Le Club de Presse de la Vitesse de Libération (Escape Velocity Press Club)

Des journalistes qui couvraient le programme spatial américain, et les membres des relations publiques de la NASA avaient créé l’Escape Velocity Press Club un club de presse très privé, que l’on intégrait sur invitation uniquement.

Créé au début du programme Gemini pour circonvenir les lois très surprenantes sur l’alcool, qui ont cours au Texas. Le Club de Presse de la Vitesse de Libération* se réunissait dans les salles de réunion des hôtels de Houston, lors des mission spatiales.

La carte de membre de Fred Cambria, journaliste de CBS, signée par le président du club, James Schefter.

Dans les mois qui ont suivi l’accident d’Apollo 1, sans aucune mission spatiale à couvrir, après la frénésie qui a marqué le programme Gemini, 10 missions en 20 mois ( entre le 23 mars 1965 et le 15 novembre 1966) les journalistes se sont trouvés sans rien à dire, hormis ressasser le tragique accident qui a coûté la vie aux trois astronautes d’Apollo 1.

Le moral de tous est au plus bas. Alan Shepard alors chef du bureau des astronautes, avait déclaré récemment :  « Il est temps d’arrêter de se morfondre. Ça suffit comme ça. Il faut retrouver le moral, et faire en sorte de renvoyer nos culs dans l’espace. »

C’est ainsi que James Schefter, le président du Club, (Journaliste pour le Houston Chronicle et Time-Life, il a couvert le programme spatial de 1963 à 1973) et Robert Button (Chargé des relations publiques de la NASA, affecté au bureau des astronautes) vont voir Shepard, pour lui proposer une idée.

Ils souhaitent organiser un gala en l’honneur du sixième anniversaire de son vol Mercury. il s’agit là du parfait prétexte pour faire la fête. Bien que n’appréciant pas particulièrement la presse, Shepard reconnut immédiatement le bien fondé d’associer son nom, à un événement susceptible de motiver une communauté qui avait clairement le cafard…

Alan Shepard fait un discours (devant lui, un sac de charbon de bois de la marque Royal Oak). Une petite blague à ses dépens…

Le gala se tint le samedi 6 mai 1967 dans la salle de bal de l’Hôtel Nassau Bay, juste en face de l’entrée principale du centre des vols spatiaux habités. Plus de 500 personnes voulurent y assister, alors que la salle ne pouvait en contenir que 300. Les choix furent parfois douloureux…

Jim Schefter fit office de maître de cérémonie. Il y avait notamment Robert Gilruth, le directeur du centre des vols spatiaux habités, Wernher von Braun le directeur du centre spatial Marshall, les six astronautes Mercury, les veuves des astronautes d’Apollo 1 Betty Grissom, Patricia White et Martha Chaffee…

C’est lors de ce gala que fut projeté le film humoristique concocté notamment par Walter Schirra, intitulé : « Astronaut Hero, or, How To Succeed In Business Without Really Flying…Much.« , qui se moquait gentiment de l’invité d’honneur, Alan Shepard.

(De g. à d.) Richard Gordon, Charles Conrad, John Young, Thomas Stafford forment le groupe « The Fearsome Foursome » (Le redoutable quatuor). Parodiant deux chansons de Broadway avec des paroles réécrites à la « gloire » de Shepard…
Betty Grissom debout, à gauche Robert Button, debout également Wernher von Braun, de dos, Paul Haney.
Wernher von Braun, au fond à droite John Glenn.

Ce gala s’avèrera être une parfaite réussite, l’événement social de l’année, de nature à redonner de l’énergie et de l’enthousiasme à tout le monde. Il était temps de se remettre au travail afin d’atteindre l’objectif du président Kennedy… Ce sera chose faite deux ans plus tard !

* La vitesse de libération est la vitesse minimale que doit atteindre un objet pour échapper définitivement à l’attraction gravitationnelle d’un astre et s’en éloigner indéfiniment.

