Une fusée A4 s’égare et tombe au Mexique

Le jeudi 30 mai 1947, une fusée A4 tirée depuis White Sands (Tularosa Basin) au Nouveau Mexique, explose sur un tertre rocailleux, à moins de 5 km du centre résidentiel de la ville de Juarez au Mexique.

Le point d’impact se trouve à seulement 800 mètres du cimetière Tepeyac, à 1 km de l’aéroport Buena Vista où 12 avions ont ressenti le souffle de l’explosion, et à 2 km d’une raffinerie de pétrole !

Beaucoup d’habitants ont d’ailleurs pensé que c’est la raffinerie qui avait explosée…  Fort heureusement on ne déplore aucune victime, ni blessé.  Seules quelques vitres n’ont pas résisté au souffle de la déflagration…

Le missile numéro vingt-huit, mis à feu à 19:15 (heure locale) atteint l’altitude de 64 km, après un vol de 5 minutes le projectile de 4,5 tonnes percute le sol à la vitesse de 1 150 km/h créant un cratère de 15 mètres de diamètre et de 7 mètres de profondeur…

A l’origine le lancement était prévu pour 11:00, mais fut reporté à maintes reprises en raisons de problèmes techniques.

De nombreux témoins ont vu la trainée de la fusée et l’explosion de l’engin au moment de l’impact…

Le Lieutenant Colonel George F. Pindar,  commandant du Premier bataillon de lancement de missiles guidés, de White Sands dirige l’enquête officielle. Il arrive sur le site vers 20 heures.

Quelques jours plus tard, le Général John L. Homer, le commandant de Fort Bliss ainsi que le Consul Stephen Aguirre se rendent à Juarez pour présenter les excuses officielles du gouvernement américain au général Enrique Diaz et au Consul Général Raul Michel. Ils expliquent les circonstances de l’accident et assurent à leurs homologues qu’un rapport écrit officiel sera transmis au gouvernement central mexicain. Ils invitent également le général Diaz à White Sands pour assister au prochain lancement d’une fusée.

Chacun se félicite de l’absence de victimes. Par chance, le missile est tombé entre l’aéroport et la raffinerie de pétrole ! L’incident diplomatique est évité.

Un soldat du premier bataillon de lancement, se targuera de faire partie de la première unité américaine de l’histoire à avoir lancé un missile balistique sur un pays étranger !

D’après les premières conclusions de l’enquête  le gyroscope guidant l’engin aurait été paramétré à l’envers, faisant dévier l’engin vers le sud (le Mexique) dans la direction opposée…

V2 juarez

Lorsque les premiers officiels arrivent sur les lieux du « crash », ils constatent que de nombreux badauds se sont empressés de récupérer des morceaux de la fusée pour les revendre !

 

Wernher von Braun et Hermann Oberth

Hermann Oberth fut le premier professeur de “fuséologie” de Wernher von Braun. Oberth, que beaucoup d’allemands trouvaient excentrique, et ses idées visionnaires loufoques !

Wernher von Braun était heureux, d’avoir été l’un des rares à penser, que les idées d’Oberth étaient plausibles et se réaliseraient, il avait alors une quinzaine d’années !

“Dans son livre de 1923″ *, raconte von Braun au début des années soixante, “il a essayé de prouver scientifiquement quatre choses qui dépassaient la compréhension de la plupart de ses contemporains, à savoir :

  • que l’on peut construire un engin et l’envoyer dans l’espace
  • que l’Homme sera en mesure de s’affranchir de la gravité terrestre
  • que l’Homme pourra survivre dans un vaisseau spatial
  • que la recherche spatiale génèrera des bénéfices

Les trois premiers postulats ont été confirmés sans le moindre doute, et je pense que le quatrième est sur le point de l’être ! »

Oberth et von Braun en 1961

Die Rakete zu den Planetenraümen (Les fusées dans l’espace interplanétaire), la première thèse de doctorat au monde sur la navigation dans l’espace.

Frank Bryan fait un faux pas

Ce jour là, sur le pas de tir, l’ingénieur frais émoulu Frank Bryan observe les vapeurs d’oxygène liquide tourbillonnant, et formant des sortes de petites bulles au niveau de la base de la fusée Redstone.

Quelqu’un lui avait dit, qu’on pouvait les écraser avec le pied pour les faire éclater. 

Frank Bryan s’amusait donc à faire éclater ces petites bulles de LOX, lorsqu’ Albert Zeiler (1913-1975), le Directeur adjoint des infrastructures et chef du bureau Mécanique, Structure et Propulsion, arrive et lui crie : « Espèce de gamin stupide, tu vas te faire exploser le pied ! »

En effet, les surfaces en asphalte ou en bois, quand ils sont saturés d’oxygène liquide peuvent exploser sous un impact aussi faible que celui d’un pas !