Rocco Petrone : une histoire de fou

Lors d’une réunion présidée par Rocco Petrone, dans le cadre du suivi de la préparation de la Saturn V pour le lancement de la mission Apollo 11 (Launch Readiness Review), le rapport faisant le point sur l’avancée des procédures, (Flight Control Checkout Report) comporte deux parties.

Rocco Petrone, le directeur des opérations de lancement du Centre Spatial Kennedy, s’étonne : « Quelle est donc la différence entre la partie une et la partie deux ? »

L’ingénieur John Perkinson, certainement très fatigué lui répond : « La partie une est la première partie, la partie deux, la deuxième partie »

Rocco Petrone s’affaisse sur sa chaise, l’air consterné, il finit par lancer : « J’ai l’impression d’être dans un hôpital psychiatrique, et je ne sais pas si je suis un patient ou si je le dirige ! »

Explorer 1 – Huntsville brûle une effigie de Charles Wilson

Le succès de la mise en orbite du premier satellite américain, Explorer 1 , le 1er février 1958,  120 jours après Spoutnik 1, et 57 jours après le fiasco de Vanguard TV3, déclenche une vague de fierté et de satisfaction à travers tous les Etats-Unis.

Le Président Eisenhower apprend la nouvelle alors qu’il se trouve en vacances à Augusta en Géorgie, il ne s’est pas couché, il a attendu jusqu’aux premières heures du matin : « C’est magnifique » répète-t-il trois fois, « Je me sens beaucoup mieux maintenant » confie-t-il à son secrétaire.

Lorsque la mise en orbite du satellite est confirmée, les autorités américaines annoncent que les résultats scientifiques, glanés par Explorer 1, seront transmis au siège de l’Année Géophysique Internationale (AGI) à Bruxelles. Peu après, mais peut-être est-ce une coïncidence, les soviétiques, qui n’avaient alors encore rien transmis de ce qu’ils avaient pu apprendre grâce aux Spoutnik 1 et 2, font savoir que les informations ont été envoyées par courrier au siège de l’AGI…

C’est bien sûr à Huntsville, que les festivités sont les plus jubilatoires… La « Rocket City », dont la population a pratiquement été multipliée par quatre, au cours des sept dernières années, après l’arrivée de Wernher von Braun et son équipe au Redstone Arsenal, au sein de l’Agence des Missiles Balistiques de l’Armée de Terre ( Army Ballistic Missile Agency) dirigée par le général John Medaris, célèbre avec gratitude le succès de la fusée Jupiter C (appelée également Juno).

Le maire de Huntsville, Robert Searcy,  lance personnellement un appel sur les ondes pour demander à tous ces concitoyens de célébrer cet événement en descendant dans la rue.  Concerts de klaxons, pétards, sirènes de police, toute la population de Huntsville est en liesse !

Von braun,Searcy, Medaris 1959 site

Les habitants n’oublient pas le rôle joué par l’ancien secrétaire de la Défense, Charles Erwin Wilson (1890-1961), qui avait limité la portée des fusées de l’armée de Terre à 300 km, empêchant Wernher von Braun et son équipe de lancer un satellite dès 1956. C’est également lui qui est officiellement responsable de l’attribution du projet de satellite artificiel, dans le cadre de l’AGI, à la Navy (Projet Vanguard) !

Rancunière, la population de Huntsville brûlera une effigie de Charles Wilson sur Courthouse Square !

Effigie de Charles Wilson site

Pete Conrad ne peut plus avoir la grosse tête

Les astronautes Pete Conrad et Gordon Cooper sont dans l’espace à bord de Gemini V pour une mission qui doit durer huit jours.

Leurs domiciles sont quotidiennement « assiégés » par des photographes, des équipes de télévision et de radio avec tout leur matériel…  Ils font régulièrement la une des journaux et des infos… 

Alors qu’ils en sont à la moitié de la mission, un employé chargé de l’entretien de la piscine se présente chez les Conrad pour sa visite hebdomadaire. Jane, l’épouse de Pete Conrad, vient juste de sortir de la maison et se dirige vers la voiture, accompagnée de Bob Gordon, un employé de la NASA chargé du protocole (Il gère notamment les relations des familles avec la Presse).

Ils doivent se rendre au Centre de Contrôle des Missions. Autour d’eux se presse une horde de journalistes et de photographes… Le gars de la piscine se fraie alors un chemin vers Bob Gordon et demande : « Excusez-moi, vous êtes M. Conrad ? »

Lorsqu’il apprend cette histoire, Charles Conrad déclare hilare : « Je ne pense pas avoir la grosse tête, mais si un jour je devais avoir le melon, il suffirait que je me rappelle de ce gars chargé de l’entretien de la piscine. »