Wernher von Braun écrit à Jacqueline Kennedy

Deux mois après l’assassinat du président Kennedy, et le succès du lancement de Saturne I SA-5, le 29 janvier 1964, la première mission orbitale du programme Apollo, qui a permis de satelliser plus de 17 tonnes, battant ainsi le record détenu par les soviétiques, Wernher von Braun écrit une lettre à la veuve du président… John Kennedy, qui, la veille de son meurtre, avait prononcé un discours à l’occasion de l’inauguration du Aerospace Medical Health Center à la base aérienne Brooks de San Antonio au Texas, qui faisait référence à ce lancement, qu’il attendait avec impatience :

« … Et en décembre, bien que je ne considère pas notre maîtrise de l’espace comme finalisée, loin de là, et bien qu’il me faille reconnaître qu’il y a des domaines où nous sommes encore en retard, au moins dans celui de la puissance des fusées, cette année je l’espère, les Etats-Unis prendront la tête… »

Effectivement ce lancement, qui aura finalement lieu fin janvier 1964, a permis aux américains de battre les soviétiques en leur donnant la capacité de satelliser des charges utiles plus « lourdes ».

Extrêmement affecté par la mort du président Kennedy, (La seule fois où sa secrétaire Bonnie Holmes l’a vu pleurer, c’est lorsqu’ils ont suivi les funérailles à la télévision, dans son bureau, au Centre Spatial Marshall.) il décide après ce vol très important pour le programme spatial américain, d’écrire à la veuve du président Kennedy…

                                                                                   1er février 1964

Chère Madame Kennedy,

Nous sommes ravis après le lancement réussi de SA-5 mercredi dernier, le cinquième lancement consécutif réussi d’une fusée Saturne I, mais le premier ayant permis une mise en orbite. Je tenais à vous dire à quel point nous sommes heureux et reconnaissants que ce test ce soit si bien déroulé. Toutes les personnes impliquées dans ce projet ne savent que trop bien, combien le défunt président attendait avec impatience ce lancement, qui permet enfin à ce pays de prendre la tête, pour ce qui concerne la capacité de satellisation. La confiance qu’il nous avait témoigné, sa foi en notre réussite, nous a énormément encouragé, mais a également placé sur nous une lourde responsabilité. Je vous joins une photo de la fusée SA-5 prise à Cap Kennedy le 16 novembre dernier. La maquette à gauche représente la partie de la fusée qui est actuellement en orbite et tourne autour de la Terre en 94 minutes. L’objet mesure 2m50 et a une masse de 17 tonnes.

Vous avez été submergée de messages de condoléances du monde entier après la mort tragique de votre époux bien aimé. Comme beaucoup, la nouvelle dramatique de Dallas a été un terrible coup personnel pour moi. Nous ne pouvons trouver un meilleur moyen d’honorer la mémoire du président que de faire notre possible pour que son rêve et sa volonté deviennent réalité, de faire en sorte que « l’amérique apprenne à naviguer sur le nouvel océan de l’espace, et soit en première position. »

Avec mes sincères condoléances et toute ma sympathie,

Wernher von Braun

Quelques jours plus tard, il reçoit une réponse de Jacqueline Kennedy, également écrite à la main, sur son papier à lettre personnel.

                                                                                    11 février 1964

Cher Dr von Braun,

Je vous remercie infiniment pour votre lettre, à propos de la Saturne, et mon mari.

Quel monde merveilleux, ce fut pendant quelques années, avec des hommes tels que vous pour exhaucer les rêves qu’il avait pour ce pays. Avec un président qui vous admirait et vous comprenait, afin qu’ensemble vous changiez la manière dont le monde perçoit l’amérique, et nous rende à nouveau fiers. S’il vous plait, accordez-moi une faveur, de temps à autres, lorsque vous annoncerez de nouveaux succès spectaculaires, dites quelque chose sur le président Kennedy et comment son action a permis d’inverser la tendance, comme cela, les gens n’oublieront pas.

