L’hommage de Wernher von Braun à Rudolf Nebel

Le 10 août 1969, 17 jours après le retour sur Terre des astronautes d’Apollo 11, Wernher von Braun envoie un courrier à Rudolf Nebel (21 mars 1894 – 18 septembre 1978), alors âgé de 75 ans.

Rudolf Nebel (au centre) et Hermann Oberth (en haut à droite) assistent au lancement d’Apollo 11.

Rudolf Nebel était l’ancien directeur de la « Raketenflugplatz Berlin », le premier centre de lancement de fusées du monde, fondé le 27 septembre 1930, qui a fermé ses portes le 30 septembre 1933, huit mois après l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler.

Lettre-de-WVB-a-Nebel

Ma traduction :

Cher Rudolf,

Après le retour sur Terre de notre équipage d’Apollo 11, et alors que nous avons déjà reçu les premiers résultats et évaluations intéressantes de leur excursion sur la Lune, je suis impatient d’adresser mes plus sincères remerciements à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce grand exploit.

Ce faisant, je me souviens particulièrement de tes contributions décisives au développement des fusées à ergols liquides, qui ont permis de créer les bases sur lesquelles reposent les succès actuels des voyages spatiaux.

Je tiens à te remercier sincèrement pour ton travail de pionnier, de la part de nous tous, qui avons eu le privilège de développer la fusée Saturn V, sur les épaules de laquelle les premiers humains ont pu être envoyés sur la Lune.

Bien amicalement,

Wernher

P.S.  Je suis heureux que tu aies pu assister au lancement d’Apollo 11.

Rudolf Nebel en conversation avec Wernher von Braun. Juste derrière, Hermann Oberth. Photo prise le 6 septembre 1959 à Francfort en Allemagne, lors du 50e anniversaire du Salon International de l’Aviation.

Joseph Fielding Smith, l’Homme n’ira jamais dans l’espace

Dans un article de la série « Answers to Gospel Questions » (Réponses aux questions sur l’Évangile, Salt Lake City, 1953), Joseph Fielding Smith Jr. (19 juillet 1876 – 2 juillet 1972) alors Président du Collège des douze apôtres, qui dirigera l’Eglise de Jésus-Christ des saints des derniers jours (Mormons) à partir du 23 janvier 1970, avait écrit : 

« Il est très peu probable que l’homme ne puisse jamais fabriquer un instrument ou un vaisseau pour voyager dans l’espace et visiter la Lune ou toute planète lointaine. »

En 1961, lors d’une conférence à Hawaii, il enfonce le clou :

« Nous n’enverrons jamais un homme dans l’espace. Cette Terre est la sphère de l’homme et il n’a jamais été prévu qu’il s’en éloigne. La Lune est une planète au-dessus de la Terre et il n’a jamais été prévu que l’homme s’y rende. Vous pouvez l’écrire dans vos livres, cela n’arrivera jamais. »

Interrogé sur ses affirmations en 1970, il a bien dû admettre qu’il s’était lourdement trompé.

En septembre 1971, dix mois avant sa mort, les astronautes de la mission Apollo 15 lui ont offert un drapeau de l’Utah, le siège de l’église mormone se trouve à Salt Lake City, ayant fait le voyage avec eux, sur la surface de Lune.

Joseph Fielding Smith

Michael Collins seul comme aucun terrien ne l’avait jamais été

Michael Collins, (31 octobre 1930 – 28 avril 2021) seul en orbite autour de la Lune lors de la mission Apollo 11, pendant que Neil Armstrong (5 août 1930 – 25 août 2012) et Buzz Aldrin (né le 20 janvier 1930) sont sur la Lune, reste, à chaque révolution (14), environ 47 minutes sans voir la Terre et sans pouvoir contacter le Contrôle de Mission.

Alors que Michael Collins se trouve en quarantaine avec ses deux coéquipiers, il reçoit une lettre :

« Quelle magnifique expérience ce dut être, seul à contempler un autre corps céleste, tel un dieu de l’espace !  Il existe un degré de solitude, que l’on ne peut pas appréhender si on ne l’a pas vécu. Vous avez fait l’expérience d’une solitude qu’aucun Homme avant vous n’avait jamais connue. Je pense que vous allez vous rendre compte, que cela vous permet désormais de raisonner et de percevoir les choses avec beaucoup plus d’acuité. »

L’auteur de la missive a lui aussi connu une immense et longue solitude physique pendant les 33 heures et trente minutes qu’a duré sa traversée de l’Atlantique, de New-York à Paris, du 20 au 21 mai 1927 ; il sait de quoi il parle. Il s’agit bien évidemment de Charles Lindbergh (4 février 1902 – 26 août 1974).

Charles A. Lindbergh qui écrira la préface de l’éblouissante autobiographie de Michael Collins intitulée « Carrying the Fire », dont la première édition date de 1974 (cinquième anniversaire d’Apollo 11), parue quelques semaines avant son décès.

« Je savais que j’étais seul, comme aucun terrien ne l’avait jamais été. »

« I knew I was alone in a way that no earthling has ever been before »

Michael Collins in « Carrying the Fire ».