Wernher von Braun offre son fusil de chasse à Edward Uhl

En mai 1976 Wernher von Braun est de plus en plus faible, son cancer se généralise et il passe de plus en plus de temps à l’hôpital.

Sa femme et ses trois enfants, tous ses amis viennent souvent lui rendre visite, Eberhard Rees, Ernst Stuhlinger, Neil Armstrong etc… Et bien sûr Edward Uhl (1918-2010), (l’inventeur du « bazooka » – lance-roquettes M1), P.D.G de Fairchild Industries, le « patron » de von Braun. Ils se connaissent depuis 1946, Uhl était alors un ingénieur militaire et travaillait à White Sands.

Ce jour là, Ed Uhl vient voir son ami pour parler un peu boulot, von Braun est faible mais son esprit est toujours aussi vif…

Ed Uhl :  « Comment ça va aujourd’hui ? »

Wernher von Braun : « On m’a tellement fait de transfusions sanguines que je peux dire que je suis un américain pur-sang maintenant ! »

Les deux amis éclatent de rire. Ils discutent un long moment puis voyant que von Braun commence à fatiguer, Uhl fait mine de prendre congé, Wernher von Braun attrape alors un long paquet sous son lit et dit: « Avant de m’en aller, j’aimerais te donner mon fusil.»

Extrêmement touché, Ed Uhl accepte le cadeau et d’une voix tremblante murmure,   « Wernher… Merci infiniment. Je vais le nettoyer, le graisser, je le garde jusqu’à notre prochaine partie de chasse. »

Les deux amis se quittèrent les larmes aux yeux !

Pour Wernher von Braun le périgée est un peu bas

Durant l’été 1959, l’équipe de Wernher von Braun s’apprête à lancer le satellite Explorer S-1 dont l’orbite doit avoir un périgée de 160 kilomètres.

Le jour J, la Jupiter C version Juno II, s’élève normalement, puis soudain change de trajectoire, et se met à voler horizontalement à basse altitude au dessus des pas de tir, obligeant l’officier de sécurité à détruire la fusée avec son précieux chargement.

Le 16 juillet 1959, 5,5 secondes après le décollage, la fusée incontrôlable est détruite par le Range Safety Officer.

Josef Boehm, vétéran de Peenemünde, concepteur du satellite, est effondré, un travail de deux années, est réduit à néant en une fraction de seconde.

Il esquisse néanmoins un sourire quelques jours plus tard, lorsque von Braun lui montre une photo de la fusée volant horizontalement au dessus des tours de lancements à 5 ou 600 mètres d’altitude, avec ces mots :

«A Josef Boehm – Rien d’anormal, le périgée est seulement un peu bas ! » signé Wernher von Braun.