Des bandes rouges sur la combinaison lunaire ou les galons du commandant

Lors de la mission Apollo 11, il était impossible de différencier les astronautes sur la surface de la Lune.

Brian M. Duff (3 mars 1927 – 14 janvier 1998), qui vient de remplacer Paul Haney (20 juillet 1928 – 28 mai 2009) il y a seulement deux mois, à la tête du service des relations publiques du centre des vaisseaux spatiaux habités (Manned Spacecraft Center), se trouve dans le laboratoire photographique du centre spatial, avec d’autres personnes.

Ils sont à la recherche, pour la presse qui s’impatiente, de la meilleure photo de Neil Armstrong sur la Lune. Le même problème se pose dans toute son acuité.

Brian M. DUFF (1969) – Crédit photo : Historic Images

Il est vrai que le cas de la mission Apollo 11 est un peu particulier, dans la mesure où pratiquement toutes les photos ont été prises par Neil Armstrong lui-même !

Il ne s’agit plus de trouver la meilleure photo d’Armstrong, mais la moindre image de lui sur la surface de la Lune !

Pour remédier à ce problème crucial, Brian Duff, propose une idée toute simple, ajouter un signe distinctif, comme des bandes de couleur, sur la combinaison du commandant de la mission.

Cette excellente idée n’ayant pu être appliquée pour la mission Apollo 12, par manque de temps, c’est James Lovell, le commandant de la malheureuse mission Apollo 13 qui aurait dû inaugurer cette nouveauté.

Ce sera finalement Alan Shepard, le commandant de la mission Apollo 14.

C’est ainsi que des bandes rouges furent cousues sur les jambes et les bras des combinaisons des commandants de mission, ainsi qu’une marque rouge apposée sur le Lunar Extravehicular Visor Assembly.

Pendant quelques heures, ces bandes rouges ont été appelées les « marques des relations publiques » (Public Affairs Stripes) mais très vite, en jouant sur les différentes significations du nom stripe, un petit malin les surnomma les « galons du commandant » (Commander’s Stripes).

Le voyage de Neil Armstrong en URSS

A l’invitation de l’académie des sciences de l’URSS, Neil Armstrong, qui est depuis le 18 mai administrateur associé adjoint pour l’aéronautique à la NASA, se rend en Union soviétique du 24 mai au 5 juin 1970.

L’objectif premier de ce déplacement consiste à prononcer un discours lors de la treizième assemblée générale du COSPAR  (Committee on Space Research), créé en 1958 sous l’égide du ICSU (International Council of Scientific Unions), qui se tient cette année-là, du 20 au 29 mai, dans le somptueux Palais de Tauride à Leningrad (rebaptisée à nouveau Saint-Pétersbourg en 1991), la capitale des tsars pendant deux siècles. C’est la première fois qu’une réunion du COSPAR est organisée en Union soviétique. Neil Armstrong se rendra également à Novosibirsk en Sibérie, ainsi qu’à Moscou.

32 officiels de la NASA et scientifiques américains participent à cette treizième réunion du COSPAR, dont George Low (10 juin 1926 – 17 juillet 1984) , administrateur adjoint de la NASA, Gerald Truszinsky administrateur associé de la NASA, responsable du réseau de suivi et d’acquisition des données (Tracking and Data Acquisition), ou encore le Dr Leonard Jaffe du JPL (Jet Propulsion Laboratory), le scientifique en chef du projet Surveyor.

Il s’agit de la deuxième visite d’un astronaute en URSS, après celle de Frank Borman du 2 au 11 juillet 1969, elles marquent les prémices du réchauffement des relations entre les deux pays, qui aboutira à la mission conjointe Apollo-Soyouz en 1975.