J’espère que je ne suis pas la seule à penser de la sorte, c’est ma seule consolation, qu’au moins on lui a donné le temps de faire de grandes choses sur cette Terre, qui parait désormais un endroit si triste et si vide sans lui.

Il aurait pu accomplir encore tellement de choses, mais il ne faut pas y penser.

Je vous remercie infiniment pour votre missive.

Cordialement,

Jacqueline Kennedy

De g. à d. : Maquette de la Saturne I SA-5 – Robert Seamans – Wernher von Braun – John Kennedy, à Cap Canaveral le 16 novembre 1963. Six jours avant son assassinat.

La tournée mondiale des astronautes d’Apollo 11

Le 19 septembre 1969 la Maison-Blanche annonce publiquement la tournée mondiale des astronautes d’Apollo 11, ils vont se rendre dans 23 pays, du 29 septembre au 5 novembre.

Il s’agit d’assurer au monde que les Etats-Unis sont allés sur la Lune au nom de toute l’humanité. Le nom de code de cette opération est Giant Step.

L’itinéraire prévu comprend les villes de : Mexico, Bogota, Buenos-Aires, Rio de Janeiro, Las Palmas, Madrid, Paris, Amsterdam, Bruxelles, Oslo, Cologne, Bonn, Berlin, Londres, Rome, Belgrade, Ankara, Kinshasa, Téhéran, Bombay, Dacca, Bangkok, Darwin et Sidney, Agana, Tokyo, puis un retour à Houston le 5 novembre via Honolulu.

Un autre voyage à Ottawa et à Montréal est prévu pour le mois de décembre.

Les préparatifs de ce tour du monde ont commencé début août.  Impliquant, outre la NASA, le département d’état et son chef du protocole, les ambassades des pays envisagés, le conseil national de sécurité, la Maison-Blanche. Cette dernière met de plus en plus la pression sur l’agence spatiale pour hâter les préparatifs. Au départ le tour du monde devait durer 51 jours, passer par 30 villes et 28 pays. Très vite des tensions entre la NASA et la Maison-Blanche apparaissent, aucune proposition de la NASA ne semble convenir, des pays importants sont absents de l’itinéraire, alors que d’autres tout à fait secondaires y figurent. Pour Nixon et ses conseillers qui souhaitent une tournée éminemment politique, et méticuleusement chorégraphiée, avec comme but avoué : récompenser les alliés, braver les ennemis, cela ne va pas, c’est ainsi que le 14 août, la responsabilité de l’itinéraire est retirée à la NASA. A ce moment-là des négociations sont encore en cours, la visite d’Israël est prévue, mais pour ne pas heurter le monde arabe, il faudrait aller également en Egypte… De graves problèmes de sécurité ne permettront pas d’aller au Caire, du coup l’escale à Tel-Aviv a dû être annulée également…

Frank Borman l’astronaute le plus expérimenté en voyages à l’étranger ainsi que son épouse Susan, leur prodiguent leurs conseils avisés.  Les astronautes doivent s’informer sur l’histoire, les us et coutumes de chaque pays visité…  On leur remet également une fiche pour chaque pays, sur ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire…

Le 17 septembre les astronautes sont longuement « briefés » dans les locaux du département d’Etat.

La veille du départ, le président Nixon appelle Neil Armstrong pour lui rappeler de proposer à tous les dignitaires de devenir des partenaires des Etats-Unis dans l’espace. Il en profite également pour inviter les astronautes et leurs épouses à un dîner à la Maison-Blanche le 5 novembre à l’issue de leur périple. Ils pourront ainsi lui faire un compte rendu du voyage.

Chaque escale obéit à une loi immuable, une cérémonie de bienvenue retransmise en direct à la télévision et à la radio, un cortège en voiture décapotable, une conférence de presse, un ou deux dîners officiels, une entrevue avec le chef de l’état, un échange de cadeaux.

