Dès 1981 John Young reste le seul marcheur lunaire à la NASA

Le 19 juin 1981 la NASA annonce la démission, effective à la date du 26 juin, de l’astronaute Alan Bean, le quatrième Homme à marcher sur la Lune.

Il souhaite désormais se consacrer à plein temps à sa carrière de peintre.

Sélectionné dans le troisième groupe d’astronautes en octobre 1963, il a été de la deuxième mission sur la Lune, Apollo 12 en novembre 1969, explorant l’Océan des Tempêtes avec Charles Conrad, pendant que Richard Gordon restait en orbite autour de la Lune dans le Module de Commande.

Bean a commandé la seconde mission habitée de Skylab en juillet-septembre 1973, et fut le commandant remplaçant de la mission conjointe américano-soviétique, Apollo-Soyouz en 1975.

Alan Bean précise que pendant ces 18 années passées comme astronaute il a vu des choses qu’aucun autre artiste n’avait jamais contemplé de ses propres yeux, et il espère pouvoir retranscrire tout cela à travers sa peinture.

Ayant totalisé 1 671 heures et 45 minutes dans l’espace, il détient alors le record de présence dans l’espace des astronautes en activité, et est à la quatrième place dans le classement général.

Bean supervisait la sélection et l’entraînement des candidats astronautes. Et pendant que John Young, chef du bureau des astronautes depuis 1974, s’entraîne pour le premier vol de la navette spatiale, c’est Alan Bean qui assume l’essentiel de sa charge.

Avec le départ d’Alan Bean le 26 juin 1981, John W. Young, reste le seul astronaute à avoir marché sur la Lune au sein de la NASA.

Puis, avec la démission de Thomas « Ken » Mattingly en février 1985, John Young devient le dernier astronaute en activité, à avoir volé lors du programme lunaire Apollo.

Anecdote dans l’anecdote : John Young et Thomas Mattingly, coéquipiers lors de la mission Apollo 16, avec Charles Duke, sont les seuls astronautes des missions lunaires, ayant volé sur la navette, avec deux vols chacun.

John W. Young (Groupe 2 -1962) et Thomas K. Mattingly (Groupe 5 – 1966).  Crédit photo : NASA

Les astronautes d’Apollo 16 sont reçus au Congrès

Comme tous les équipages précédents, les trois astronautes d’Apollo 16, John Watts Young, Thomas Kenneth Mattingly et Charles Moss Duke (ainsi que leurs épouses) sont reçus au Congrès des Etats-Unis, c’était le 16 mai 1972, 19 jours après leur retour sur Terre, lors de la deuxième session du 92e Congrès.

Ils sont d’abord reçus à la Chambre des Représentants qui a désigné sept personnes parmi lesquelles le futur président des Etats-Unis Gérald Ford, alors Représentant du Michigan, pour accueillir les astronautes et les escorter jusqu’à la tribune. La séance plénière est suspendue à 12:32. Les astronautes font leur entrée à 12:37 très précises, lorsque le Doorkeeper annonce leur entrée.

L’assemblée se lève et ovationne les astronautes.

Le président (Speaker) de la Chambre leur souhaite la bienvenue : « Mes collègues de la Chambre des Représentants, j’ai l’insigne honneur de souhaiter la bienvenue, au nom des Représentants de cette Chambre, aux héroïques astronautes d’Apollo 16 qui ont accompli une mission des plus difficiles sur la Lune. J’ai l’honneur de vous présenter le distingué commandant de cette mission, le Capitaine de Vaisseau John W. Young de l’US Navy. »

John Young :

