Tous ces milliards gaspillés sur la Lune

Contrairement à une idée largement répandue, la majorité des américains pensaient que le programme Apollo était trop cher…

Ainsi à la question  « Le programme Apollo justifie-t-il son coût ? » les américains n’ont répondu par l’affirmative qu’à 41 % (Moyenne sur dix ans. Cf détail du sondage ci-dessous).

Wernher von Braun s’insurgeait contre la vision simpliste de ces « milliards gaspillés sur la Lune ».  Il avait coutume de rappeler : « Vous savez, nous ne dépensons pas cet argent sur la Lune, il est donné aux industries, aux centres de recherche, aux universités… Cet argent est dépensé ici aux Etats-Unis ! »

A la question : « Le programme Apollo justifie-t-il son coût ? » , voici le pourcentage des réponses affirmatives :

1963 : 38%
1964 : 40%
1965 : 45%
1966 : 40%
1967 : 35%
1968 : 37%
1969 : 53% (juste après Apollo 11)
1970 : 48%
1971 : 38%
1972 : 40%

Wernher von Braun prend des leçons de ski nautique avec Robin Moore

En vacances sur l’île de la Jamaïque à la fin des années 50, Wernher von Braun est descendu dans l’une des villas du complexe hôtelier « Blue Lagoon » non loin de Port Antonio et à proximité du fameux lagon bleu.

L’hôtel appartient à l’écrivain Robert Lowell Jr « Robin » Moore (1925-2008), qui deviendra mondialement célèbre quelques années plus tard avec les romans « Les Bérets Verts » en 1965, et « French Connection » en 1969, qui seront adaptés au cinéma… (Robin Moore est le fils de Robert Moore, co-fondateur avec Ernest Henderson du groupe hôtelier Sheraton.)
En 1944 il effectue un service militaire de deux ans dans l’US Air Force , affecté sur un bombardier il participe aux raids alliés sur l’Allemagne. Il recevra la « Air Medal » pour services exceptionnels.

Il se trouve que Moore dispense également des cours de ski nautique, et von Braun ne peut pas laisser passer l’occasion de pratiquer ce sport dans un des plus beaux lagons du monde. Un profond trou d’eau alimenté par des sources d’eau douce et relié à la mer par un étroit chenal. Suivant la position du soleil le lagon change de couleur passant de l’émeraude intense au bleu azur…

C’est ainsi que les deux hommes font connaissance et en viennent à évoquer les années de guerre. Moore confie qu’il était sur le bombardier qui a largué la première bombe accélérée par des fusées à poudre, sur Hambourg, la deuxième plus grande ville d’Allemagne après Berlin. Wernher von Braun se souvient avoir été à Hambourg lors de ce raid et avoir personnellement inspecté les dégâts et examiné les fragments de cette nouvelle arme des alliés.

Et voici que quelques années plus tard, Robin Moore donne trois leçons de ski nautique à Wernher von Braun sur le magnifique et paisible « Lagon Bleu » en Jamaïque.

 

Un petit tour sur la Lune et puis s’en va

Bien avant le triomphe d’Apollo 11, des premiers Hommes sur la Lune, l’Amérique avait déjà commencé à réduire ses dépenses spatiales civiles, très exactement dès 1966 lorsque pour la première fois depuis sa création le budget de la NASA est revu à la baisse.

Ainsi le budget 1967 (voté en 1966) sera amputé de plus de 500 millions de dollars par rapport à l’année précédente.

Au fil des années ce budget ne cessera de décroître pour ne plus représenter que moins de un pour cent du budget fédéral. Dans ces conditions, un projet de base lunaire, qui eut été une suite logique au programme Apollo n’a même jamais été sérieusement envisagé, au grand dam de Wernher von Braun, qui ne se prive pas pour dire tout haut ce qu’il pense de cette gabegie annoncée :

« Ainsi nous allons mettre un terme à notre effort, à tout ce que nous avons réussi, à tout ce que nous avons difficilement développé pour envoyer un Homme sur la Lune. Alors certains diront peut-être, qu’après tout, la seule et unique promesse faite au peuple américain est de faire atterrir un Homme sur la Lune, aussi, une fois la prouesse accomplie, le contrat rempli, tout le monde sera satisfait… Nous aurons peut-être droit à une tape dans le dos en guise de remerciement… Il ne restera plus alors qu’à laisser l’inscription «Kilroy was here»* sur la Lune, et le spectacle sera terminé » .

Quelques jours avant le lancement d’Apollo 11, Wernher von Braun s’est à nouveau exprimé sur l’absurdité d’abandonner l’exploration de la Lune :

« Les premiers atterrissages réussis sur la surface de la Lune ne nous permettront pas d’en apprendre beaucoup…  Rester seulement une nuit sur ​​la lune pour ne pas y retourner ne sert à rien, c’est totalement stupide, c’est comme si vous construisiez une voie ferrée de New York à Los Angeles pour ne faire qu’un seul voyage » !

* Kilroy was here est un célébrissime graffiti abondamment utilisé par les troupes américaines lors de la seconde guerre mondiale. Il représente un personnage chauve avec un long nez, qui regarde par-dessus un mur avec l’inscription : « Kilroy was here ». (Kilroy est passé par là). Une vision de réconfort pour les soldats envoyés se battre en terre inconnue. Kilroy est américain, il était là avant vous, il est de votre côté ! Une sorte de carte de visite de l’armée américaine… James Kilroy a réellement existé !

Gravé au dos du mémorial de la Seconde Guerre Mondiale à Washington D.C.

Bugs Bunny sur la Lune

On retrouve par exemple l’inscription « Kilroy was here » dans un dessin animé de Charles « Chuck » Jones datant de 1948 mettant en scène le personnage de Bugs Bunny, intitulé « Haredevil Hare ». Dans cet épisode le célèbre lapin est envoyé sur la Lune, alors qu’il déambule, réalisant à haute voix qu’il est le premier être vivant à mettre les pieds sur notre satellite, c’est du moins ce qu’il croit, il passe derrière un rocher sur lequel figure la fameuse inscription. Peu après il empêchera Marvin le Martien de détruire la Terre…