Wernher von Braun se prononce sur le discours de Kennedy

Kennedy 25 mai 1961Après le fameux discours du Président Kennedy devant le Congrès le 25 mai 1961, exhortant les américains à envoyer un Homme sur la Lune et à le ramener sain et sauf sur Terre avant la fin de la décennie, on a demandé à Wernher von Braun ce qu’il en pensait, voici ce qu’il a répondu :

« Je pense que c’est l’investissement le plus judicieux que l’Amérique n’ait jamais fait. Je ne dis pas cela simplement parce que je suis impliqué dans le programme spatial, mais parce qu’il s’agit précisément de l’aiguillon dont l’économie, la science et l’industrie ont besoin. Les vraies retombées n’ont rien à voir avec l’exploitation minière ou ramener de l’or de la Lune, mais résident dans l’enrichissement de notre économie et notre science par l’utilisation de nouvelles méthodes, de nouvelles procédures, de nouvelles connaissances et de nouvelles technologies en général. »

Wernher von Braun fut l’un des consultants principaux du Vice-Président Johnson, en charge des affaires spatiales, pour la prise de décision d’envoyer ou non un Homme sur la Lune. C’est Johnson qui a lancé la course à la Lune, c’est également sous sa présidence, que dès 1967, le budget de la NASA a connu ses premières réductions !

Von Braun Kennedy JohnsonWernher von Braun, John F. Kennedy, Lyndon B. Johnson (11 septembre 1962 – Marshall Space Flight Center)

Explorer 1 amène de l’eau fraîche pour Laïka

Après la mise en orbite du premier satellite américain, Explorer 1, le 31 janvier 1958, les dirigeants de la firme Disney, avec laquelle Wernher von Braun et Ernst Stuhlinger avaient collaboré sur trois émissions consacrées à la conquête de l’espace, ont envoyé un message de félicitations adressé : « A Wernher et Ernst, de vos amis de chez Disney ».

Ils avaient joint un dessin humoristique, qui montre une fusée surmontée d’une borne incendie. Cet « hydrant » étant destiné à pourvoir de l’eau fraîche à la chienne Laïka *, toute seule en orbite autour de la Terre à bord de Spoutnik 2.

Un fabuleux dessin avec pleins de références et d’allusions. Ernst Stuhlinger est dans le nez de la fusée, Wernher von Braun allume la mèche. Le petit marin est bien évidemment une représentation de l’US Navy qui devait lancer le premier satellite, Vanguard, qui fut un échec. (Scan et retouches: Olivier COUDERC – Source : « Wernher von Braun Crusader for Space » Ernst Stuhlinger, Frederick I. Ordway III)

* Par une cruelle ironie, le monde ignorait alors que le pauvre canidé est mort quelques heures après le lancement, de chaleur et de déshydratation, en raison du dysfonctionnement du système de survie.

Kevin Steen, le programme Apollo sa sauvé vie

Kevin Steen portrait web

Si Charlie Smith est l’invité le plus âgé à avoir assisté au lancement de la mission Apollo XVII, Kevin Steen peut se targuer d’être le plus jeune invité à bord du porte-avions USS Ticonderoga qui doit accueillir les astronautes au retour de leur périple lunaire.  Si la biographie de Charlie Smith est cousue de fil blanc, celle de Kevin Steen est bien réelle…

Cet enfant de douze ans (en 1972), blond aux yeux bleus, qui réside avec ses parents à Carefree en Arizona souffre depuis son plus jeune âge d’un cancer qui s’est déclaré au niveau d’un rein et s’est propagé à d’autres organes. En mai 1970 les oncologues  de la Clinique Mayo à Rochester dans le Minnesota, un des meilleurs hôpitaux des Etats-Unis, de renommée mondiale, avaient annoncé aux parents que leur enfant n’a plus que quelques mois à vivre… Au cours de la neuvième et dernière opération chirurgicale  ils se sont en effet aperçu que le cancer avait atteint pratiquement tous les organes, les muscles, les veines, ils ne peuvent plus rien faire, le cancer est généralisé!