Après une escale à Varsovie, Neil Armstrong atterrit à l’aéroport Pulkovo de Leningrad le 24 mai, le tapi rouge est déroulé, mais la presse n’a pas été mise au courant de la venue de ce visiteur de marque.  Il est accueilli sur le tarmac par les cosmonautes Georgi T. Beregovoi (15 avril 1921 – 30 juin 1995) (Soyouz 3 en 1968) et Konstantin P. Feoktistov  (7 février 1926 – 21 novembre 2009) (Voskhod 1 en 1964) qui l’accompagneront tout au long de son séjour. On se souvient qu’ils étaient venus aux Etats-Unis en octobre 1969. Parmi les hôtes de Neil Armstrong figurent également l’académicien Anatoli Blagonrarov et Anna Boikova la maire adjointe de Leningrad.

Le soir même, lors d’un dîner, le premier toast du général Beregovoï, est en l’honneur du retour sain et sauf des astronautes de la mission Apollo 13 (mission du 11 avril 1970 – 17 avr. 1970) « qui dans une situation périlleuse ont montré un courage, une détermination et un professionnalisme à toute épreuve ». Il conclu son hommage avec ces mots : « bon décollage et atterrissage en douceur ».

Le 25 mai, Neil Armstrong prononce son discours qui s’intitule « l’exploration de la surface de la Lune » devant quelque 800 délégués soviétiques et 420 délégués en provenance de 30 pays. Le 28, il commente un film sur les missions Apollo 11 et 12.

Neil Armstrong prononçant son discours devant les délégués du COSPAR.

Durant son séjour à Leningrad il se rend notamment : au Cimetière mémorial de Piskarevskoïe, inauguré le 9 mai 1960 à l’occasion du quinzième anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie, il rassemble sur 26 hectares les dépouilles de près de 470 000 civils et de 50 000 combattants de l’Armée rouge tombés lors du siège de Léningrad qui s’est déroulé du 8 septembre 1941 au 27 janvier 1944 ; au musée de l’Hermitage fondé en 1764, l’un des plus grands musées d’art du monde ; sur le croiseur Aurore, symbole de la révolution d’octobre, devenu navire musée en 1957 ; au Musée central de la Marine de guerre, fondé en 1805 ; au sublime palais de Peterhof (ou Petrodvorets), qui fut la résidence de Pierre le Grand (1672-1725) ; à l’institut Smolny où Lenine a résidé pendant plusieurs mois, à l’observatoire astronomique de Poulkovo, le principal observatoire astronomique de l’Académie des sciences de Russie, situé à 19 km au sud de Leningrad où il rencontre l’académicien astronome Alexandre Mikhailov (14 avril 1888 – 29 septembre 1983)…

Pour une raison connue seulement des autorités politiques soviétiques sa visite de la ville n’inclura pas l’exposition « Education USA » organisée dans le cadre d’un programme d’échanges culturels, ce en dépit de plusieurs demandes de sa part, mais de peur de froisser ses hôtes et compromettre sa rencontre avec Alexis Kossyguine, le président du conseil des ministres de l’Union soviétique, il n’insista pas. Il s’en plaindra toutefois par téléphone auprès de Kempton Jenkins le directeur adjoint de l’USIA (United States Information Agency ; littéralement « Agence d’information des États-Unis »), pour l’union soviétique et l’Europe de l’est, qui lui avait demandé d’y faire un saut si possible.

Le 29 mai Neil Armstrong se rend à Novossibirsk, la plus grande ville de Sibérie, à plus de 3 000 kilomètres de Leningrad. Il est accueilli à l’aéroport par le mathématicien et physicien Mikhail A. Lavrentiev (1900-1980) fondateur de la division sibérienne de l’Académie des sciences de Russie et de son centre de recherche Akademgorodok (cité des académiciens) constitué de plusieurs instituts, et par le maire de la ville Ivan Sevastyanov.

Novossibirsk est la ville dans laquelle Yuri Kondratiuk s’est installé en 1927. Ce mathématicien surdoué, qui le premier, a théorisé le mode du rendez-vous en orbite lunaire (LOR) pour une mission sur la surface de la Lune. Méthode qui fut utilisée pour le programme Apollo… Après la visite de la maison où a vécu Kondratiuk, Neil Armstrong aurait ramassé une poignée de terre en souvenir.

