Au tout début du mois de juin 1963, le binôme constitué par John Glenn et Neil Armstrong se retrouve en pleine jungle du Panama, dans le cadre d’un stage de survie. Chacun dispose d’une machette de 30 cm, d’un hamac pour dormir au sec, d’hameçons, de fil de pêche, etc, bref, le minimum pour subsister dans la forêt tropicale.
Ils doivent mettre en pratique ce qu’ils ont appris ; faire du feu avec du balsa, boire de l’eau en coupant certaines feuilles, attraper lézards, serpents et insectes, ramasser les racines et baies comestibles…
Clin d’œil aux indiens Choco, dont c’est le territoire, qui participent très activement à leur formation, ainsi qu’au premier groupe hôtelier du monde, John Glenn et Neil Armstrong inscrivent sur un bout d’étoffe de parachute, à l’aide d’un morceau de charbon, « Choco Hilton », enseigne qu’ils disposent bien en évidence sur leur campement de fortune.
Dans les statistiques concernant le programme Apollo on donne souvent la durée totale des activités extra véhiculaires (EVA pour Extra Vehicular Activity) sur la surface de la Lune, sans préciser son mode de calcul, ni le temps réel passé par chaque astronaute. Le commandant sortant en premier et réintégrant le vaisseau spatial en dernier, il passait plus de temps sur la surface de la Lune proprement dite, que le LMP (Lunar module Pilot)
Il existe deux mode de calcul pour les EVA sur la surface de la Lune. Soit du moment où la cabine du Module Lunaire est dépressurisée jusqu’à sa repressurisation. (On applique la même méthode de calcul que pour une sortie dans l’espace). Soit du moment où l’astronaute pose réellement les pieds sur la Lune, jusqu’au moment où il se retrouve sur l’échelle du LM.
Neil Armstrong s’est tenu 2 heures et 14 minutes sur le sol lunaire
Buzz Aldrin = 1h 41mn
Charles « Pete » Conrad = 7h 45mn
Alan Bean= 6h 50mn
Alan Shepard = 8h 54mn
Edgar Mitchell = 8h 25mn
David Scott = 17h 36mn
James Irwin = 17h 11mn
John Young = 20h 14mn
Charles Duke = 20h 8mn
Eugene Cernan = 22h 4mn
Harrison Schmitt = 21h 56mn
Pour les six derniers astronautes, ce temps inclut celui passé dans le LRV (Lunar Roving Vehicle).
Les empreintes de leurs bottes resteront sur la Lune pendant des millions d’années !
Pour des motifs techniques liés en partie à leur situation géographique, les américains ont choisi l’amerrissage pour le retour sur Terre de leurs vaisseaux spatiaux, tout en envisageant bien évidemment la possibilité d’un retour inopiné sur la terre ferme, ce, dans les contrées les plus inhospitalières.
Ainsi l’entrainement des astronautes comprenait des stages de survie dans les divers environnements « hostiles » que l’on trouve sur notre planète, notamment les déserts qui représentent 30% des terres émergées, ou les forêts tropicales, environ 12% des terres émergées dans les années soixante.
L’US Air Force disposant d’une école de survie dans la jungle (Tropic Survival School), dirigée par Morgan Smith, qui faisait partie de la base aérienne Albrook* dans la zone du Canal de Panama.
C’est donc tout naturellement là-bas que les astronautes sont envoyés. Une session type dure 5 jours, une journée et demi pour les cours théoriques, trois jours en immersion dans la forêt, et une demi-journée consacrée au débriefing.
Lorsque les astronautes sont largués en pleine forêt en binômes (programme Gemini) ou en trinômes (programme Apollo), ils n’ont bien sûr aucun moyen de communication.
Sécurité oblige, chaque groupe est discrètement surveillé par deux moniteurs munis d’une radio pour donner l’alerte en cas de problème, et par des indiens Chocó (Emberá) dont le chef Antonio « Tony » Zarco l’un des consultants, était considéré par l’armée américaine comme le plus grand spécialiste au monde de la survie en milieu tropical.
Le Département de la Défense lui remettra sa Distinguished Public Service Medal, la plus haute distinction qu’un civil puisse recevoir du DoD, et la NASA son Silver Snoopy qui récompense toute personne ayant fait une contribution majeure dans le domaine de la sécurité.
En juin 1964 Antonio Zarco est invité par le gouvernement américain, il visitera notamment les centres spatiaux de la NASA ainsi que la capitale fédérale.
Antonio Zarco aux Etats-Unis
Les indiens Chocó pensent que les âmes des morts vont sur la Lune… Il est extrêmement émouvant de penser qu’ils ont connu les 12 Hommes ayant foulé leur astre sacré, et qui sont revenus sur Terre !
L’âme d’Antonio Zarco s’en est allée sur la Lune en 2010.
* La base Albrook a été fermée en 1997 en vertu des deux traités Torrijos–Carter signés en 1977 par le Président Jimmy Carter et le Général Omar Torrijos, qui donne au Panama la jouissance du canal à compter de 1999 alors qu’il était depuis 1903 sous contrôle américain.