Enfin des images en couleur

La première retransmission TV en couleur, en direct, de l’espace, a été effectuée depuis Apollo 10.

Quelques mois avant le vol, Thomas Stafford avait eu l’occasion de tester un prototype de caméra TV couleur portable, fabriqué par la Westinghouse Electric Corporation.

Il fut absolument enthousiasmé et fit savoir que si la caméra était prête pour son vol, il la prendrait. Ce qui fut fait.

La caméra ne pesait que 4,7 kg, une prouesse pour l’époque, et l’écran du moniteur de contrôle avait la taille d’une carte de crédit.

Comme ils avaient choisi les indicatifs « Snoopy » pour le LM et « Charlie Brown » pour le CSM, ils utilisèrent des mires de circonstance, pour que les techniciens au sol puissent corriger le cas échéant le calibrage de la caméra. Le signal était traité au sol.

Un Snoopy sur fond rouge, et un Charlie Brown sur fond vert.

Le développement de cette caméra a coûté 250 000 dollars (1969) soit 1 500 000 dollars 2012.

Snoopy Mire rouge
John Young et Snoopy
John Young et Charlie Brown
John Young et Charlie Brown

Eugene Cernan a eu chaud !

Nous sommes à 24 heures du lancement de la mission Apollo 10, normalement l’astronaute Eugene Cernan devrait se trouver en quarantaine dans le O&C Building, avec ses co-équipiers Thomas Stafford et John Young.

Mais il se trouve que Donald K. « Deke » Slayton lui a accordé une très courte permission afin de passer quelques heures avec sa famille.

C’est une faveur tout à fait exceptionnelle, allant à l’encontre des règles de la NASA, et tout naturellement, Deke Slayton ne voulant pas que cette incartade soit rendue publique, a fait quelques recommandations à Cernan, dont bien évidemment celle de faire profil bas, de ne surtout pas se faire remarquer.

Le temps est venu pour Cernan de retourner au Cap, et comme tout astronaute qui se respecte il conduit vite… trop vite.

Manque de chance, il est bientôt arrêté par une voiture de police.

L’officier lui demande ses papiers, très embarrassé Cernan tergiverse, il ne veut pas révéler son identité, dire qu’il est astronaute, il répond évasivement aux questions… Excédé, le policier menace de l’emmener au poste…

La providence veut que Guenter Wendt passe par là… Reconnaissant Gene Cernan, il s’arrête…

Lorsque le policier lui explique la situation, Guenter Wendt sort son badge de la NASA, et lui explique que Eugene Cernan est l’un des astronautes qui doivent partir pour la Lune le lendemain. S’il faut appeler ses supérieurs pour le récupérer au poste, Cernan aura certainement de gros problèmes, sans parler du retard pour le programme spatial…

Compréhensif, mais dubitatif, le flic l’a laissé partir en lui disant :

« Fichez le camp et allez sur votre Lune !  » (« Get out of here, and go to your moon ! « )

Apollo 10, un juron médiatisé

Alors que Thomas Stafford et Eugene Cernan testent le LM en orbite lunaire lors de la mission Apollo 10, la machine a soudain un comportement erratique, de violents sursauts secouent les deux astronautes. Dans l’action, Cernan lâche « Fils de p… »

Malheureusement les communications étaient ouvertes et tout le monde l’a entendu… Ce juron a pris des proportions démesurées… On en a parlé bien plus que du succès de la mission Apollo 10 !

Ainsi le très vertueux Révérend Larry Poland, président du Miami Bible College, atterré par les propos de Eugene Cernan et outré par le fait que des mots que l’on ne trouve habituellement que sur les murs des toilettes, aient été proférés autour de la lune, a écrit une lettre au Président Nixon, pour demander que l’équipage d’ Apollo 10 fasse des excuses publiques, et qu’ils se repentent de leur vulgarité blasphématoire !

 La NASA a reçu 99% de lettres de soutien, la plupart arguant que confrontés à une situation similaire ils auraient certainement dit la même chose et peut-être bien pire.

 Finalement la NASA, demanda à Eugene Cernan de faire des excuses publiques… Young n’était pas concerné, et les paroles de Stafford, qui était surnommé, Mumbles (celui qui marmonne) n’avaient pas été distinctement entendues !

 Au cours de la conférence de presse, Eugene Cernan dira : « Je demande à ceux que j’ai pu offenser de bien vouloir m’excuser. Pour ceux qui ont compris, merci ! »

Le Révérend Poland accorda son pardon, mais Eugene Cernan se moquait éperdument de ce que pouvait bien penser ce bigot de la pire espèce !