« M. Le Président, membres du Congrès, et distingués invités,

C’est un immense honneur pour nous, d’être ici aujourd’hui, et de pouvoir rendre compte, directement, des résultats scientifiques préliminaires de notre mission Apollo 16, dans les hauts plateaux de Descartes, devant le Comité de l’Espace, et le Sous-Comité des Finances. Pour commencer, nous souhaitons également, vous exprimer notre gratitude, car c’est ici-même, et au Sénat, que les décisions cruciales ont été prises, qui ont permis l’existence de notre programme spatial. C’est votre soutien et vos sages décisions qui ont propulsé l’amérique dans l’espace. » Il se tourne alors vers Charlie Duke et déclare : « Je voudrais maintenant vous présenter l’un de mes estimés collègues, mon vieux passager du rover lunaire, Charlie Duke, l’homme qui a dit : « Je préfère marcher ». (Ce qui provoque l’hilarité de la salle.)

L’assemblée se lève et applaudit.

A l’issue de son discours, Charles Duke, présente Ken Mattingly : « …et maintenant je voudrais vous présenter l’un des meilleurs pilotes du module de commande, et l’un des meilleurs gars avec lequel un homme ne pourra jamais voler, le Capitaine de Frégate Ken Mattingly de l’US Navy. »

A nouveau les membres de la chambre basse se lèvent et applaudissent.

Ken Mattingly prononce son discours et repasse la main à John Young : « J’aimerais vous présenter l’une des personnes exceptionnelles qui a rendu tout cela possible, notre commandant, John Young. »

L’assemblée applaudit et se lève.

John Young :

« Merci beaucoup Ken. Permettez-moi maintenant de conclure avec quelques pensées qui me sont venues lors de ce vol. Comme vous le savez, nous avons rencontré quelques problèmes inattendus, et ils étaient loin d’être anodins. Au cinquième jour de la mission, nous étions dans notre vaisseau spatial à nous demander si nous allions être autorisés à atterrir sur la Lune.  Les personnels de la NASA et des contractants dans tout le pays, ont effectué une analyse rapide et correcte de nos différents problèmes, ce qui nous a permis en définitive de pouvoir accomplir notre exploration lunaire. J’ai en mémoire l’exemple d’une équipe d’ingénieurs en Californie, qui avait déjà commancé à travailler sur le problème, alors que nous en discutions encore avec les contrôleurs de vol de Houston. Cela représente pour moi, la quintessence du travail d’équipe, une équipe constituée de personnes qui ont un sens profond de la responsabilité individuelle, ceux là même qui ont construit nos vaisseaux spatiaux si fiables, ont résolu nos problèmes en temps réel, et qui font que les Etats-Unis d’Amérique est le plus grand pays sur cette Terre. Comme vous le savez, notre site d’atterrissage d’Apollo 16 porte le nom d’un célèbre philosophe et mathématicien français, René Descartes. Au dix-septième siècle il affirmait : « que de toutes les choses qui peuvent tomber sous la connaissance des hommes, il n’y en peut avoir de si éloignées auxquelles enfin on ne parvienne, ni de si cachées qu’on ne découvre. »

[Le texte original prononcé par John Young : « There is nothing so far removed from us as to be beyond our reach or so hidden from us that we cannot discover it. » (Cette citation est extraite du chapitre deux du « Discours de la méthode : pour bien conduire sa raison, et chercher la vérité dans les sciences » paru en 1637.)]

Afin que nous utilisions correctement la science et la technologie, pour le bien de notre pays, ses habitants et leurs aspirations, nos besoins en énergie, nos besoins en nourriture, notre niveau de pollution, et pour trouver une solution raisonnable, et vous remarquez que j’ai employé le mot raisonnable, pour résoudre les nombreux problèmes liés à l’interface homme/planète, nous devons apporter à nos scientifiques et ingénieurs, ainsi que le Congrès, un nombre accru de faits. Nous avons besoin de plus de recherche fondamentale et de connaissances, afin de faire en sorte que nous puissions survivre sur cette planète. Ce que M. Descartes a dit au XVIIe siècle est toujours d’actualité, mais est rendu encore plus urgent par l’état actuel de notre monde.

