Apollo 16 et le traitement d’images

Pour Apollo 16 (puis pour Apollo 17) la NASA a passé un contrat d’un montant de 46 000 dollars (270 000 en dollars constants) avec une société californienne fondée par John Lowry (1932-2012), qui n’existait que depuis 3 mois, pour retravailler les images reçues depuis la Lune afin d’en améliorer la qualité.  

Ainsi les images d’ Apollo 16 arrivant à Houston étaient immédiatement retransmises à Image Transform, Inc. qui les traitait en temps réel, et les renvoyait aussitôt sur les écrans de la NASA, qui elle-même les retransmettait aux réseaux de télévision.

La nature de ce traitement informatique, resté secret pour protéger 9 brevets d’invention dont deux en instance d’homologation, a grandement amélioré la qualité des images.  Le délai d’affichage n’était augmenté que de 200 millisecondes.

Le but premier de l’opération était bien évidemment de permettre aux géologues de mieux conseiller les astronautes quant aux échantillons à collecter.  Ces derniers étaient ravis du résultat.

Apollo 16 –  Assemblage du Panorama: Mike Constantine

Et bien évidemment, les téléspectateurs en ont également bénéficié.

En 1988, John Lowry fonde la Lowry Digital Images qui s’est spécialisée dans la restauration de vieux films pour leur commercialisation en DVD…

En 2009, la NASA a fait appel à cette société pour restaurer les séquences vidéo de la mission Apollo 11, en très mauvais état.

Charles Duke et Mary Typhoïde

Lorsque le dimanche 16 avril 1972, Charles Duke s’apprête à s’installer dans le siège droit du module de commande d’Apollo 16, il découvre sur ce dernier, au niveau du repose tête une étiquette, avec une inscription en gros caractères : « Typhoid Mary’s seat ». (Siège de Mary Typhoïde)

L’étiquette qui mesure 7,5 cm x 1,27 cm, a été vendue aux enchères par Christie’s, le 9 mai 2001 pour 2350 dollars. Ici avec la lettre d’authenticité de Charles Duke.

D’après la lettre d’authenticité ci-dessus, il s’agirait d’un auto-collant, que Duke aurait récupéré après l’amerrissage, pour le garder en souvenir.

Cette blague est l’œuvre de Fred Haise, le commandant de réserve de la mission. On se souvient que deux ans auparavant, Haise avait fait partie de l’équipage d’Apollo 13, dont l’un des membres, Ken Mattingly, avait été remplacé 3 jours avant le lancement, car soupçonné d’avoir attrapé le virus de la rubéole (German measles – La rougeole se dit simplement measles) dont le délai d’incubation est d’une quinzaine de jours, et comme il n’avait jamais eu cette maladie, son sort fut rapidement scellé.

C’est Charles Duke, le pilote du module lunaire remplaçant, qui l’avait contracté par l’intermédiaire de l’un de ses fils, et qui avait, sans en avoir conscience, contaminé plusieurs personnes. Il faut savoir que la période de propagation du virus commence 7 à 10 jours avant l’apparition des sympômes physiques (éruption cutanée)… Au final Mattingly ne développa pas la maladie !

Charlie Duke avait également fait un séjour à l’hôpital en janvier 1972, pour une pneumonie d’origine bactérienne, deux mois avant le lancement d’Apollo 16, qui était prévu pour le 17 mars à l’origine .

Mary Typhoïde ne fait pas référence à la super-vilaine, ennemie de Daredevil, de l’univers Marvel Comics, puisqu’elle n’apparait qu’en 1988, 16 ans après Apollo 16.

Mary Typhoïde est le surnom de Mary Mallon (1869-1938), qui a occupé des emplois de cuisinière à New-York, et qui fut le premier cas authentifié aux Etats-Unis de porteur sain de la typhoïde. Au moins 51 cas de cette maladie, dont 3 décès, lui sont directement imputables, d’où son surnom.

Mary Mallon est née en Irlande du Nord à Cookstown (cela ne s’invente pas), elle sera confinée une deuxième et dernière fois à l’isolement 23 ans durant, et mourra en quarantaine d’une… pneumonie !

Depuis, aux Etats-Unis, on surnomme « Typhoid Mary » toute personne porteuse d’une maladie contagieuse, ou qui répand quelque chose d’indésirable, et plus généralement, qui porte la poisse.

En tout cas, cette petite blague de Fred Haise a bien fait rire Charles Duke et les personnes présentes.

Apollo 16 le seul rollback du programme Apollo

Le seul retour (rollback) dans le gigantesque hall d’assemblage (VAB pour Vehicle Assembly Building), d’une fusée Saturn V, s’est produit dans le cadre de la mission Apollo 16.

Alors que le lanceur est sur le pas de tir depuis le 13 décembre, les techniciens ont découvert, le 25 janvier, une fuite sur un réservoir en Téflon de l’un des RCS du module de commande, impossible à réparer en l’état.

Il a fallu remplacer également les trois parachutes, ainsi que le dispositif pyrotechnique permettant la séparation entre l’étage de remontée du module lunaire et le CM, juste avant de quitter l’orbite lunaire et l’injection vers la Terre.

Ce rollback a augmenté le coût de la mission Apollo 16 d’environs 200 000 dollars (1 200 000 en dollars constants), principalement pour payer les heures de travail et heures supplémentaires des techniciens ayant travaillé, y compris deux week-ends de suite, pour tout réparer.

Le coût total de la mission Apollo 16 est estimée à 445 millions de dollars (1972) soit 2,6 milliards en dollars constants.

Rollout :          lundi 13 décembre 1971
Rollback :       jeudi 27 janvier 1972
2ème Rollout :  mercredi 9 février 1972

Rollback (retour au VAB) de la Saturn V (SA-511) le 27 janvier 1972.