Thomas Paine fait le bilan des douze premières années de la NASA

Le 6 avril 1970, 5 jours avant le lancement d’Apollo 13, l’administrateur de la NASA, Thomas Paine (1921-1992) témoigne devant le Comité du Sénat sur les sciences aéronautiques et spatiales (U.S. Senate Committee on Aeronautical and Space Sciences) alors dirigé par le sénateur démocrate Clinton Presba Anderson (1895-1975).

Il s’agit de faire un bilan sur les avancées et les retombées du secteur spatial…

« Lors des 12 premières années spatiales, la capacité de mise en orbite a augmenté d‘un facteur 10 000, passant des 13,9 kg d’Explorer 1 aux 136 tonnes d’Apollo 13.

Le record de vitesse a été multiplié par 13 passant de 3 000 km/h à 40 000 km/h (Apollo 10), l’altitude atteinte a été multipliée par 10 000, passant de 38 400 mètres à 377 400 km.

Les astronautes cumulent 5 843 heures de présence dans l’espace, et ont parcouru 113 400 000 km.

12 Hommes ont été en orbite autour de la Lune et 4 ont marché sur sa surface. La NASA a lancé 155 satellites et sondes spatiales qui ont permis de collecter des données scientifiques et pratiques, auxquels il faut ajouter 23 lancements dans le cadre de programmes de coopération internationale.

Aujourd’hui nous vivons dans un monde différent, car en 1958 les Etats-Unis ont compris les enjeux de l’espace, et le pays a fait les investissements nationaux nécessaires.

En 12 ans plus d’un milliard d’enfants sont nés dans le monde, c’est la première génération spatiale. Grâce au programme spatial, ils auront accès à une nouvelle science, une nouvelle cosmologie, et une nouvelle vision de l’Homme et de sa destinée dans l’univers.

Les enfants d’aujourd’hui peuvent regarder l’avenir avec confiance, de nouvelles opportunités s’offriront à eux, avec les nouvelles grandes avancées que l’Homme accomplira au XXIe siècle…

Cette génération verra la Terre dans sa globalité pour la première fois, et sera en mesure d’appréhender la technologie, la science et la philosophie, comme une réalité unique, commune à tous les Hommes de la planète bleue. »

Thomas Paine a également communique les chiffres suivants : en 1969 la NASA a distribué 1,6 millions de publications scientifiques et techniques, 3 211 500 microfiches.

Les initiatives à destination des écoles américaines, y compris les expositions itinérantes dans le cadre du projet « SPACE mobile », ont touché 3 306 410 écoliers en direct, et 20 391 500 grâce à la vidéo.

Des laboratoires de recherche spatiale, ont été créés dans 34 institutions de l’enseignement supérieur pendant les années 60, dans lesquels plus de 1 000 étudiants ont fait des études menant à un doctorat.

La NASA a reçu 968 830 lettres en 1969 (soit plus de 20 000 par semaine), ses expositions ont été vues par 37,6 millions de personnes et ses films par 9,8 millions directement et 248 millions à travers la télévision.

La couverture média des activités spatiales de la NASA en 1969 inclut l’accréditation de 3 497 journalistes en provenance de 57 pays pour la couverture de la mission Apollo 11.

Le coût de la nourriture pour les missions spatiales

Le coût de la nourriture pour les missions spatiales américaines est en constante diminution, affirme en 1972 le Dr Malcolm C. Smith, qui en est le responsable au Centre des Vols Habités près de Houston. Son titre exact est, Chief of Food and Nutrition (Chef de l’alimentation et de la nutrition).

Ainsi le coût de revient d’une ration journalière, par astronaute, pendant la période pré-Apollo s’élevait à environ 300 dollars.  D’Apollo 7 à Apollo 14 ce coût est en moyenne de 190 dollars, pour Apollo 15 il est de 142 dollars, et pour Apollo 16 et 17 et les misions Skylab il tombe à 75 dollars.

Pour la navette et la Station Spatiale Internationale le coût moyen journalier est de 50 dollars par astronaute. (Petit déjeuner et déjeuner reviennent à environ 12,50 dollars chacun, et le dîner à 25 dollars)

Ce sont bien évidemment les coûts liés à la préparation, au conditionnement, et aux contrôles, qui sont le plus importants… La nourriture étant offerte par les fabricants et les producteurs ; plus d’une centaine.

Sustenter trois astronautes Apollo (de 7 à 14) coûtait donc environ 570 dollars par jour. Il s’agit là de dollars des années 1970, car en dollars constants, c’est à dire en tenant compte de l’inflation, cela nous donne 3 600 dollars (USD) d’aujourd’hui, soit environ 3 000 euros par jour !  La durée moyenne d’une mission Apollo (7 à 14) étant de 8 jours et demi on atteint la très coquette somme de  30 600 dollars ou 25 500 euros.

La NASA doit changer son vieux Convair C-240

En 1962, lorsque le Space Task Group de Robert Gilruth fut transféré de Langley à Houston, les incessantes allées et venues à bord de ce vieux Convair C 240, dont la vitesse de pointe ne dépassait pas les 350 km/h, étaient loin d’être idéales. La NASA se prépare à envoyer des Hommes sur la Lune, alors que ses cadres se déplacent dans un vieux coucou !

Robert Seamans décide alors de convaincre James Webb d’acquérir un avion à réaction qui diviserait par deux le temps des trajets.

James Webb : « Il est hors de question d’avoir ce genre d’avions dans notre organisation, parce que les membres du Congrès impliqués dans le programme spatial voudront l’emprunter. Non, pas de jet chez nous ! »

Finalement, Robert Seamans propose à Webb d’acquérir un Gulfstream I,  (Grumann G-159) un avion à hélices avec un moteur à réaction, suffisamment lent pour que les membres du Congrès préfèrent les avions plus rapides de l’US Air Force, qu’ils peuvent utiliser à leur entière discrétion.

En définitive, la NASA acheta quatre Gulfstream 1, un appareil fut basé à Washington, un au Marshall, un à Houston et le dernier au Cap.

Chacun peut transporter 11 passagers. Ils ont une vitesse maximale de de 560 km/h, et une vitesse de croisière de 470 km/h, pas très rapides, mais plus que ce vieux Convair CV-240.

C’est ainsi que pendant plus de trente ans les cadres de la NASA se déplaceront dans ces Gulfstream I…

Anecdote dans l’anecdote : En 2004 la NASA possédait sept avions d’affaires, comptabilisant pour cette année-là, le transport de 10 000 passagers pour un total de 6,4 millions de km.  (Le Gulfstream I du Centre Spatial Johnson a été mis à la retraite en mars 2005).

Avions de la NASA

En août 2005 un rapport de le GAO (US Government Accountability Office), l’équivalent de notre Cour des Comptes, dénonçait le gaspillage des fonds publics relatifs à l’utilisation et l’entretien de ces avions. Si les collaborateurs de la NASA avaient utilisés les transports aériens, l’agence aurait pu économiser 20 millions de dollars (années fiscales 2003, 2004) !

Pour les anglophones, la rapport détaillé de cet audit.