Le 30 mai, lors de sa visite à la cité des académiciens, outre des scientifiques, Armstrong rencontre au « Club des Jeunes Techniciens » des étudiants qui lui réservent un accueil des plus chaleureux, ils sont fiers de lui montrer des prototypes de divers appareils qu’ils ont conçu. Dans le livre des invités d’honneur il écrit : « Mes meilleurs vœux pour la construction du monde de demain » (“Continued best wishes in building the world of tomorrow.”) 

Le lendemain, Mikhail A. Lavrentiev et Ivan Sevastyanov invitent Armstrong, Beregovoi, Feoktistov, ainsi que des scientifiques, officiels et journalistes sibériens à bord du yacht Fakel (torche ou flambeau en français) pour une courte croisière sur la « mer » de l’Ob, (il s’agit du réservoir de Novossibirsk, ce lac artificiel de 200 km de long et 17 km de large qui constitue l’élément principal de la centrale hydroélectrique de Novossibirsk avec son barrage de 33 mètres de haut.) qui compte des dizaines d’ilots dont certains sont habités.

Un orage et des vents violents vont quelque peu malmener les passagers. Deux heures plus tard à l’abri d’une paisible crique, ils accostent sur une plage. C’est sur une note d’humour, avec un Neil Armstrong donnant l’ordre : « abandonner le navire ! » (Abandon Ship) que les visiteurs débarquent sur le lieu du pique-nique, en utilisant une longue planche de bois en guise de débarcadère. Au menu, de la oukha, la plus ancienne soupe de Russie, la soupe de poisson sera cuite dans une marmite au feu de bois…

Le 31 mai, en début d’après-midi, Neil Armstrong et ses hôtes prennent un avion de ligne à destination de Moscou, ils parcourent 2 800 km. Armstrong et Beregovoï prendront à tour de rôle les commandes de l’Iliouchine Il-18. Ils piloteront l’appareil plus d’une heure et demie, sur les 5 heures que dure le voyage. Les passagers n’en sauront rien.

Le 1er juin Neil Armstrong se rend au centre d’entraînement des cosmonautes Youri Gagarine ou TsPK qui se trouve à la Cité des Etoiles à environ 25 kilomètres au nord-est de Moscou.

Sur la même photo : le premier homme dans l’espace, la première femme dans l’espace, le premier homme sur la Lune.

Il rencontre des cosmonautes comme Pavel Popovitch et Valentina Nikolaïevka Terechkova, la première femme dans l’espace, qui lui feront la visite des lieux.  Ils l’emmènent aux simulateurs de vol Soyouz et lui offriront des cadeaux parmi lesquels une maquette des vaisseaux spatiaux Soyouz 4 et 5 amarrés. C’est très ému qu’il entre dans le bureau de Youri Gagarine, dans le livre d’or il inscrit : « C’est un grand honneur pour moi de pouvoir apposer ma signature dans ce livre du musée Youri Gagarine, l’homme qui nous a fait entrer dans l’espace ».

Neil Armstrong rencontre les veuves de Youri Gagarine (9 mars 1934 – 27 mars 1968) et Vladimir Komarov (16 mars 1927 – 24 avril 1967) en présence de représentants de la presse, il leur déclarera : « J’ai été bouleversé par ma rencontre avec ces deux femmes ». Mme Gagarine et Mme Komarov ayant été extrêmement touchées en apprenant que Neil Armstrong et Buzz Aldrin avaient déposé deux médailles en l’honneur de leur mari sur la surface de la Lune, avaient voulu le rencontrer. Il remettra à chacune des veuves la même médaille que celle laissée sur la Lune.

