Une prière pour célébrer les premiers pas de l’Homme sur la Lune

Le lundi 21 juillet 1969, à midi précise, s’ouvre la première séance plénière de la Chambre des Représentants du Congrès américain, après les premiers pas de Neil Armstrong et Edwin Aldrin sur la Lune, survenus quelques heures auparavant.

Le Révérend Edward Gardiner Latch (1901-1993) qui est le 57ème aumônier de la Chambre des Représentants, il officia du 1967 à 1978, évoque en préambule le psaume 19 :1 « Les cieux racontent la gloire de Dieu, et le firmament l’étendue de son œuvre. »

Lire une prière avant les réunions journalières est une coutume qui remonte au second Congrès Continental, constitué le 10 mai 1775.

Il prononce ensuite ce petit sermon :

« Dieu éternel, notre père, alors que nous venons vers toi en prières, que ton esprit emplisse notre cœur avec ton amour, notre raison avec ta sagesse et nos esprits avec ta force…

En ce jour glorieux, où nos astronautes ont atterri sur la Lune et marché sur sa surface, le cœur de notre nation se réjouit, et ensemble nous sommes remplis de joie pour ce que l’Homme a accompli avec ton aide.

Fasse que nous interprétions la portée de cet événement avec sagesse et que nous puissions appréhender ton grand et bienveillant dessein pour toute l’humanité.

Alors que nous regardons vers la Lune et sommes touchés par la magnificence de cette mission, nous devons également porter notre regard sur les misères de l’Homme sur cette planète et faire en sorte de les éradiquer afin que tous puissent vivre avec dignité, respect, et bonne volonté.

Que chaque cœur se réjouisse pour ce que l’Homme peut accomplir à tes côtés.

Dans l’esprit de Celui qui allait partout en faisant le bien, nous prions.

Amen. »

Il se trouve que le psaume 19:1 est également très cher à Wernher von Braun, il le choisira pour épitaphe.

L’hommage de Wernher von Braun à Rudolf Nebel

Le 10 août 1969, 17 jours après le retour sur Terre des astronautes d’Apollo 11, Wernher von Braun envoie un courrier à Rudolf Nebel (21 mars 1894 – 18 septembre 1978), alors âgé de 75 ans.

Rudolf Nebel (au centre) et Hermann Oberth (en haut à droite) assistent au lancement d’Apollo 11.

Rudolf Nebel était l’ancien directeur de la « Raketenflugplatz Berlin », le premier centre de lancement de fusées du monde, fondé le 27 septembre 1930, qui a fermé ses portes le 30 septembre 1933, huit mois après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler.

Lettre-de-WVB-a-Nebel

Ma traduction :

Cher Rudolf,

Après le retour sur Terre de notre équipage d’Apollo 11, et alors que nous avons déjà reçu les premiers résultats et évaluations intéressantes de leur excursion sur la Lune, je suis impatient d’adresser mes plus sincères remerciements à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce grand exploit.

Ce faisant, je me souviens particulièrement de tes contributions décisives au développement des fusées à ergols liquides, qui ont permis de créer les bases sur lesquelles reposent les succès actuels des voyages spatiaux.

Je tiens à te remercier sincèrement pour ton travail de pionnier, de la part de nous tous, qui avons eu le privilège de développer la fusée Saturn V, sur les épaules de laquelle les premiers humains ont pu être envoyés sur la Lune.

Bien amicalement,

Wernher

P.S.  Je suis heureux que tu aies pu assister au lancement d’Apollo 11.

Rudolf Nebel en conversation avec Wernher von Braun. Juste derrière, Hermann Oberth. Photo prise le 6 septembre 1959 à Francfort en Allemagne, lors du 50e anniversaire du Salon International de l’Aviation.

Michael Collins seul comme aucun terrien ne l’avait jamais été

Michael Collins, (31 octobre 1930 – 28 avril 2021) seul en orbite autour de la Lune lors de la mission Apollo 11, pendant que Neil Armstrong (5 août 1930 – 25 août 2012) et Buzz Aldrin (né le 20 janvier 1930) sont sur la Lune, reste, à chaque révolution (14), environ 47 minutes sans voir la Terre et sans pouvoir contacter le Contrôle de Mission.

Alors que Michael Collins se trouve en quarantaine avec ses deux coéquipiers, il reçoit une lettre :

« Quelle magnifique expérience ce dut être, seul à contempler un autre corps céleste, tel un dieu de l’espace !  Il existe un degré de solitude, que l’on ne peut pas appréhender si on ne l’a pas vécu. Vous avez fait l’expérience d’une solitude qu’aucun Homme avant vous n’avait jamais connue. Je pense que vous allez vous rendre compte, que cela vous permet désormais de raisonner et de percevoir les choses avec beaucoup plus d’acuité. »

L’auteur de la missive a lui aussi connu une immense et longue solitude physique pendant les 33 heures et trente minutes qu’a duré sa traversée de l’Atlantique, de New-York à Paris, du 20 au 21 mai 1927 ; il sait de quoi il parle. Il s’agit bien évidemment de Charles Lindbergh (4 février 1902 – 26 août 1974).

Charles A. Lindbergh qui écrira la préface de l’éblouissante autobiographie de Michael Collins intitulée « Carrying the Fire », dont la première édition date de 1974 (cinquième anniversaire d’Apollo 11), parue quelques semaines avant son décès.

« Je savais que j’étais seul, comme aucun terrien ne l’avait jamais été. »

« I knew I was alone in a way that no earthling has ever been before »

Michael Collins in « Carrying the Fire ».