Le père de Kevin, Orion Steen, appellera Wernher von Braun, avec lequel son fils correspond assidûment, et qu’il a rencontré, pour lui annoncer que Kevin est condamné, les médecins sont impuissants. Sa secrétaire à Washington, Julia « Julie » Kertes, (qui deviendra la secrétaire de James Fletcher l’administrateur de la NASA après le départ de von Braun)  se souvient que son patron a demandé à tous ses collaborateurs de prier pour Kevin…

Anéantis, les parents de Kévin, Orion et Helen Steen, prennent les dispositions de rigueur, achètent une concession funéraire, contactent les pompes funèbres… Ils se préparent à enterrer leur fils. Les mois passent, Kevin est toujours là… En 1972, contre toute attente, son cancer semble en rémission, mais telle l’épée que Denys l’ancien avait suspendue au-dessus de la tête de Damoclès, la maladie peut récidiver à tout moment et rapidement l’emporter ! Les cancérologues affirment qu’il produit chaque jour 100 000 cellules cancéreuses et qu’il s’en débarrasse aussitôt ! Lorsque von Braun apprend la nouvelle, il déclare : « Voilà la preuve de ce que peuvent accomplir les prières ! »

 « Il semblerait que Dieu ait un autre projet pour moi » clame Kevin.

Comme en est persuadé son père : « Une volonté implacable peut être plus forte que la chimie du corps. » Il ajoute :  « Ce sont nos prières et le programme Apollo qui ont sauvé la vie de notre fils !« 

Depuis son plus jeune âge Kevin Steen est vivement intéressé, c’est le moins que l’on puisse dire, par le programme spatial, il veut être astronaute, il ne pense qu’à ça, il collectionne les articles de journaux, tapisse les murs de sa chambre de posters, construit des maquettes, envoie des lettres à Wernher von Braun, aux astronautes…

Très vite sa situation de malade en phase terminale est connue de la NASA… Jack Swigert l’invitera au Centre Spatial Kennedy et lui fera faire le tour des installations, il sera invité à Houston au centre de contrôle des missions pendant le déroulement du vol Apollo 15, assistera au lancement d’Apollo 16, rencontrera Wernher von Braun, de nombreux astronautes et personnalités du programme spatial, il sera même reçu à la Maison-Blanche par Patricia Nixon…

C’est courant octobre 1972, qu’il reçoit une invitation émanant du vice-amiral John Lewis Butts, commandant des forces de récupérations du Pacifique des vols spatiaux habités, qui lui propose rien moins que de venir passer quelques jours à bord du porte- avions au moment de la récupération des astronautes d’Apollo XVII prévu pour le 19 décembre.

Le 15, il prend l’avion jusqu’à HawaÏ, puis un hélicoptère de la Navy qui l’emmène près de Samoa sur le Ticonderoga. Kevin Steen en fait la visite complète, barre même quelques instants le bâtiment, assiste aux opérations de récupération, accueille et côtoie les astronautes et personnalités lors des cérémonies officielles… Les pilotes de l’aéronavale lui offrent un blouson d’aviateur en cuir marron bardé d’écussons brodés ainsi qu’une casquette. « Quel beau cadeau de Noêl » s’extasie t-il à son retour, marqué par son périple !

Il sera nommé « ambassadeur » du programme Skylab et en 1975 sera invité au lancement d’Apollo Soyouz en compagnie d’autres jeunes malades du cancer. Kevin est désormais en rémission complète…

Totalement  guéri de son cancer, l’intérêt des médias s’estompe et Kevin qui attend avec impatience le premier vol de la Navette Spatiale retombe dans l’anonymat…

Du moins jusqu’en 1987 lorsqu’il refait la une des journaux, mais cette fois dans la rubrique faits divers… Alors âgé de 27 ans, il est recherché par la police de l’Arizona pour kidnapping, attouchements sexuels sur mineurs (dont une enfant de cinq ans), et d’autres délits. Début 1989 il est reconnu coupable, et incarcéré  !

La belle histoire se termine mal en définitive !

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Le gouverneur des îles Samoa (à g.), John Haydon serre la main du Vice-Amiral John Butts sous les yeux de Kevin Steen (Photo : The Haydon Museum)

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Kevin Steen en conversation avec l’astronaute scientifique Harrison Schmitt lors d’un dîner donné sur le porte-avions Ticonderoga (Photo: NASA)

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Sur l’aéroport de Pago-Pago dans les Samoa Américaines, Kevin Steen se trouve au milieu des astronautes, à gauche de Kevin sur la photo, Harrison Schmitt, derrière, Ronald Evans, et signant un autographe, Eugene Cernan.

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On aperçoit Kevin Steen derrière Harrison Schmitt

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 Kevin Steen discutant avec Ronald Evans. Eugene Cernan regarde en direction du photographe.