On ne peut en tirer qu’une seule conclusion, et elle est inéluctable pour toute personne qui réfléchit et se sent concernée. L’Homme du XXe siècle doit atteindre les choses qui sont encore hors de sa portée, et faire en sorte de découvrir les secrets cachés de notre univers. Ken, Charlie et moi, sommes fermement convaincus que la mission Apollo 16 a présisément rempli cette fonction. Nous sommes infiniment fiers d’y avoir contribué, et d’avoir partagé avec le Congrès la fierté que vous devez ressentir pour avoir eu le courage de prendre les bonnes décisions pour les Etats-Unis d’Amérique.

Applaudissements, l’assemblée se lève.

Le président de la Chambre :

« Nos distingués visiteurs ont accepté de se présenter à la salle de réception Rayburn, afin de rencontrer tous les membres de cette chambre. Le comité d’escorte peut-il accompagner nos distingés visiteurs à la salle de réception Rayburn ? Merci. »

Puis, à 13:10 la séance plénière reprend.

C’est maintenant au tour des sénateurs de rencontrer les astronautes. Avant leur arrivée dans la chambre haute, le sénateur de la Caroline du Sud, James Strom Thurmond (1902-2003), prononce un petit discours au cours duquel il évoque plus particulièrement la famille Duke originaire de Lancaster, ville qui se trouve dans l’état qu’il représente, et dans lequel il est né. Les parents, un père militaire, colonel, le frère  jumeau, médecin, et sa sœur, infirmière…

A 13:32 une interruption de séance est déclarée.

Les astronautes, accompagnés des sénateurs Mansfield, Scott, Anderson et Curtis, font alors leur entrée au sénat, ils sont accueillis par des applaudissements, les sénateurs sont debout. Le leader de la majorité Michael Mansfield prononce un petit discours de bienvenue, puis les sénateurs rencontrent les astronautes et leurs épouses. Ils ne s’exprimeront pas devant le Sénat.

A 13:53 les astronautes quittent la chambre, et les sénateurs reprennent leur séance plénière.

Il faut rappeler que la veille de cette visite des astronautes d’Apollo 16 au Congrès, le gouverneur ségrégationniste d’Alabama, Georges Wallace (1919-1987) en campagne électorale pour l’investiture démocrate à l’élection présidentielle, est victime d’une tentative d’assassinat alors qu’il se trouve en meeting au Laurel Shopping Center, dans le Maryland. Vers 16:00, Arthur Bremer, 21 ans, qui voulait également assassiner Richard Nixon, a tiré quatre balles, pratiquement à bout portant. Wallace restera paraplégique. Attentat qui, on l’imagine bien, a causé un grand émoi aux Etats-Unis…

John Young et le syndrome du commandant de mission

L’astronaute John Young n’a pas eu le « syndrome du commandant » lors de la mission Apollo 16, c’est-à-dire l’astronaute dont la fréquence cardiaque est la plus élevée lors du lancement.

Comme le rappelle le Dr Charles A. Berry, alors directeur des sciences de la vie à la NASA (Director of Life Sciences) : « Le commandant a la plus grande responsabilité et a habituellement le pouls le plus rapide.

Or, lors du lancement d’Apollo 16 c’est le pilote du module lunaire, Charles M. Duke, qui a eu le rythme cardiaque le plus rapide, avec 130 battements par minute, vient ensuite celui du pilote du module de commande, Thomas K. Mattingly, avec 115.

C’est John Young, le commandant de la mission, qui effectuait son quatrième vol spatial, et deuxième mission vers la Lune, qui a eu la fréquence cardiaque la plus basse, avec 108 pulsations par minute.

Le record du rythme cardiaque le plus rapide est détenu par Charles Conrad Jr, dont le pouls a atteint 166 battements par minute juste avant le lancement de Gemini 11, le 12 septembre 1966.

Le pouls de John Young lors du décollage de la première mission de la navette spatiale n’a jamais dépassé 85 !