44 personnes (y compris les astronautes et leurs épouses) font partie du voyage. Outre le personnel de l’US Air Force en charge de l’avion (18 personnes dont 5 pour la protection, 1 pour le fret), il y a cinq représentants des relations publiques de la NASA dont Julian Sheer, deux de l’USIA, deux secrétaires dont Geneva Barnes de la NASA, un médecin, le Dr William R Carpentier, quatre représentants du Département d’Etat, un spécialiste de la sécurité, le photographe-cameraman en chef de la NASA, William Paul « Bill » Taub (1923-2010), ainsi que quatre journalistes de la Voice of America, le service de diffusion par radio et télévision du gouvernement américain dans le monde. Les pilotes, navigateurs et ingénieurs de vol ne feront que la moitié de la tournée, ils seront relevés à Rome.

Le GIANTSTEP APOLLO 11 Presidential Goodwill Tour (l’appellation tournée présidentielle est très importante, les astronautes ne représentent pas la NASA, mais le président des Etats-Unis !) ou plus simplement Giant Leap Tour pour la presse, d’après la phrase prononcée sur la Lune par Neil Armstrongcommence donc le 29 septembre lorsque les trois astronautes d’Apollo 11 et leurs épouses arrivent à Mexico, après avoir parcouru 1 227 km à bord de l’avion du vice-président (que l’on appelle « Air Force Two », mais uniquement lorsque le vice-président des Etats-Unis est à bord), que la Maison-Blanche a mis à la disposition des globe-trotteurs à la demande du responsable des relations publiques de la NASA, Julian Sheer, pour une question d’image et de prestige à l’étranger. En effet, sur l’avant du Boeing 707 il y a l’énorme sceau de la Présidence des Etats-Unis, sur le fuselage est blasonné l’imposant United States of America, et sur la dérive figure un immense drapeau américain.

Ils sont reçus par le président Gustavo Diaz Ordaz (1911-1979). Le déjeuner est interminable, il dure de 13:00 à 17:30, puis les astronautes donnent leur première conférence de presse du voyage.

Les astronautes à Mexico.

Les astronautes reçoivent la visite de Frank Brandstetter un ancien colonel de l’US Army qui s’est reconverti dans l’immobilier et l’hôtellerie et a fondé le célèbre complexe hôtelier « Las Brisas » à Acapulco, ville portuaire située à 300 km de Mexico, la destination favorite des astronautes et des célébrités du monde entier dans les années 1960 et 70… Il est accompagné par l’actrice italienne Gina Lollobrigida qui invite les trois astronautes et leurs épouses à une réception à Rome à l’occasion de leur très prochaine visite dans la ville éternelle, dans quinze jours à peine.

Du 30 septembre au 1er octobre : Bogota (Colombie). (Distance parcourue : 3 175 km) La jeep du cortège qui les emmène au palais présidentiel tombe en panne, le personnel de sécurité a beaucoup de mal à contenir la foule, ce qui indispose les astronautes. Ils sont accueillis par le président Carlos Lleras Restrepo (1908-1994)

Edwin E. Aldrin, à la demande expresse du président Nixon, doit prendre un avion pour retourner aux Etats-Unis et assister à la convention du AFL-CIO (principal regroupement syndical américain – American Federation of Labour – Congress of Industrial Organisations) qui se déroule à Atlantic City, dans le New-Jersey. Il rejoindra le groupe à Las Palmas.

Aldrin à la convention de la AFL-CIO

Pendant son absence, c’est son épouse Joan qui le remplace lors des cérémonies officielles. Aldrin représentait les travailleurs de l’espace. Cet intermède n’est pas du tout du goût d’Aldrin…

1er octobre : escale de 90 minutes à Brasilia la capitale du Brésil. (3 665 km). La Bolivie ayant interdit le survol de son territoire, car les Etats-Unis n’ont pas reconnu le nouveau gouvernement militaire qui a récemment évincé le président Luis Adolfo Siles Salinas à la suite d’un coup d’état, l’avion a dû faire une escale organisée au tout dernier moment à Brasilia pour se ravitailler en carburant. Un tour de la ville en bus est organisé à la hâte, un bus qui comporte un bar à l’arrière dont ils ne manqueront pas de profiter…

