réponses favorables.
 

Il se rend donc comme convenu à Bridgeport dans le Connecticut pour son premier jour de travail chez Chance-Vought.  Pour entrer dans les locaux, le secrétaire à l’accueil lui demande son certificat de naissance.

« Je ne l’ai pas sur moi, personne ne m’a rien dit ! »

« Vous ne pouvez pas entrer sans. Mesures de sécurité »

« Que puis-je faire ? »

Kraft passe quelques coups de fil et envoie un télégramme au service de l’état civil de Richmond pour qu’on lui envoie un extrait d’acte de naissance. Le certificat est censé arriver par porteur spécial le lendemain. Mais non.

Le secrétaire lui demande de revenir le surlendemain. Toujours rien.

Kraft demande à parler à un responsable.

«Non ce n’est pas possible ! »

«Ah non ? Et pourquoi pas ? »

«Question de sécurité, vous parlerez à un responsable lorsque vous aurez votre certificat !»

Agacé par la mentalité bureaucratique de cette société, il appelle le NACA pour demander si leur offre d’emploi tient toujours, on lui passe un responsable qui prononce les mots magiques :

– « Bien sûr ! Quand pouvez-vous commencer ?

– « La semaine prochaine »

– « Bon, disons jeudi prochain. A très bientôt alors ! »

Il boucla sa valise en deux minutes, et il lui fallut 5 minutes de plus pour rédiger une lettre à Chance -Vought expliquant les motifs de sa décision. Il ne reçut jamais de réponse !

Tout le monde connaît la suite, le NACA disparaîtra en 1958 pour être incorporé dans la nouvelle NASA, une agence qui s’occupera d’aéronautique mais également d’espace. Christopher Columbus Kraft concevra le Centre de Contrôle des Missions et deviendra le premier directeur de vol de la NASA…

Avec un tel prénom il ne pouvait avoir qu’un destin hors du commun !  Kraft reste à jamais le premier « Flight », une figure de légende de la conquête spatiale !

Comme quoi, un détail insignifiant peut changer le cours d’une vie !

Le 14 avril 2011 le Centre de Contrôle des Missions du Centre Spatial Johnson  a été officiellement rebaptisé « Christopher C. Kraft, Jr. Mission Control Center ».  

* Anecdote dans l’anecdote : la petite ville de Phoebus dont Kraft est originaire sera administrativement absorbée par Hampton en 1952.  (Phoebus avait le statut de «Town », Hampton celui de « City »)