John Young, besoin et nécessité

Sélectionné parmi les neuf astronautes du mythique groupe 2, le 17 septembre 1962, John Young, après avoir terminé l’entrainement de base, fut affecté à un domaine de compétences techniques pour aider au développement du vaisseau spatial Gemini.  

Bien que son premier choix fût   « Guidage, Navigation et Contrôle »,  il fut affecté à la partie « Systèmes Environnementaux et de Survie ».

Dans le cadre de ses responsabilités, John Young participa notamment à l’élaboration du système collecteur d’urine et du sac de confinement des matières fécales.

Il a fait un essai du « sac » en zéro-g lors d’un vol parabolique à bord d’un KC-135 et bien évidemment en conditions réelles lors du vol Gemini III.

Le test s’est déroulé très exactement pendant le laps de temps qu’il a fallu au vaisseau spatial pour survoler le Cameroun jusqu’à l’île de Canton, soit environ 12 minutes. Tout a bien fonctionné mais ce fut, salissant.

Heureusement le bactéricide contenu dans le sac, et le charbon du système de filtration de la cabine, a rapidement absorbé l’odeur.

Selon les propres mots de John Young : « L’expérience n’a pas été des plus plaisantes, mais valider le fonctionnement de ce système fut absolument nécessaire avant d’envisager les vols de longue durée. »

Les repas sans résidus, adoptés par les diététiciens de la NASA, permettaient de ne pas aller à la selle pendant trois jours maximum,  mais pas plus, au-delà il fallait bien trouver une solution !

« Etre astronaute apporte son lot d’épreuves et oblige à faire quelques sacrifices, mais nous étions prêts, voire enclins, à payer le prix ! »

 

John Young, une dure épreuve

John Young 3 ans - Cartersville. GéorgieJohn Young n’a que cinq ans lorsqu’il entre à l’école élémentaire Princeton de Collège Park dans la banlieue d’Orlando en Floride. Son grand-père Griffin William Young, surnommé « Mank », lui ayant appris à lire  à l’âge de quatre ans, son inscription au cours préparatoire est acceptée sans problème. John s’intègre parfaitement dans sa nouvelle école et s’y plaît beaucoup, mais en milieu d’année scolaire, sa vie est bouleversée.  Une nuit, sa mère, Wanda, est emmenée hors de la maison, vêtue d’une veste blanche avec les bras attachés dans le dos… Ce n’est que plus tard que John comprendra qu’il s’agissait d’une camisole de force. Son père se contentera de dire à ses deux fils qu’elle est  malade.

Comment aurait-il pu leur expliquer que leur mère est schizophrène ?

Avec Hugh, son frère de deux ans et quatre mois son cadet, ils restent seuls avec leur père et seront élevés un temps par Oncle Harry et Tante Sarah qu’ils considèrent comme leur seconde mère. John n’avait jamais décelé que sa  mère avait une maladie mentale ! Les médecins décidèrent de l’interner à l’hôpital psychiatrique de Chattahoochee au nord-ouest de Tallahassee. Le seul établissement de ce type en Floride à cette époque, un lieu aux conditions d’incarcération décrites comme horribles.

 

Ils ont longtemps espéré que leur mère reviendrait…

 

Photo du haut : John Young à 3 ans  – Ci-dessus : il a 7 ans

 

Le polype du larynx de Walter Schirra

« Faites Ahhhhhhhhhhhhh »… « Dites Eeeeeeeee »… L’otorhinolaryngologiste de la Clinique Lovelace qui examine Walter Schirra dans le cadre de la sélection du premier groupe d’astronautes de la NASA, sort de la pièce.

Il revient quelques instants plus tard avec un confrère, qui réexamine sa gorge en faisant des « Hmmmmm »…  

Walter Schirra commence à avoir des sueurs froides, et lorsque le médecin utilise le mot tumeur, il sue à grosses gouttes.

On lui annonce finalement qu’il a un petit polype, une tumeur bénigne dans le larynx, au niveau des « cordes vocales », rien de grave, qui peut être excisé ici même, après avoir observé quatre jours de silence absolu.

Le fait qu’ils veuillent s’en occuper ici est plutôt de bons augures se dit Schirra… Garder le silence aussi longtemps n’était pas possible dans l’immédiat car Schirra doit se rendre à Dayton dans l’Ohio pour subir des tests psychologiques, au cours desquels il devra certainement s’exprimer, et ce, plus que de coutume !

A son retour, on lui fait subir une cure de silence d’une semaine, interrompue une fois par un officiel de la NASA appelant de Langley, pour s’enquérir de son état. Deuxième indice qui conforte son sentiment : on s’intéresse vraiment à lui.  Hormis ce coup de fil, il communique uniquement par écrit. 

Finalement l’intervention chirurgicale se fit à l’hôpital de l’US Navy à Bethesda, et le traitement qui dure normalement quelques semaines fut réduit à quelques jours. La dernière preuve qu’il lui fallait pour le convaincre qu’il fera partie des élus.

Le chirurgien qui a opéré Walter Schirra, qui avait le grade de commandant, n’était pas très enthousiasmé par toute cette précipitation, c’est le moins que l’on puisse dire, et le fit savoir. Il fut convoqué par sa hiérarchie et prié d’exécuter les ordres. Juste après l’intervention il toisa plusieurs fois Walter Schirra, alors capitaine, en fronçant les sourcils et d‘un ton bourru lui lança : « Avec tout le tapage qu’ils font autour de vous, ils doivent vouloir vous envoyer sur la Lune ou un truc comme ça !»

Ce n’est que quelques années plus tard, que le médecin a pu se rendre compte, à quel point il avait vu juste !