Merci Monsieur Spoutnik

Gabriel Heatter

En janvier 1958, peu après la désintégration dans l’atmosphère du premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik 1, (le 4 janvier 1958), le célèbre animateur radio de MBS (Mutual Broadcasting System) Gabriel Heatter (1890-1972) fait sur les ondes la déclaration suivante :

« Merci M. Spoutnik. Vous ne saurez jamais tout ce que vous avez engendré. Vous nous avez choqué, aussi violemment que Pearl Harbor. Vous avez infligé un sacré coup à notre fierté. Vous nous avez fait réaliser que nous ne sommes pas les meilleurs dans tous les domaines. Vous nous avez fait redécouvrir un mot désuet, humilité. Vous nous avez réveillé après un longue torpeur. Vous nous avez fait prendre conscience qu’une nation peut ne parler que d’argent depuis trop longtemps. Une nation, comme un homme, peut devenir molle et complaisante. Qu’elle peut régresser lorsqu’elle pense être la numéro un en tout. Camarade Spoutnik, vous nous avez plus enseigné sur les Russes en une heure que tout ce que nous avions appris en quarante ans »

 

Tous ces milliards gaspillés sur la Lune

Contrairement à une idée largement répandue, la majorité des américains pensaient que le programme Apollo était trop cher…

Ainsi à la question  « Le programme Apollo justifie-t-il son coût ? » les américains n’ont répondu par l’affirmative qu’à 41 % (Moyenne sur dix ans. Cf détail du sondage ci-dessous).

Wernher von Braun s’insurgeait contre la vision simpliste de ces « milliards gaspillés sur la Lune ».  Il avait coutume de rappeler : « Vous savez, nous ne dépensons pas cet argent sur la Lune, il est donné aux industries, aux centres de recherche, aux universités… Cet argent est dépensé ici aux Etats-Unis ! »

A la question : « Le programme Apollo justifie-t-il son coût ? » , voici le pourcentage des réponses affirmatives :

1963 : 38%
1964 : 40%
1965 : 45%
1966 : 40%
1967 : 35%
1968 : 37%
1969 : 53% (juste après Apollo 11)
1970 : 48%
1971 : 38%
1972 : 40%

Wernher von Braun prend des leçons de ski nautique avec Robin Moore

En vacances sur l’île de la Jamaïque à la fin des années 50, Wernher von Braun est descendu dans l’une des villas du complexe hôtelier « Blue Lagoon » non loin de Port Antonio et à proximité du fameux lagon bleu.

L’hôtel appartient à l’écrivain Robert Lowell Jr « Robin » Moore (1925-2008), qui deviendra mondialement célèbre quelques années plus tard avec les romans « Les Bérets Verts » en 1965, et « French Connection » en 1969, qui seront adaptés au cinéma… (Robin Moore est le fils de Robert Moore, co-fondateur avec Ernest Henderson du groupe hôtelier Sheraton.)
En 1944 il effectue un service militaire de deux ans dans l’US Air Force , affecté sur un bombardier il participe aux raids alliés sur l’Allemagne. Il recevra la « Air Medal » pour services exceptionnels.

Il se trouve que Moore dispense également des cours de ski nautique, et von Braun ne peut pas laisser passer l’occasion de pratiquer ce sport dans un des plus beaux lagons du monde. Un profond trou d’eau alimenté par des sources d’eau douce et relié à la mer par un étroit chenal. Suivant la position du soleil le lagon change de couleur passant de l’émeraude intense au bleu azur…

C’est ainsi que les deux hommes font connaissance et en viennent à évoquer les années de guerre. Moore confie qu’il était sur le bombardier qui a largué la première bombe accélérée par des fusées à poudre, sur Hambourg, la deuxième plus grande ville d’Allemagne après Berlin. Wernher von Braun se souvient avoir été à Hambourg lors de ce raid et avoir personnellement inspecté les dégâts et examiné les fragments de cette nouvelle arme des alliés.

Et voici que quelques années plus tard, Robin Moore donne trois leçons de ski nautique à Wernher von Braun sur le magnifique et paisible « Lagon Bleu » en Jamaïque.