S’impliquer ou s’engager : une nuance de taille

Au cours de l’été 1980, Alan M. Lovelace (4 septembre 1929 – 18 avril 2018), l’administrateur adjoint de la NASA, préside une délicate réunion, au cours de laquelle il presse les responsables du programme de lui donner enfin une date fiable et définitive, pour le lancement de la première navette spatiale.

Mais de toute évidence personne ne veut se « mouiller » !

Un directeur de centre finit par prendre la parole : « Al, je veux bien m’impliquer pour l’élaboration d’un calendrier de lancement mais je ne peux pas m’engager sur une date définitive ! »

Lovelace le regarde alors droit dans les yeux et lance : « J’espère que vous connaissez tous la différence entre s’impliquer et s’engager !

Il leur raconte alors cette petite histoire :

« Un cochon et une poule discutent. Le cochon demande à la poule : « Es-tu impliqué dans le grand dîner que notre Maître a prévu la semaine prochaine ? » « Bien sûr que je suis impliquée », répond la poule ; « Je fournis les œufs. » « Tu t’en sors bien !  » grouine le cochon. « Tu es juste impliquée. Moi je fournis le jambon, je suis engagé. »

Lorsque les rires se sont tus, tout le monde s’est remis au travail. Finalement la date du premier lancement sera fixée pour avril 1981.

Le premier lancement d’une navette spatiale a effectivement eu lieu le 12 avril 1981 !

Richard Truly, son plus beau cadeau d’anniversaire

Le 12 novembre 1981, après 12 ans d’attente, l’astronaute Richard Truly effectue enfin son premier vol spatial (STS-2, deuxième vol d’essai de la navette spatiale).

Une date d’autant plus mémorable que c’est le jour de son anniversaire !

Ainsi, par une de ces ironies dont seul le sort a le secret *, son « baptême spatial » coïncide avec son 44ème anniversaire.

Par analogie avec le déluge de feu lors du décollage, il lança : « Ce sera la plus grande bougie d’anniversaire que je n’ai jamais eue ». Richard Smith, le Directeur du Centre Spatial Kennedy, lui répondit, goguenard : « Je veux bien allumer la bougie si tu promets de ne pas l’éteindre ».

Lorsque Richard Truly arrive dans la salle à manger du quartier des astronautes, décorée pour la circonstance,  il a droit en plus du traditionnel petit déjeuner d’avant vol composé notamment d’un steak et d’œufs, à un énorme gâteau surmonté d’une navette spatiale, orné d’une magnifique bougie. Tout le monde entonne l’incontournable « Happy Birthday » pendant qu’il  essaye en vain de souffler la bougie… Il n’y arrivera pas, et pour cause, il s‘agit d’une de ces « bougies magiques » que l’on ne peut éteindre qu’en mouillant la mèche… Une bougie qui comme les fusées d’appoint et les moteurs de Columbia, quelques heures plus tard, ne se sont pas « éteints » permettant à Richard Truly de réaliser son rêve !

Certainement un de ses plus beaux cadeaux d’anniversaire !

* Initialement le lancement aurait dû avoir lieu le 9 octobre, mais il est reporté en raison d’une fuite dans le RCS (Reaction Control System). Le 4 novembre le compte à rebours est à nouveau interrompu à T-31 secondes en raison d’une surpression dans deux des trois APU (Auxiliary Power Unit) qui contrôlent le système hydraulique.

STS-1 et les otages de Téhéran

Un des innombrables télégrammes de félicitation que reçurent John Young et Robert Crippen après leur vol inaugural de la navette spatiale, STS-1, émanait des 52 ex-otages américains libérés par l’Iran le 20 janvier 1981.

Les astronautes leur firent parvenir à chacun une photo dédicacée avec un petit mot.

Mais pas n’importe quelle photo, puisque parmi les centaines de clichés pris lors de cette mission, ils ont choisi une vue de l’endroit où ces derniers viennent de passer 444 très longs jours… Téhéran.