Apollo 14, les journaux américains commentent les problèmes d’amarrage

« Alors que le monde attend fébrilement l’issue du problème d’amarrage, il y a un fort sentiment de déception à l’idée que tous les efforts, l’entrainement et la préparation pour cette mission Apollo 14, soient mis en péril. »  Dans le New York Times du 1er février 1971.

Le même jour, l’éditorial du Washington Evening Star, qualifie Apollo 14 de mission sous pression.

Les astronautes d’ Apollo 14 de g. à d. : Edgar Mitchell, Alan Shepard, Stuart Roosa

Une mission dont certains aspects, présentent des caractéristiques qui méritent d’être relevées.

Il s’agit de la première mission Apollo, dont l’équipage est composé d’astronautes qui n’ont jamais été en orbite terrestre, et commandée par un vétéran qui cumule un total de 15 minutes dans l’espace [NdT : Shepard est resté 4 minutes et 41 secondes en impesanteur).

La mission Apollo 14 est sous la responsabilité du plus vieil Homme à aller dans l’espace. Du premier américain à avoir volé sur une fusée, et du seul astronaute à avoir réintégré les rotations de vol, après une longue période d’inactivité forcée, due à des problèmes médicaux.

C’est la première mission Apollo, dont le lancement a été reporté en raison de conditions météorologiques.

C’est la première mission qui doit faire face à un incident sérieux dès le premier jour. C’est une mission dont l’issue, de l’avis de beaucoup de personnes haut placées au sein de l’agence spatiale, décidera du futur des vols habités. »

Un cadeau pour Leo DeOrsay

Avant de quitter le porte-avions USS Lake Champlain, Alan Shepard souhaite examiner son vaisseau spatial.

Le responsable NASA de l’équipe de récupération, Charles Tynan, vient juste de noter la position de tous les interrupteurs du tableau de bord, et les mesures affichées par les divers indicateurs et autres jauges.

Il se tient à côté du vaisseau spatial et s’apprête à partir lorsqu’ Alan Shepard arrive. Normalement la NASA avait donné comme instruction au personnel de ne pas parler à Shepard afin que son esprit ne soit pas « pollué » par des informations autres, que celles en rapport avec son vol.

Contre toute attente Shepard entame la conversation…  Les journalistes qui assistent de loin à la scène rapporteront dans leurs comptes rendus qu’il s’agissait d’une longue discussion technique… En réalité il n’en est rien… Après avoir confié à Tynan que ce vol bien trop court était fantastique, qu’il est ravi d’avoir amerri à portée visuelle du porte-avions, et combien il se sentit soulagé lorsque le parachute principal s’est déployé, il lui demande un service : démonter l’horloge de bord de Freedom 7 et la lui remettre de retour au Cap.

Tynan étant extrêmement réticent à récupérer quoi que ce soit sur le premier vaisseau spatial américain, Shepard a dû le persuader un long moment avant qu’il ne finisse par consentir.

Comme cette montre « huit jours » n’a aucune valeur scientifique ou technique dans le cadre de la mission, Tynan accepte de dévisser quelques boulons, et met l’objet dans son attaché-case.

Quelques jours plus tard Tynan remettra l’horloge à Shepard dans le Hangar S.

Les sept astronautes avaient eu l’idée de faire monter l’horloge sur un support en bois de noyer, pour l’offrir à leur avocat, Leo DeOrsay, qui défendait gratuitement leurs intérêts !

Alan Shepard comme un matador

Après un examen médical, physique et psychologique qui a duré un peu moins de deux heures, Alan Shepard se rend dans la salle d’habillage (suit room), où Joe Schmitt va l’aider à revêtir sa combinaison spatiale.

William Douglas, le médecin des astronautes, assiste à ce méticuleux processus… 

Il se rappelle : « Je ne sais pas pourquoi, mais cela me remémora l’habillage du matador avant la corrida. Un astronaute et un matador n’ont rien en commun, mais quand j’étais en Espagne, j’ai assisté à ce rituel, et l’atmosphère était exactement la même, une solennelle anxiété, un silence religieux, beaucoup de gens autour de lui. Et par-dessus tout, une vague odeur de mort. »