Walter Schirra et la constellation d’Urion

Lors de la mission Gemini VI-A, qui s’est déroulée du 15 au 16 décembre 1965, l’astronaute Walter Schirra s’aperçoit qu’en évacuant les urines dans l’espace, le liquide se transforme en petits cristaux gelés que le soleil fait briller, et qui se confondent avec les étoiles.

Jamais à court d’idées pour faire une petite blague, il s’empresse de prendre des photos de ce phénomène…

De retour sur Terre, les pellicules sont développées, et il mélange malicieusement les clichés ainsi obtenus avec les vraies photos astronomiques.

C’est ainsi qu’à l’occasion d’un débriefing, le docteur Jocelyn Gill, responsable des expériences scientifiques menées dans l’espace à bord des vaisseaux spatiaux de 1961 à 1973, en compulsant les tirages, tombe sur l’une de ces prises de vues particulières.

Elle reste un moment dubitative, retourne la photo dans tous les sens,  et finit par demander à Schirra : « Wally, de quelle constellation s’agit-il ? »

« Jocelyn, ça, c’est la constellation… d’Urion ! » répond  l’incorrigible Walter Schirra, qui vient d’épingler une nouvelle victime de ses blagues, à son impressionnant tableau de chasse !

Par une de ces coïncidences dont seul le hasard a le secret, il se trouve que le premier rendez-vous spatial de l’Histoire entre deux vaisseaux spatiaux, qui a eu lieu justement entre  Gemini VI-A et Gemini VII, s’est produit « sous » la constellation d’ Orion !

Lors du programme Apollo, il fallait attendre la sublimation des cristaux d’urine après une vidange dans l’espace, pour effectuer un P52 (programme permettant la remise à zéro de la plate-forme inertielle) car sinon il était impossible de repérer les étoiles indispensables à cette opération.

Urion
Photo parue dans la revue « National Geographic » d’avril 1966 (page 548),  illustrant l’article sur Gemini VI-A et Gemini VII de Kenneth Weaver, intitulé « Space Rendezvous ». Il s’agit de l’un des clichés de cristaux d’urine dans l’espace pris par Walter Schirra. Ce dernier a collé  une étiquette sur la photo avec l’inscription « Constellation d’Urion » qu’il a présentée lors d’une conférence de presse. (Scan : Olivier COUDERC)
Dr Jocelyn R. Gill
Dr Jocelyn Ruth Gill (1916-1984) dont la spécialité était l’astronomie.

Alan Shepard monte sur scène

Après un spectacle donné à Cocoa Beach, au cours duquel il joue son sketch de l’astronaute couard, en incarnant son personnage fétiche de José Jimenez (prononcer hossèï himèness, avec le h aspiré), qui a propulsé sa carrière telle une fusée, c’est un Bill Dana hystérique qui appelle son producteur Mickey Kapp à New-York :

« Mickey tu aurais dû être là ! Tu ne me croiras jamais ! Je venais de commencer mon sketch, lorsque ce gars est monté sur scène et a pris la place de l’interviewer. Il connaissait toutes les paroles, Mickey ! C’était la folie dans la salle ! C’était Al Shepard ! Deke Slayton et Wally Schirra étaient là également ! Ils connaissent le sketch par cœur ! »

Le sketch, irrésistible de drôlerie. (en anglais)

Bill Dana deviendra le huitième astronaute du groupe 1 ! https://www.anecdotes-spatiales.com/bill-dana-jose-jimenez-lastronaute/

 

Wernher von Braun rencontre Leonid Sedov

C’est en 1958 à Amsterdam, lors du IX Congrès de la Fédération Astronautique Internationale que Wernher von Braun rencontre pour la première fois Leonid Sedov (président de la FAI de 1959 à 1961) que les occidentaux ont longtemps pris pour le responsable du programme spatial soviétique. C’est la première fois que von Braun assiste à un congrès de la FAI.

Sedov étant plus à l’aise avec l’allemand que l’anglais, c’est dans la langue de Goethe que les deux hommes s’entretiennent. (Sedov est un physicien de formation et au cours du 19ème et du début du 20ème siècle, l’allemand est la langue privilégiée des scientifiques. La science allemande est alors florissante et domine le monde, notamment en chimie et en physique…) Leur sujet de conversation tournera principalement autour de la législation spatiale  et du principe de la non extension de souveraineté nationale sur la Lune par exemple. En 1958 aucune loi, aucun traité n’avait encore été signé, ni même rédigé ! A cette époque la guerre froide entre USA et URSS était à son apogée !

von Braun mit en exergue les applications pratiques, ainsi il suggéra que si américains et soviétiques venaient à atterrir en même temps sur la Lune ce ne serait pas la loi ni la politique terrestre qui s’appliquerait, et si l’une des expéditions venait à avoir un problème, tout serait mis en œuvre par l’autre pour lui porter secours et assistance. Comme le font tout naturellement les explorateurs en environnements hostiles lorsqu’il s’agit d’une question de survie.  Sedov acquiesça !

Wernher Von Braun, son épouse Maria et Léonid Sedov

Wernher von Braun, Maria von Braun et Leonid Sedov lors du XIème Congrès de la FAI à Stockholm en 1960. (Scan : Olivier COUDERC – Source : « Wernher von Braun Crusader for Space » Ernst Stuhlinger, Frederick I. Ordway III)