1er au 2 octobre : Buenos-Aires (Argentine) ils y resteront 20 heures. (2 340 km). Avec une réception par l’ambassadeur John Davies Lodge (1903-1985). La femme de l’ambassadeur régule ses différentes conversations avec ses invités à l’aide de sa montre munie d’une alarme. Toutes les 15 minutes, quand ça sonne, elle coupe court à l’entretien et se dirige vers un autre convive… Lorsque vient son tour, Pat Collins réfrène un fou rire…

Le 3 octobre ils arrivent à Rio de Janeiro (1 960 km), ils logent au Copacabana Palace Hôtel. Le matin, Joan Aldrin reçoit trois distinctions au nom de son mari. Ils effectuent un tour de la ville, qui se termine sous la pluie. Le lendemain matin ils se lèvent à 7 heures. Vers 13:00 ils prennent l’avion à destination des Iles Canaries. Un vol de plus de huit heures au cours duquel ils parcourent plus de 10 000 km.

Le samedi 4 à 22:00 ils atterrissent en Espagne, à Las Palmas (Iles Canaries) où les attend Buzz Aldrin, ils se reposent 48 heures.

Les astronautes et le Prince Juan Carlos au palais de la Zarzuela

Le 6 octobre en fin d’après-midi ils s’envolent pour Madrid (1 575 km) où ils doivent rencontrer le prince Juan Carlos (1938-2014) le lendemain matin au palais de la Zarzuela. Juan Carlos avait visité le centre spatial de Houston et assistera notamment au lancement d’Apollo 14. Ils déposent une gerbe aux pieds de la statue de Christophe Colomb sur la Plaza de Colón.

Le général Francisco Franco reçoit les astronautes au palais royal du Pardo

L’après-midi, ils sont reçus par le général Franco (1892-1975)…

Le mercredi 8 octobre ils sont en France. (1 050 km) (le détail de ce séjour fait l’objet d’un article distinct ICI)

Le jeudi 9 octobre, Amsterdam (430 km) où ils rencontrent la reine Juliana (1909-2004) et le prince Bernhard (1911-2004), cette fois le cortège ne se fait pas sur la route mais sur les magnifiques canaux de la ville, en compagnie du maire de la ville Ivo Samkalden (1912-1995).

Les astronautes sur le point d’embarquer sur un bateau-mouche à Amsterdam
Sur les canaux, la maire d’Amsterdam Ivo Samkalden remet une distinction aux astronautes.

Plus tard dans la journée ils sont à Bruxelles (175 km) où ils sont accueillis par le Roi Baudouin (1930-1993) et la reine Fabiola (1928-2014) qui avaient assisté au lancement d’Apollo 10. Le roi les décore de l’ordre de Léopold, la distinction la plus haute de Belgique. En une journée ils ont rencontré deux rois et deux reines, le meilleur souvenir de Janet Armstrong !

Anecdote du jour : le protocole belge stipule qu’il ne faut jamais tourner le dos au roi ou à la reine, aussi lorsque le roi décide de prendre Mike Collins par le bras pour monter le long escalier en marbre vers la salle du dîner, et que ce dernier s’aperçoit que la reine se trouve juste derrière avec Aldrin, il arrive tant bien que mal à se contorsionner pour monter l’escalier tout en restant de profil par rapport à la reine… La remarque de Collins sur le chemin du retour : « Je pense que je me suis luxé ma satané hanche ».

A Bruxelles avec le couple royal

Le vendredi 10 octobre les astronautes déjeunent avec le roi Olaf V de Norvège (1903-1991) à Oslo (1 085 km).

Sur le balcon du palais royal d’Oslo avec le roi Olaf V.

Ils prennent ensuite un hélicoptère pour passer le week-end dans le cottage du ministre de la défense Otto Greig Tidemand (1921-2006), un ancien pilote de chasse de 1942 à 1946.

