Gemini 5 ou « Arrêtez la Terre, je veux descendre ! »

A bord de Gemini 5, Gordon Cooper et Pete Conrad sont dans l’espace depuis plus d’une semaine, ils viennent de battre le record de durée dans l’espace, il est temps de revenir sur Terre.

Hélas, l’ouragan Betsy* en formation sur  les Antilles, oblige le centre de contrôle à déplacer le point d’amerrissage de plusieurs centaines de kilomètres et d’avancer quelque peu l’heure du retour.

 

La rentrée s’effectue sans problème, mais l’amerrissage se produit à 92 milles marins en avant du point prévu (soit 170,3 km) et à 70 milles marins (130 km) du porte-avions USS Lake Champlain.

 

Cooper ayant vu sur ses instruments qu’ils vont être « un peu court », il a fait pivoter la capsule de 90° au lieu de 53° pour augmenter la trainée, sans cette correction l’erreur aurait été encore plus importante. Ce faisant Cooper et Conrad ont encaissé jusqu’à 7,2 g.

 

En dépit de cette imprécision, les astronautes de Gemini 5 sont rapidement repérés et récupérés.

 Christopher Kraft est sur le point d’allumer son cigare, lorsqu’un ingénieur tout penaud de « flight dynamics » s’avance vers lui, et lui avoue qu’une stupide erreur a été commise dans le calcul du point d’amerrissage.

En effet, la vitesse de rotation de la Terre n’a pas été correctement prise en compte, au lieu d’utiliser la bonne valeur, 360,98°, on a pris 360,00° ** .

__ « Je suppose que cela n’arrivera plus ? » lance Kraft
__« Non, « Flight », certainement pas ! »
__« Vous savez que vous allez en entendre parler tout au long de la Splashdown Party (Fête qui célèbre la fin d’une mission) »
__« Oui monsieur ! »
__« Bon, retournez travailler ! »

En effet, les gars de « Flight Dynamics » n’ont pas été épargnés ce soir-là.

«Très forts, vous avez théoriquement arrêté la Terre, afin que Cooper et Conrad puissent descendre». Une comédie musicale de Broadway s’intitulait  “Stop the world, I want to get off” !

Cette bourde a été évoquée lors de la conférence de presse d’après vol, et a bien évidemment été mentionnée dans les différents comptes rendus de la mission.

 

Cette erreur n’a jamais été réitérée !

* Betsy fut l’ouragan de la zone Atlantique le plus violent  de l’année 1965 (catégorie 5 sur l’échelle de Saffir-Simpson).

 ** Pour effectuer une rotation complète sur elle-même la Terre parcourt 360,98° et non 360°, (cf différence entre jour sidéral, 23 heures, 56 minutes et 4 secondes et le jour solaire moyen qui est de 24 heures)

Home Sweet Home

Dans le cadre de la mission Gemini 7, qui s’est déroulée du 4 au 18 décembre 1965, les astronautes Frank Borman et James Lovell sont restés deux semaines dans l’espace, confinés dans le siège de leur capsule, dont le volume habitable est de 2,55 m3.

Si les astronautes des missions Apollo pourront se déplacer dans leur vaisseau spatial, les volumes habitables du CM et du LM sont respectivement de 6,17 m3 et 6,65 m3, ceux de Gemini ne pouvaient pas se lever, ni même détendre complètement leurs jambes.

Compte tenu de l’exigüité de la capsule, ils seront autorisés à enlever leur combinaison spatiale, et passeront le plus clair de la mission en caleçon long.

Les innombrables électrodes et autres capteurs physiologiques posés sur les deux hommes rendront cette mission encore plus inconfortable. Il s’agissait pour les médecins d’étudier les effets d’un séjour prolongé dans l’espace, correspondant à la durée d’une mission lunaire.

On imagine aisément ce que Borman et Lovell ont endurés, et combien le temps a dû leur paraître long.

Pour bien enfoncer le clou, le facétieux Michael Collins qui faisait partie de l’équipage de réserve, leur fit une petite surprise.

Il fit confectionner un petit canevas, sur lequel il avait fait broder : Home Sweet Home (que l’on peut traduire par : foyer, doux foyer) qu’il déposa sur le siège du pilote James Lovell, le jour du décollage.

Gemini 9, il faut bien rigoler un peu !

Le lancement de la mission Gemini 9, avec Thomas Stafford et Eugene Cernan, ayant été reporté à deux reprises, pour cette troisième tentative, il a fallu détendre un peu l’atmosphère.

C’est ainsi qu’au moment de prendre l’ascenseur, qui permet d’atteindre le vaisseau spatial au sommet de la fusée Titan, les deux astronautes un peu tendus, purent découvrir un écriteau qui disait : « Le bouton qui permet de redescendre a été désactivé ».

En sortant de l’ascenseur, Donald « Deke » Slayton, qui les accompagnait, leur tendit une grosse allumette d’environ 1 mètre, en leur disant : » Au cas où vous auriez du mal à allumer la bougie ».

GT 9 gag

Ce jour-là le décollage a bien eu lieu !