Apollo 11 et le Révérend Ralph Abernathy

Le mardi 15 juillet 1969, le Révérend Ralph Abernathy (11 mars 1926 -17 avril 1990) qui a succédé à Martin Luther King (15 janvier 1929 – 4 avril 1968 – prix Nobel de la paix en 1964, assassiné à Memphis, Tennessee), comme responsable du SCLC* se présente devant le Centre Spatial Kennedy.

Il est assis dans un chariot tiré par une mule, accompagné de quelque 500 manifestants, chantant « We Shall Overcome » (Nous triompherons). Un chant de contestation, tiré d’un vieux gospel du révérend et compositeur Charles Albert Tindley (7 juillet 1851 – 26 juillet 1933).

Ils sont là, pour dénoncer « ce monumental gaspillage d’argent qui aurait pu servir à nourrir, vêtir, soigner, loger les pauvres ».

En mai 1968, une émission de télévision sur CBS, intitulée Hunger In America, « La faim en Amérique » révèle que 10 millions d’américains souffrent de la faim aux Etats-Unis, le pays le plus riche du monde, soit 5% de la population.

Des chiffres qui ont consterné les téléspectateurs.

Ralph Abernathy tenant dans la main une pancarte disant : « 12 dollars par jour pour nourrir un astronaute. Nous pourrions nourrir un enfant affamé pour 80 cents.
Le révérend Ralph Abernathy au Centre Spatial Kennedy. Derrière lui une pancarte qui dit : « Fusées ou Rachitisme « . Crédit photo : Jean-Pierre LAFFONT : Site Internet
Mme Mattie Gray et sa fille de 8 ans Jackie, souffrant de claudication, tenant une pancarte disant : « Des milliards pour l’espace, des centimes pour les affamés. »
Un des deux  chariots des manifestants.

Il y avait deux chariots, tirés chacun par une mule. Les mules avaient été baptisées Jim Eastland et George Wallace, du nom de deux politiciens, farouches défenseurs de la ségrégation raciale.

James Eastland (28 novembre 1904 – 19 février 1986), alors sénateur du Mississippi, et George Wallace (25 août 1919 – 13 septembre 1998) alors ancien Gouverneur de l’Alabama et candidat à la présidentielle. Il redeviendra Gouverneur d’Alabama le 18 janvier 1971.

Ralph Abernathy et Charles Cherry tenant une affiche disant : « Les enfants affamés ne peuvent pas manger de roches lunaires ».

L’Administrateur de la NASA, Thomas Paine (1921-1992), en personne, les rencontre. Après avoir tenté de leur expliquer que le problème de la pauvreté ne serait pas résolu par l’annulation de la mission, Paine invite une délégation à assister au lancement depuis le site officiel réservé aux visiteurs de marque.

Le lendemain, alors qu’ils attendent la mise à feu, les manifestants scandent le slogan :    « Nous ne sommes pas des astronautes, mais de simples gens».

Après le décollage, le Révérend, manifestement impressionné et bouleversé par cette expérience, déclara : « Je suis un des américains les plus fiers, je pense vraiment que l’Amérique est une Terre sainte. »

Un peu d’histoire dans la petite histoire : Ralph Abernathy était présent au Motel Lorraine de Memphis lorsque Martin Luther King reçoit une balle dans la gorge, il le prend dans ses bras et essaie de le rassurer en lui disant : « Martin, Martin, ça va aller »…

* SCLC = Southern Christian Leadership Conference (Conférence du leadership chrétien du Sud). Il s’agit d’une organisation américaine majeure du mouvement américain des droits civiques.

Apollo 11, pas d’hymne national sur la Lune

Le Président des Etats-Unis, Richard Nixon, souhaitait que l’hymne national soit diffusé lorsque les astronautes de la mission Apollo 11, Neil Armstrong et Edwin Aldrin seraient sur la Lune.

Cette idée fut rejetée par l’astronaute Frank Borman, le conseiller spécial du président pour cette mission, qui considérait que les activités symboliques prévues, prenaient déjà suffisamment de temps, pour que l’on évite d’en ajouter encore, au détriment du travail scientifique…

Il fit remarquer par ailleurs, que la diffusion d’ondes porteuses modulées en continue pendant 2 minutes et demie, constituait un risque potentiel pour le bien être des astronautes.

Borman conseilla donc à Nixon de faire jouer « la Bannière Etoilée » à leur retour sur Terre.

Ce qui fut fait !

Le message sur la Lune de Léopold Sédar Senghor

LSSSi la France n’a pas eu le temps d’envoyer un message de bonne volonté pour être gravé sur le disque de silicium d’Apollo 11 (Cf  Tous les espoirs de l’humanité sur un minuscule disque de silicium/) en raison de la toute récente élection à la présidence de la république de Georges Pompidou, notre pays peut s’enorgueillir d’y trouver celui de Léopold Sedar Senghor (1906-2001), un des plus grands poètes francophone du XXe siècle, élu au fauteuil 16 de l’Académie Française (qui en compte 40) le 2 juin 1983. (Succédant ainsi au duc Antoine de Lévis-Mirepoix)

Son télégramme, en date du 1 juillet 1969, alors qu’il est Président de la République du Sénégal, rédigé en français bien évidemment, est le suivant :

 « Ceci est un message des militants de la négritude.
C’est un message de solidarité humaine, un message de paix. Dans cette première visite à la lune, nous saluons moins une victoire de la technologie qu’une victoire de la volonté humaine : volonté de recherche et de progrès, mais aussi de fraternité. »