Neil Armstrong et le X-15

Si on vous demande le point commun entre les 12 pilotes du X-15, et les 12 astronautes ayant marché sur la Lune, il faut répondre : Neil Armstrong.

Outstanding Artwork by Tim Gagnon

Il est en effet le septième pilote du X-15, et le premier marcheur lunaire.

Un autre pilote du X-15, Joseph Engel, a bien failli, lui aussi, marcher sur la Lune lors de la mission Apollo 17, mais il est remplacé au dernier moment par le géologue Harrison Schmitt.

Entre le 30 novembre 1960 et le 26 juillet 1962, Neil Armstrong a effectué sept vols à bord du X-15, sur un total de 199.

Armstrong Vols X-15
Les 7 vols de Neil Armstrong (cliquer sur le tableau pour agrandir)

Ses records personnels :  Mach 5,74 – 6 420 km/h (le 6ème vol le plus rapide du programme X-15) – 63 246 mètres d’altitude.

Neil Armstrong a volé sur le premier X-15 équipé du Q-ball ou nose ball (un senseur d’attitude), et effectua l’évaluation du MH-96 (Minneapolis-Honeywell).

Le MH-96 es un système de commandes de vol adaptatif, qui comme son nom l’indique, s’adapte automatiquement aux conditions de vol de l’avion, en sélectionnant la meilleure combinaison, entre gouvernes aérodynamiques, et fusées de stabilisation.

L’outil idéal, et indispensable, pour aborder les vols à très haute altitude, aux portes de l’espace.

Rappelons que :

– Le record de vitesse du X-15 est détenu par Pete Knight avec 4 520 mi/h, soit  7 273, 5 km/h,  le  3 octobre 1967 (188 -ème vol)

– Le record d’altitude,  354 200 pieds, soit 107 960 m,  par Joseph Walker le 22 aout 1963  (91 -ème vol).

Neil Armstrong quitte le programme X-15, lorsqu’en septembre 1962, il est sélectionné dans le deuxième groupe d’astronautes de la NASA.

Neil_Armstrong X-15 1960
Neil Armstrong à côté du X-15 qu’il vient de piloter, la main sur le Q-ball (circa 1960)
Neil Armstrong Deputy associate admin
Dans son bureau d’Administrateur Associé Adjoint pour les questions aérospatiales à la NASA (circa 1970)
armstrong université cincinnati
Neil Armstrong, professeur de génie aérospatial à l’Université de Cincinnati (1979) -Photo/Peggy Palange, UC Public Information Office

Sur ses différents bureaux, pas de maquette du Module Lunaire, mais du X-15 !

Apollo-Soyouz, américains et soviétiques trinquent dans l’espace

Le 17 juillet 1975, lors de la mission Apollo-Soyouz, américains et soviétiques portent un toast dans l’espace…

En 1965, à l’occasion du XVI° Congrès International d’Astronautique, qui s’est déroulé à Athènes du 12 au 18 septembre, les astronautes Charles Conrad, Gordon Cooper et Donald Slayton rencontrent les cosmonautes Alexeï Leonov et Pavel Belyayev.

Des entrevues qui s’avèrent extrêmement cordiales.

Leonov-Conrad-Cooper-Beliaiev
Alexeï LEONOV – Charles CONRAD – Gordon COOPER – Pavel BELYAYEV

Lors d’une réception, Slayton confie à Leonov qu’une coopération spatiale est nécessaire entre les deux pays. Quant à Leonov, lors d’un discours prononcé un peu plus tard, il émet le souhait : « … qu’un jour dans le futur, nous trinquions ensemble à bord d’un vaisseau spatial soviéto-américain… »

Ce qui semblait n’être qu’un vœu pieux se réalise dix ans plus tard.

Lors des préparatifs de la mission Apollo-Soyouz, astronautes et cosmonautes ont eu l’occasion de trinquer en de nombreuses occasions, lors de leurs multiples visites respectives en URSS et aux Etats-Unis, et ils plaisantaient souvent sur le fait de savoir s’ils pourraient ou non porter un vrai toast russe dans l’espace.

Le 17 juillet 1975, alors que Thomas Stafford et « Deke » Slayton sont à bord de Soyouz (Vance Brand surveille les systèmes d’Apollo), Alexeï Leonov propose de porter un toast avant le repas, Slayton lance alors : « Alexeï, il y a 10 ans tu m’as promis une vodka à bord de notre vaisseau international ! »

N’attendant que ça, Leonov propose à ses convives des tubes sur lesquels ont peu lire « Vodka Russe », « Vodka Stolichnaya », (la marque de vodka la plus célèbre en Russie) à la grande stupéfaction des astronautes.

Stafford et Slayton commencent par refuser, l’alcool est strictement interdit, mais devant l’insistance de Leonov, pour qui il est impensable de déroger à cette coutume ancestrale, ils finissent par capituler.

Chacun lève donc son tube à la santé des autres ; « Cheers ! », « Za vas ! », «  Za tvoyo zdorovie ! »…

Mais, déception, le breuvage attendu n’est pas celui qualifié de « don de Dieu au peuple russe, le seul à même de réchauffer l’âme russe au cœur des hivers les plus rudes » mais du « borchtch », un potage traditionnel slave (fabriqué en Estonie pour le programme spatial soviétique).

Le facétieux Leonov avait recouvert les étiquettes de quelques tubes de soupes, et de jus de cassis, pour cette très sympathique plaisanterie…

Apollo-Soyouz
Slayton vodka

Pas de vodka, mais qu’importe, car comme le rappelle malicieusement et très justement Alexeï Leonov : « C’est l’intention qui compte ! »

Miss Apollona Soyuzovna

En avril 1975, lors du dernier séjour des astronautes américains en URSS, avant la mission prévue en juillet, les soviétiques offrent à leurs homologues, un album contenant tous les timbres parus en URSS, que tous les participants signeront. Parmi les cadeaux offerts par les américains, des polaroïds de Miss Apollona Soyuzovna !

Thomas Stafford raconte : « L’un des membres les plus audacieux de l’équipe, avait réussi à convaincre une superbe jeune femme d’un club pour hommes de Houston, de poser avec seulement trois écussons de la mission Apollo-Soyouz stratégiquement placés… »

Stafford surprendra le Professeur Konstantin Bushuyev (1914-1978), directeur soviétique du projet Apollo Soyouz, qui fut notamment ingénieur adjoint de Korolev au sein de l’OKB-1, glissant l’un des polaroïds dans sa poche !