Wernher von Braun, sur la Lune plus tôt que prévu

L’Homme a marché sur la Lune bien avant que les plus optimistes, parmi les tenants de la conquête spatiales habitée, tel Wernher von Braun, l’avaient cru possible.

Ainsi en 1957, Wernher von Braun avait prédit que les vols habités vers la Lune pourraient être entrepris dans moins de 25 ans…

Exactement 12 ans plus tard deux représentants de l’espèce humaine déambulent sur l’astre de la nuit !

Le premier Homme sur la Lune sera Russe

Wernher von Braun et le cosmonaute Gherman* Titov, le deuxième soviétique dans l’espace, se sont rencontrés en 1962 à l’occasion de la « tournée américaine »** de ce dernier qui s’est déroulée du 29 avril au 12 mai.

Titov était accompagné par sa femme Tamara et Nicolas Kamanine qui dirige le corps des cosmonautes.

Titov et von Braun ont pu converser ensemble avec l’aide d’un interprète. Ils sont tombés d’accord sur plusieurs points… Notamment, évoquant son vol spatial de 25 heures et 18 minutes (du 6 au 7 août 1961), au cours duquel il a effectué un peu plus de 17 révolutions autour de la Terre, il mentionne fièrement le fait qu’à deux reprises il a piloté sa capsule… Il confie à von Braun : « Je trouve l’idée du vol spatial entièrement automatisé comme insupportable. Lorsque des machines feront toutes les tâches de l’Homme ce dernier perdra toute liberté d’action, sans rien à faire il risque de devenir fou !»
Von Braun acquiesce.

Le cosmonaute fait également allusion au prochain atterrissage d’Hommes sur la Lune.
Il sort un crayon de sa poche et avec un mouvement ondulatoire le pose à la verticale sur sa paume pour illustrer l’atterrissage.
« Ce crayon est un produit russe comme la première sonde sur la Lune… Le premier Homme sur la Lune lui aussi sera Russe » affirme crânement Titov.


« La probabilité est de 50 pour cent  » rétorque malicieusement Von Braun.

* En russe : Герман. La traduction littérale de Герман  est en réalité Herman.

**Officiellement Titov est aux Etats-Unis dans le cadre du troisième symposium international des sciences spatiales qui se tient en même temps que la cinquième réunion plénière du Cospar – Committee on Space Research – dans les locaux de la National Academy of Sciences, à Washington D.C. Lors de son séjour en Amérique, Titov prononcera 8 discours, tiendra 20 conférences de presse, et participera même à une émission télé, « The Nation’s Future », sur NBC, avec Anatoly Blagonravov, John Glenn, Hugh Dryden. Au même moment Gagarine se rend en Australie et au Japon. John Glenn fera lui aussi un compte rendu sur son récent vol spatial (20 février 1962) lors de ce symposium.

La guimbarde du jeune Wernher von Braun

En 1936, après une journée de travail à Kummersdorf, Wernher von Braun propose à  Walter Kuenzel (ingénieur en chef chez Heinkel Flugzeugwerke) et Erich Warsitz (pilote d’essai au service des projets expérimentaux chez Heinkel), de l’accompagner à Berlin, dans sa voiture.

Erich Warsitz raconte :

« Nous avons marché jusqu’à sa voiture. Je n’aurais jamais imaginé que cela pouvait être la sienne : seulement la moitié d’un pare-chocs à l’arrière, les ailes terriblement cabossées, il s’agissait d’une vieille Opel six cylindres qui n’avait certainement pas été lavée depuis des années. La portière passager avant  n’était pas correctement fermée. Comment peut-on conduire une telle voiture ?  Je me suis bien gardé de faire la moindre remarque désobligeante, mais cela ressemblait plus à une épave qu’à une voiture. Walter Künzel est monté à l’arrière. L’intérieur de la voiture était à l’image de son apparence extérieure. Il y avait des revues techniques sur le siège passager, lorsque j’ai enlevé la paperasse pour m’asseoir, un ressort en spirale a jailli du siège. Non, laissez les revues, vous serez bien mieux. » me dit-il.

Lorsque j’ai voulu fermer la portière, je n’ai pas trouvé de poignée. Il me précise alors : « Ah oui, la serrure est cassée et il n’y a plus de poignée » puis me tend une corde à rideau constituée de trois brins, reliés par des nœuds, qu’il a ramassé sous son siège, en me demandant de l’attacher pour bloquer la porte !

« A quoi suis-je censé l’accrocher ? »

– A la manivelle qui permet de relever la vitre.

– Je ne vois aucune manivelle !

– Ah oui c’est vrai , nous en avons eu besoin hier pour un test.

Wernher von Braun sort alors de la voiture, attache la corde à la poignée extérieure, jette le bout à travers l’ouverture de la vitre abaissée en disant  : « Improviser, c’est ce que nous faisons la moitié de notre vie ».  Ce que à quoi j’ai répondu : « J’espère que pour construire votre fusée vous n’improvisez pas de la sorte, avec des bouts de ficelle.»

Wernher von Braun revient ensuite prendre place sur le siège du conducteur, et attache fermement la corde à la colonne de direction… ».