A l’occasion d’un dîner privé, après de nombreux toasts, Gueorgui Beregovoï et Pavel Popovich offrent à Neil Armstrong un fusil de chasse avec son nom gravé sur la crosse, issu de l’une des plus anciennes et plus prestigieuses manufactures d’armes d’union soviétique : l’usine d’armes de Toula (Elle date de Pierre le Grand – 1712). Armstrong sera autorisé à conserver ce cadeau. Après le repas, vers minuit, Beregovoï invite tout le monde à prendre un dernier café dans son appartement.  Lorsqu’il allume la télé, les convives peuvent voir, presque en direct, la diffusion du décollage de Soyouz 9. Personne, pas même Terechkova alors l’épouse du commandant de bord, ne lui avait soufflé mot du décollage imminent. A bord, les cosmonautes Andriyan G. Nikolaïev et Vitali I. Sevastyanov que Neil Armstrong rencontrera en octobre 1970 lors de leur visite aux Etats-Unis. Soyouz 9 établira le nouveau record d’endurance (17 jours 16 heures et 58 minutes) qui était détenu jusque-là par la mission Gemini VII (4-18 décembre 1965) avec Frank Borman et James Lovell (13 jours 8 heures 35 minutes).

Sortant une bouteille de Vodka, Beregovoï porte un toast en s’adressant à Armstrong : « Ce lancement est en votre honneur ! »

Le 2 juin au matin Neil Armstrong visite le mausolée de Lenine, la Place Rouge, dépose des fleurs sous les cases où se trouvent les urnes contenant les cendres de Youri Gagarine, Vladimir Komarov et Serguei Korolev, dans la nécropole du mur du Kremlin. Il déposera également une gerbe sur la Tombe du soldat inconnu dans le jardin d’Alexandre.

Le 2 juin en milieu d’après-midi, il rencontre le maire de Moscou de 1963 à 1986, Vladimir Promyslov (28 août 1908 – 22 mai 1993).

Le 2 juin à 17:00, en compagnie de l’ambassadeur américain Jacob Beam (24 mars 1908 – 16 août 1993), Armstrong rencontre Alexis Kossyguine (21 février 1904 – 18 décembre 1980) pendant une heure. A l’occasion de cette entrevue, Beam lui remet au nom du président des Etats-Unis Richard Nixon, un échantillon de roche lunaire et un petit drapeau de l’Union Soviétique qui a fait le voyage sur la Lune. Kossyguine déclare qu’il restera toujours très attaché à ce cadeau, symbole d’un grand exploit. Kossyguine demande à Armstrong de lui décrire ses impressions lunaires. Il lui affirme par la suite : « Les peuples de l’union soviétique sont les premiers à admirer votre courage et votre savoir ». Il ajoute : « Les noms Armstrong et Gagarine resteront à jamais dans l’Histoire. »

Neil Armstrong, Jacob Beam, Alexis Kossyguine au Kremlin. Crédit photo : Sergei Preobrazhensky/ TASS (Photo by TASS via Getty Images)

Neil Armstrong confiera à Kossyguine que cette visite de l’union soviétique lui avait donné une image entièrement nouvelle de ce grand pays, et qu’il avait été frappé par la chaleur et la cordialité des personnes qu’il a rencontrées. Ce dernier lui répondra que c’est une particularité partagée par l’ensemble du peuple soviétique ».

Le lendemain Kossyguine fait envoyer à Neil Armstrong des bouteilles de Vodka et de Cognac.

Le 3 juin, Neil Armstrong rencontre Mstislav Keldysh (10 février 1911 – 24 June 1978) le président de l’Académie des Sciences de l’URSS, il répond ensuite aux questions des journalistes à l’occasion d’une conférence de presse.

Lors de ce séjour à Moscou, il rencontre également le célèbre concepteur d’avions Andreï Tupolev (29 octobre 1888 – 23 décembre 1972) et son fils Alexeï (20 mai 1925 – 12 mai 2001), qui l’emmènent dans un hangar pour lui dévoiler le Tu-144, l’avion de ligne supersonique, alter-ego du Concorde franco-britannique, que la presse occidentale surnommera le « Concordski ». Neil Armstrong devient ainsi le premier occidental à voir l’appareil. Tupolev lui offre une maquette dédicacée du Tu-144, qu’Armstrong offrira au Musée National de l’Air et de l’Espace de la Smithsonian Institution.

