Charles Conrad commente la phrase de Neil Armstrong

Au Centre de Contrôle des Missions, dans la banlieue de Houston, personne n’est surpris lorsque Neil Armstrong et Buzz Aldrin demandent à modifier quelque peu le plan de vol.

En effet, ils sollicitent la permission d’effectuer leur sortie sur la Lune avant leur période de repos et non pas après, arguant que de toute façon ils n’arriveraient pas à dormir. 

Tous les astronautes et contrôleurs de vol se précipitent dans le MOCR (Mission Operations Control Room) pour assister à cet événement historique. Chaque console ne possède que 4 prises jack pour connecter un casque audio, et rapidement tous les emplacements sont occupés.

Charles « Pete » Conrad, qui doit commander la prochaine mission lunaire, ne trouve pas de place à la console du CapCom, aussi Jerry C. Bostick le responsable de la section « Dynamique de Vol », qui fait partie de l’équipe blanche de Gene Kranz (celle qui officiait lors de l’atterrissage sur la Lune), lui propose de venir brancher ses écouteurs sur la console  FDO (Prononcer FIDO – Flight Dynamics Officer), dans la « tranchée ».  

A ce moment-là, c’est Philip C. Shaffer de l’équipe verte de Clifford Charlesworth qui fait office de FDO.

Conrad et Bostick sont assis juste derrière la console, lorsque Neil Armstrong pose le pied sur la Lune et annonce : « C’est un petit pas pour un Homme, un bond de géant pour l’humanité ». Charles Conrad se tourne vers Jerry Bostick et lui demande : « Qu’est ce qu’il a dit ?

–  Un grand pas pour l’humanité  ! »

Pete Conrad reste pensif quelques secondes, et lance : « C’est bien le genre de Neil de dire un truc aussi profond. Si cela avait été moi, j’aurai probablement dit : nom de Dieu, cette surface* merdique est glissante ! »

*Charles Conrad parle de la « semelle » de 94 cm de diamètre placée à l’extrémité de chaque jambe, qui doit limiter l’enfoncement du Module Lunaire dans le sol et sur laquelle Neil Armstrong  doit sauter, du dernier barreau de l’échelle, avant de se stabiliser et poser un pied (le gauche en l’occurrence) sur la surface de la Lune.

La prétendue première photo publique de Wernher von Braun

Si l’on en croit Willy Ley (« Rockets, Missiles and Space Travel », 1958, The Viking Press) il s’agit ci-dessous de la première photo publique de Wernher von Braun, prise dans l’auditorium du Bureau de Poste Principal de Berlin (Posthörsaal, Postamt 24, Artilleriestrasse 10) en 1931.

En réalité cet événement s’est déroulé le le 11 avril 1930, lors d’une conférence de la « Verein für Raumschiffahrt e. v. » (Association pour les Voyages dans l’Espace) qui a débuté à 20:30 et à laquelle ont assisté environ 200 personnes. Il avait alors 18 ans !

Il s’avère que je viens d’être contacté (le 16 octobre dernier) par l’historien spécialisé dans le spatial, M. Randy Liebermann, qui m’affirme qu’il ne s’agit pas de Wernher von Braun sur cette photo. Les historiens Frank H. Winter et Michael Neufeld ont la même certitude.

Il s’agirait en réalité de Werner Brügel, qui trois ans plus tard publie un opuscule de 144 pages intitulé « Männer der Rakete » (Les Hommes Fusées).

Cet ouvrage regroupe des textes écrits par des grands noms comme : Hanns-Wolf v. Dickhuth-Harrach, Robert  Esnault-Pelterie, Robert H. Goddard, Franz von Hoefft, Willy Ley, C. P. Mason, Hermann Oberth, Guido v.Pirquet, N. A. Rynin, Friedrich Schmiedl, Johannes Winkler, Konstantin Tsiolkowski.

Willy Ley, qui était pourtant présent lors de cette réunion, aurait pu, des années plus tard, se méprendre, par exemple, sur les initiales WB qui auraient pu être inscrites sur la photo originale (?).

Des recherches sont en cours pour établir la véritable identité de cette personne.

Réunion VfR Berlin 1931

 

Gros plan Réunin VfR Berlin 1931


De g. à d. : Johannes Winkler (Président de la VfR), Willy Ley, Wernher von Braun, Werner Brügel (?), Rudolf Nebel, Max Valier, Erich Wurm (Avocat de la Société, spécialisé dans la propriété industrielle)

Article publié à l’origine le 14 décembre 2013 sous le titre « La première photo publique de Wernher von Braun « .

Je remercie infiniment M. Randy Libermann pour m’avoir communiqué cette information et assuré qu’il me tiendrait au courant de ses recherches.

La NASA doit changer son vieux Convair C-240

En 1962, lorsque le Space Task Group de Robert Gilruth fut transféré de Langley à Houston, les incessantes allées et venues à bord de ce vieux Convair C 240, dont la vitesse de pointe ne dépassait pas les 350 km/h, étaient loin d’être idéales. La NASA se prépare à envoyer des Hommes sur la Lune, alors que ses cadres se déplacent dans un vieux coucou !

Robert Seamans décide alors de convaincre James Webb d’acquérir un avion à réaction qui diviserait par deux le temps des trajets.

James Webb : « Il est hors de question d’avoir ce genre d’avions dans notre organisation, parce que les membres du Congrès impliqués dans le programme spatial voudront l’emprunter. Non, pas de jet chez nous ! »

Finalement, Robert Seamans propose à Webb d’acquérir un Gulfstream I,  (Grumann G-159) un avion à hélices avec un moteur à réaction, suffisamment lent pour que les membres du Congrès préfèrent les avions plus rapides de l’US Air Force, qu’ils peuvent utiliser à leur entière discrétion.

En définitive, la NASA acheta quatre Gulfstream 1, un appareil fut basé à Washington, un au Marshall, un à Houston et le dernier au Cap.

Chacun peut transporter 11 passagers. Ils ont une vitesse maximale de de 560 km/h, et une vitesse de croisière de 470 km/h, pas très rapides, mais plus que ce vieux Convair CV-240.

C’est ainsi que pendant plus de trente ans les cadres de la NASA se déplaceront dans ces Gulfstream I…

Anecdote dans l’anecdote : En 2004 la NASA possédait sept avions d’affaires, comptabilisant pour cette année-là, le transport de 10 000 passagers pour un total de 6,4 millions de km.  (Le Gulfstream I du Centre Spatial Johnson a été mis à la retraite en mars 2005).

Avions de la NASA

En août 2005 un rapport de le GAO (US Government Accountability Office), l’équivalent de notre Cour des Comptes, dénonçait le gaspillage des fonds publics relatifs à l’utilisation et l’entretien de ces avions. Si les collaborateurs de la NASA avaient utilisés les transports aériens, l’agence aurait pu économiser 20 millions de dollars (années fiscales 2003, 2004) !

Pour les anglophones, la rapport détaillé de cet audit.