Guenter Wendt, une caméra très particulière

Le Pad Leader, Guenter Wendt n’aimait pas trop les journalistes, qui prenaient les ingénieurs de la NASA pour des gens un peu farfelus.

Un jour alors qu’il fait faire le tour du propriétaire à une vingtaine de journalistes, il leur confie que les éléments d’une fusée, ou d’une capsule, ont une « vie » et qu’il faut leur parler, afin qu’ils fonctionnent parfaitement.

Au moment où il sort de l’ascenseur, il s’adresse à la caméra de surveillance qui se trouve à l’entrée de la « White Room ».

« Tout va bien ?  » La caméra fait un mouvement de haut en bas.
« Tu aimes bien les gens que j’emmène avec moi ?  » La caméra fait un mouvement de droite à gauche…

Les techniciens de la salle de surveillance sont hilares en voyant la mine ahurie de leurs invités.

Un méchant rhume

Vers la mi-novembre, la quarantaine de l’équipage d’Apollo 17 débute. La mission Apollo 17 s’est déroulée du 7 au 19 décembre 1972.

C’est à ce moment que Guenter Wendt présente les premiers symptômes d’un rhume. Il va consulter un des médecins du Centre Spatial Kennedy qui l’examine et lui permet de reprendre son travail, à condition de rester à bonne distance des astronautes.

Quelques jours plus tard, alors qu’un test important est en cours, Guenter Wendt reçoit un coup de fil d’un certain Sam Groom, médecin au Centre Spatial Johnson.

– « J’ai appris que vous aviez un rhume »

– Très étonné Guenter Wendt lui répond « oui, en effet, j’ai un petit rhume »

D’une voix sèche le médecin lui dit : « Je veux que vous quittiez le pad immédiatement. Sortez tout de suite de la « White Room ! »

– « Monsieur, sauf votre respect, je ne reçois mes ordres que du responsable des tests, c’est la voie hiérarchique. »

– (Très en colère) « Je suis le médecin responsable de la bonne santé des astronautes et je n’ai pas à suivre la voie hiérarchique ! »

– « Dr Groom, il faut que vous en avisiez le responsable du test, qui lui, me donnera l’ordre de quitter le pad »

– Furieux le médecin aboie : « C’est invraisemblable, vous êtes un contractant, moi je suis de la NASA. Vous ferez ce que je vous dis ! »

Guenter Wendt perd alors son sang-froid, lui dit d’aller se faire voir, et lui raccroche au nez !

C’est à ce moment qu’il voit Gene Cernan dans la salle adjacente (Dressing Room) avec un téléphone à la main qui lui fait un petit signe de la main et lui crie « Gotcha » (Je t’ai eu !).

M. Jones ?

Guenter Wendt avait décidé de faire installer un deuxième téléphone dans la White Room, une sorte de « téléphone rouge », dont le numéro ne serait connu que de lui et de quelques responsables du programme et ne devait servir qu’en cas d’urgence.

A peine installé, le téléphone sonne…

Au bout du fil : « Euh… Est-ce que je pourrais parler à Monsieur Jones ? »
«Désolé, il n’y a pas de M. Jones ici ! » et il raccroche.
Quelques heures plus tard le téléphone sonne à nouveau : « Je voudrais parler à M. Jones, s’il vous plait » …
Après quelques jours, excédé, il finit par faire changer le numéro par la compagnie de téléphone.
Le lendemain le téléphone sonne : « M. Jones… Je souhaite parler à M. Jones… »

Le manège continu quelques jours et Guenter Wendt hors de lui, fait à nouveau changer le numéro.

Rien n’y fait, les appels ne s’arrêtent pas. Et comme c’est la « hot line » il se précipite chaque fois sur le téléphone, car il s’attend à un appel important !

Un jour, il arrive dans la White Room et y trouve plus de monde qu’à l’accoutumée… Le téléphone sonne, il prend le combiné, au bout du fil une voix demande : « Euh… bonjour, ici M. Jones, est-ce que j’ai des messages ? »

En voyant la tête de Guenter Wendt, tous les techniciens éclatent de rire.

Le fin mot de l’histoire. Il s’avéra qu’un des collaborateurs de Guenter Wendt avait travaillé dans une compagnie de téléphone et connaissait la manip à faire pour avoir le numéro du poste à partir duquel on appelle !

Chaque fois que Guenter Wendt faisait changer le numéro, il n’avait aucun mal à le trouver.