La famille, c’est important

Elizabeth Mattingly, enceinte de huit mois, n’a pas pu faire le déplacement au Centre Spatial Kennedy pour assister au lancement d’Apollo 16.

Elle a vu le décollage à la télévision depuis sa maison de Nassau Bay, Texas. « C’est tellement impressionnant… Je ne peux exprimer mes sentiments » dira-t-elle aux journalistes.

« Je suis si heureuse, nous avons attendu ça si longtemps. C’est merveilleux. Ken va savourer cette mission et moi également, chaque jour… »

Susy Young et Dorothy Duke ont fait le voyage jusqu’au Cap Canaveral. Si la toute nouvelle Mme Young * s’est refusée à tout commentaire pendant la durée de la mission, Mme Duke et ses deux enfants, Charles III 7 ans et Tom 5 ans, ainsi que les parents de Charlie Duke ont été plus prolixes, et se sont prêtés de bonne grâce aux questions des journalistes.

Toute la famille Duke avait revêtu des vêtements bleus, blancs et rouges, les couleurs du drapeau américain. Lorsqu’un journaliste demande aux enfants si plus tard ils veulent faire le même métier que leur papa, astronaute, Tom répond :

« Non, on veut être des golfeurs ! »  Charles acquiesce.

« Leur papa joue beaucoup au golf, et il les emmène souvent avec lui. » précise la maman.

La mère de Charles Duke portait un sac à main confectionné par sa belle-fille, d’un côté il y avait un écusson de la mission, et de l’autre un CSM et un LM.

Quant au père de Charlie Duke, un assureur à la retraite, il affirma : « Je n’ai pas peur pour mon fils, j’ai même passé une excellente nuit. »

* John Young a divorcé de sa première femme Barbara en juin 1971, à 41 ans, après 16 ans de mariage, et s’est remarié 5 mois plus tard, en octobre 1971 à Acapulco, avec Susy Feldman, une secrétaire de 29 ans qui travaillait pour un important contractant de la NASA, TRW Inc. C’est TRW qui a développé le moteur de descente du Module Lunaire.

Elizabeth Mattingly - Dorothée Duke , Cahrles III et Tom
Elizabeth Mattingly et Casper – Dorothy Duke et ses enfants Charles III et Tom

Apollo 13, des bourgeons sur les arbres

Avant le vol, James Lovell et les CapComs de la mission Apollo 13 s’étaient entendus sur un langage « codé », qui n’a dupé personne.

L’équipage voulait pouvoir s’informer en toute « discrétion », de l’état de santé de Ken Mattingly. Ce dernier soupçonné d’avoir contracté la rubéole, fut interdit de vol, et remplacé trois jours avant le décollage par Jack Swigert.

On assiste donc à cet échange bucolique :

James Lovell :  « Les arbres ont des bourgeons à Houston ? »
Vance Brand, le capcom :  « Pas encore, on se croirait toujours en hiver »
Lovell : « C’est bien ce que je pensais ! »
Brand :  « Je crois qu’il n’y aura toujours pas de bourgeons samedi, lorsque vous serez de retour ».

Effectivement, Mattingly, soupçonné d’avoir été contaminé par Charlie Duke, qui lui a bien eu la rougeole, ne développera pas la maladie… Encore une de ces ironies de la vie !

Le Beagle ?

Lorsque vint le moment d’envisager un indicatif pour leur LM, John Young et Charles Duke ont cherché des noms en relation avec les constellations, et de prestigieux bâtiments de la marine.

Pendant un temps, ils avaient porté leur préférence sur Beagle, du nom du célèbre navire qui a emmené Charles Darwin pendant cinq années autour du monde. C’est lors de ce voyage que lui vint l’intuition de la sélection naturelle.

Mais en consultant un peu l’historique des navires ayant porté ce nom-là, ils sont tombés sur le cas d’un Beagle ayant coulé. « C’est peut être un mauvais présage ».

Finalement le LM s’appellera Orion, une des plus belles constellations de l’hémisphère Boréal. C’est par ailleurs un mot simple, et facilement intelligible pour les capcoms.

Quant à Ken Mattingly, il choisit Casper, le gentil fantôme ! Car sur la Lune les astronautes ressemblent à des « apparitions » !

Un poster de 1971 avec Casper le gentil fantôme. On aperçoit la constellation d'Orion.4orion et Orion
Un poster de 1971 avec Casper le gentil fantôme et la constellation d’Orion.