Le 4 juin, après avoir donné une chaleureuse accolade à Beregovoï, Feoktistov et Blagonrarov, Neil Armstrong embarque à bord d’un avion de ligne à destination de Rome où il doit rejoindre sa femme Janet. « Je suis sûr que ce n’est qu’un au revoir » seront ses derniers mots en quittant ses nouveaux amis.  

L’intelligence, l’humour et la modestie de Neil Armstrong ont fait mouche, il a su conquérir le cœur de ses hôtes.

Vous trouverez de nombreuses photos (61) de ce séjour sur ce site : http://sputnikimages.com/search/?query=neil+armstrong+visit+to+the+USSR#main

Lorsque Clancy Hatleberg change la donne

Le Lieutenant Clarence James Clancy Hatleberg est le responsable de l’unité d’élite de la Navy, chargée de la récupération en mer des astronautes d’Apollo 11.

Les règles de la NASA sont très claires, le premier hélicoptère « Swim » de la Navy qui arrive sur les lieux de l’amerrissage, déploie ses plongeurs pour sécuriser le vaisseau spatial. Il n’y a pas de temps à perdre…

Pourtant lors de la mission Apollo 11, cette règle souffrira une exception. L’hélicoptère Swim One arrivé le premier, devra laisser sa place à Swim Two

Swim Two

En cas d’un amerrissage distant, hors zone, ce sont les commandos de recherche et de sauvetage de l’US Air Force (ARRS – Aerospace Rescue and Recovery Service) du 41st Aerospace Rescue and Recovery Wing, positionnés à plus de 300 km du bâtiment de récupération principal, qui doivent intervenir à partir des avions Douglas HC-54 et surtout Lockheed HC-130H capables de couvrir un rayon d’action beaucoup plus large, ce dernier peut rester en l’air jusqu’à 24 heures.

Ce fut le cas lors du vol Mercury-Atlas 7 ou Aurora 7 (Scott Carpenter – 24 mai 1962), et de Gemini 8 (Neil Armstrong – David Scott – 16 mars 1966) qui ont amerris respectivement à quelque 400 km et et 350 km du point prévu.

Pour revenir à l’UDT Apollo Detachment de l’US Navy (UDT = Underwater Demolition Team – équipe de démolition sous-marine, unité d’élite de l’US Navy) ; il comprend 12 personnes volontaires, triés sur le volet. L’OIC (Officer in Command / Charge), le Lieutenant Clarence James « Clancy » Hatleberg, trois équipes de trois personnes ; Swim One : John McLachlan, Terry A. « Muehl » Muehlenbach, Mitchell L. « Buck » Bucklew ; Swim Two : Wesley T. « Wes » Chesser , John M. Wolfram, Michael G. « Mike » Mallory ; Swim Three : Robert R. Rohrbach, Joseph « Joe » Via, Charlie A. Free. Swim 3 restera en alerte sur le pont du porte-avions.

Nous avons également Michael P. Bennett qui est la doublure du decontamination « decon » swimmer, Clancy Hatleberg, il a un « aigle américain » (en réalité un pygargue à tête blanche) tatoué sur tout le torse…  Et Thomas G. « Doc » Holmes en stand-by, il peut remplacer n’importe lequel des « nageurs ».

Swim 2 et Bennett avaient participé aux opérations de récupération de la mission Apollo 10.

Lorsque Clancy Hatleberg doit se rendre quelques jours à Houston pour rencontrer les trois astronautes d’Apollo 11, c’est Wesley Chesser qui prend le commandement du UDT Apollo Detachment.

