Apollo 16 le seul rollback du programme Apollo

Le seul retour (rollback) dans le gigantesque hall d’assemblage (VAB pour Vehicle Assembly Building), d’une fusée Saturn V, s’est produit dans le cadre de la mission Apollo 16.

Alors que le lanceur est sur le pas de tir depuis le 13 décembre, les techniciens ont découvert, le 25 janvier, une fuite sur un réservoir en Téflon de l’un des RCS du module de commande, impossible à réparer en l’état.

Il a fallu remplacer également les trois parachutes, ainsi que le dispositif pyrotechnique permettant la séparation entre l’étage de remontée du module lunaire et le CM, juste avant de quitter l’orbite lunaire et l’injection vers la Terre.

Ce rollback a augmenté le coût de la mission Apollo 16 d’environs 200 000 dollars (1 200 000 en dollars constants), principalement pour payer les heures de travail et heures supplémentaires des techniciens ayant travaillé, y compris deux week-ends de suite, pour tout réparer.

Le coût total de la mission Apollo 16 est estimée à 445 millions de dollars (1972) soit 2,6 milliards en dollars constants.

Rollout :          lundi 13 décembre 1971
Rollback :       jeudi 27 janvier 1972
2ème Rollout :  mercredi 9 février 1972

Rollback (retour au VAB) de la Saturn V (SA-511) le 27 janvier 1972.

Le badge de la mission Apollo 13

Fin janvier 1970, la NASA révèle la photo du badge (ou écusson) de la mission Apollo 13, choisi par les astronautes James Lovell, Thomas Kenneth Mattingly, et Fred Haise.

Ce dernier a été dessiné par l’artiste Lumen Martin Winter (1908-1982).

James Lovell souhaitait une référence au dieu Apollon. Il a par ailleurs adapté la devise de l’Académie Navale : « Ex Scientia, Tridens » (De la connaissance, la puissance maritime) en « Ex Luna, Scientia » (De la Lune, la connaissance).

L’écusson de la mission Apollo 13.

En 1969, Lumen Martin Winter peint une fresque (6 m x 2,50 m) intitulée Steeds of Apollo (les coursiers d’Apollo) qui était exposée à l’hôtel St Régis de New-York.

Lorsque ce dernier est rénové on perd la trace de l’immense tableau, jusqu’à ce qu’il réapparaisse à l’occasion d’une vente aux enchères d’objets spatiaux à Los Angeles.

C’est l’acteur Tom Hanks, qui a joué le rôle de James Lovell dans le film de Ron Howard, Apollo 13, qui rachète l’œuvre et l’offre à Lovell.

Lorsque le fils de James Lovell, Jay, ouvre un restaurant près de Chicago en 1999, le Lovell’s of Lake Forest, l’immense tableau est accroché derrière le bar de l’établissement (photo ci-dessous).

A la fermeture de ce dernier, en 2015, Jay Lovell fait don du tableau au Capt. James A. Lovell Federal Health Center situé au Nord de Chicago.

C’est ce tableau qui a servi de modèle à l’écusson de la mission Apollo 13.

Lumen Martin Winter a fait une confusion très fréquente, entre Apollon, le dieu de la lumière solaire, et Hélios, le dieu du soleil… A l’origine c’est Hélios, qui chaque matin s’élance dans le ciel sur son quadrige.

Sur le badge, pour symboliser les trois astronautes, le quadrige devient un trige.

Comme l’a fait remarquer James Lovell : « Ironiquement, le quatrième cheval, distancé, aurait pu symboliser Ken Mattingly. »

Comme pour celui d’Apollo 11, le nom des astronautes ne figure pas sur l’écusson. Une drôle de coïncidence, lorsque l’on sait que trois jours avant le vol, Kenneth Mattingly, soupçonné d’avoir contracté le virus de le rougeole, est remplacé par Jack Swigert !

Le seul remplacement d’un membre d’équipage, de tout le programme Apollo !

Excepté l’écusson d’ Apollo 13, c’est James Lovell qui avait dessiné les badges de ses missions précédentes ; Gemini 7, Gemini 12, et Apollo 8.

Willy Brandt assiste au lancement d’Apollo 13

Willy Brandt (1913-1992), le chancelier de la république fédérale d’Allemagne, qui sera l’homme de l’année 1970 du magazine Time, et recevra le prix Nobel de la paix en 1971, est en visite officielle aux Etats-Unis du 4 au 11 avril 1970.

C’est la veille du décollage d’Apollo 13, auquel il doit assister, que se déroule le dîner officiel à la Maison-Blanche, en présence des principaux représentants de chacun des deux pays.

Le président Richard Nixon (1913-1994) a tenu à ce que Wernher von Braun et son épouse fassent partie des convives.

La réception à la Maison-Blanche commence à 20 heures. Lors du discours de bienvenue Richard Nixon déclare notamment : « Nous sommes particulièrement heureux, parce que demain, vous allez assister au lancement d’Apollo 13. Nous sommes également très honorés ce soir par la présence du Dr Wernher von Braun, qui nous rappelle la dette que nous avons envers ceux qui nous ont aidé dans nos projets spatiaux, et qui ont des origines allemandes. »

Le président précise également qu’il a appelé les astronautes James Lovell et ses collègues d’Apollo 13, au moment où ils dînaient. (L’appel a duré 5 minutes, de 19:34 à 19:39.) « Je leur ai souhaité bonne chance et leur ait confirmé que le Chancelier assisterai au décollage. Et qu’on annonçait un bien meilleur temps que l’année dernière, lorsque j’y ai moi-même assisté. »

Le dîner se termine à 23:20, lorsque le couple Nixon prend congé du couple Brandt, sous le portique Nord.

Le lendemain, Wernher von Braun fait le voyage à destination du Centre Spatial Kennedy, dans un avion présidentiel, en compagnie du chancelier Brandt. Pendant le vol, il lui explique en détail le déroulement de la mission.

Assis au centre, le chancelier de la république fédérale d’Allemagne Willy Brandt, à sa gauche, debout Wernher von Braun, à sa droite, assis, le vice-président des Etats-Unis, Spiro Agnew. (http://www.alamy.com/)

Le président Nixon a également téléphoné à l’astronaute Kenneth Mattingly, pour l’assurer de son soutien après son remplacement à la dernière minute (trois jours avant) par Jack Swigert. Les médecins craignaient qu’il ne soit porteur du virus de la rougeole, contracté par Charles Duke (de l’équipage remplaçant), qui avait côtoyé l’enfant d’un ami qui l’avait attrapé.

Pour l’anecdote, Nixon essaya de le joindre a plusieurs reprises la journée du 10 pour finalement ne l’avoir au bout du fil que le 11 à 11:47 très exactement, leur conversation dure moins de deux minutes.

Kurt Debus le directeur du centre spatial Kennedy offre à Willy Brandt un casque blanc – NASA Launch Control Center’s firing room
Au centre avec les lunettes noires, Wernher von Braun, devant lui le chancelier Willy Brandt, dans la tribune VIP du Centre Spatial Kennedy. (http://www.alamy.com/)
Willy Brandt serre la main du vice-président américain Spiro Agnew (1918-1996). A la gauche de Willy Brandt sa deuxième épouse, Rut (1920-2006). (http://www.alamy.com/)

La mission Apollo 13 ne soulève pas l’enthousiasme des foules, 100 000 touristes, comparé au million ayant assisté au lancement d’Apollo 11, et seulement 700 journalistes, bien moins que les 2 000 présents le 16 juillet 1969… Mais cela changera deux jours plus tard…