Des trois équipes, c’est celle sous le commandement de Wesley Chesser (Swim Two) qui est la plus aguerrie, issus du UDT 11 (Swim One est composé de membres de l’UDT 12), avec John Wolfram qui aura 21 ans dans trois mois, il est né le 21 octobre 1948, le plus jeune et le plus rapide des nageurs du détachement. Sur les photos, c’est celui qui a des fleurs sur sa combinaison… Et Michael G. « Mike » Mallory qui avec ses 1 m 88 a « la force d’un hippopotame » selon ses collègues…

Lors des nombreux exercices, de jour comme de nuit, (SIMEX – SIMulated EXercise), Clancy Hatleberg avait noté que l’un des nageurs de Swim One avait une propension à être sujet au mal de mer lorsqu’il restait plusieurs heures sur le radeau ou la bouée qui entoure le module de commande. Il ne s’agit aucunement d’une occurrence exceptionnelle. Nager des heures dans l’eau est une chose, rester des heures sur un radeau gonflable ballotté par de grosses vagues en est une autre, et même les meilleurs peuvent avoir des nausées, un vomissement permet souvent de les faire passer.

Juste après l’amerrissage, les astronautes d’Apollo 11 ont pris une pilule (Dexedrine) contre le mal de mer.

Pour la récupération de la mission Apollo 11, suivie par des millions de téléspectateurs, en présence du président des Etats-Unis Richard Nixon, de l’amiral 4 étoiles John S. McCain (CINCPAC – Commander-in-Chief, Pacific Command), de l’administrateur de la NASA Thomas Paine, de plus de 120 journalistes etc., Clancy Hatleberg ne veut prendre aucun risque, d’autant que la mer est agitée (échelle de Percy Douglas), avec des vagues entre 1,25 et 1,50 mètres.…

Si l’un des hommes-grenouilles était victime de vomissements, certains observateurs ne manqueraient pas d’en déduire qu’il a été contaminé par des agents pathogènes rapportés sur la Terre par les marcheurs lunaires.

Buzz Aldrin ayant un peu tardé à commuter l’interrupteur qui permet le décrochage des parachutes après l’amerrissage, le vent, qui souffle à 18 nœuds, soit 33 km/h, puis l’eau, se sont engouffrés dans les voilures et ont provoqué le basculement du module de commande (Stable 2 position).

Swim One arrive le premier au-dessus du CM, suivi de Recovery One, et de Photo

Swim One attend, John McLachlan le nageur qui doit déployer l’ancre flottante est debout prêt à sauter à l’eau… Mais Hatleberg s’adresse à Donald S. Jones le pilote de Recovery et commandant du HS-4 (Helicopter anti-submarine Squadron 4) « Black Knights », une conversation privée s’engage, au cours de laquelle le chef du détachement UDT Apollo évoque le problème de mal de mer de l’un des membres de Swim One

Ce jour-là les plongeurs de Swim One resteront au sec, ils ont dû l’avoir un peu mauvaise, mais comme pour tout militaire, un ordre est un ordre…

Ce n’est qu’à 5:58, (11:58 heure de Houston) soit 9 minutes après l’amerrissage, et 2 minutes après le redressement du CM (Stable 1 position) que John Wolfram de l’hélicoptère Swim 2, qui vient de se positionner au-dessus du CM, se jette à l’eau avec deux ancres flottantes…Il sera le premier à établir un contact visuel avec les trois astronautes…

Les opérations de récupération seront effectuées de main de maître. Swim 2 a eu de la chance, sans le renversement du module de commande, il est peu probable que Clancy Hatleberg et Donald Jones aient pu différer aussi longtemps l’intervention des plongeurs de combat.

La fine équipe : dans le radeau Clancy Hatleberg, sur le CM de g. à d. Wesley Chesser, Michael Mallory, John Wolfram. Photo prise du USS Hornet juste avant que le module de commande ne soit hissé à bord, à l’aide de la grue B&A (Boat and Aircraft Crane), le grutier à la manœuvre n’a que 19 ans. A ce moment là, les astronautes sont en sécurité sur le porte-avions.
« The Only Easy Day Was Yesterday »