En Norvège, après une partie de chasse au coq de bruyère

Aldrin aurait préféré la Suède car il a des origines suédoises par son père, mais le département d’état a refusé en raison du fait que ce pays donne l’asile aux déserteurs de tout pays (dans le cadre d’une guerre), et refuse de les extrader.

Les 12 et 13 octobre les astronautes visitent l’Allemagne de l’Ouest.  Ils atterrissent à l’aéroport Konrad-Adenauer de Cologne/Bonn (1 025 km) un peu avant 11 heures du matin. Aéroport situé à mi-chemin (une quinzaine de km) entre Cologne et Bonn la capitale de la république Fédérale d’Allemagne. Ils sont accueillis par le ministre des sciences Gerhard Stoltenberg (1928-2001) et l’ambassadeur américain Kenneth Rush (1910-1994).

A Bonn.

Aldrin a passé trois ans en Allemagne, (à la base aérienne de Bitburg), et Collins 1 an. Aldrin précisera que deux de ses enfants sont nés ici en Allemagne (Janice Rose en 1957 et Andrew John en 1958). Les Aldrin retrouveront l’ancienne baby-sitter de leurs enfants, Waltraut Sell, Joan l’étreindra un long moment en pleurant… Au moment de quitter l’aéroport une jolie jeune femme se précipite vers Armstrong pour lui offrir un bouquet de fleur. Un agent de sécurité l’en empêche, mais Armstrong ayant vu ce qu’il s’est passé s’approche d’elle et lui parle, il s’agissait d’une correspondante de Radio Prague, tellement émue elle oublie de lui donner les fleurs.

Ils se rendent à l’hôtel de ville de Cologne dans une voiture décapotable, sur le chemin ils sont acclamés par des milliers de personnes. Ils signent le livre d’or de la ville. Puis ils vont à Bonn, à la Beethovenhalle pour une cérémonie similaire. Ils déjeunent dans un hôtel. C’est à ce moment-là que Collins et son épouse prennent un avion pour se rendre à Gênes (472 km) en Italie, la ville de naissance de Christophe Colomb, où il doit recevoir en fin d’après-midi, la médaille d’or de l’association scientifique Christophe Colomb, au nom des trois astronautes. (Collins a été choisi car il est né en Italie, et c’est jour pour jour, 477 ans plus tôt que le génois Christophe Colomb posait pour la première fois le pied sur le continent américain.)

A 16:00 Aldrin et Armstrong se rendent à pied à la conférence de presse où une immense foule les attend. Avant de répondre aux questions des journalistes, ils commentent un film d’une vingtaine de minutes retraçant leur mission et le programme spatial américain. A l‘issue de l’exercice ils rejoignent leurs épouses et rencontrent le président allemand Gustav Heinemann (1899-1976) puis assistent à un dîner d’état en présence du chancelier Kurt Georg Kiesinger (1904-1988). (Willy Brandt lui succèdera 16 jours plus tard)

A l’aéroport de Berlin-Tempelhof.

Le lendemain matin ils prennent un DC-6 (plus pratique que le 707 de la Maison Blanche) pour se rendre à Berlin (475 km x 2) où ils retrouvent le couple Collins.

Le mur de Berlin

Le maire de la ville, Klaus Schütz (1926-2012) les accompagne jusqu’au Mur, ils sont stupéfaits de voir que les fenêtres des immeubles de Berlin-Est sont fermées, il n’y a personne !  Et pour cause, la loi interdit aux berlinois de l’est d’ouvrir leurs fenêtres pour regarder vers Berlin Ouest, la majorité des édifices proches du mur de la honte ont les fenêtres murées. Quant aux gardes, ils ont le dos tourné ! Au cours des nombreuses cérémonies et discours ils ne manqueront jamais de rappeler le rôle déterminant joué par de nombreux allemands dans la conquête de la Lune !

Bain de foule à Berlin.

Neil Armstrong recevra un bouquet de fleur de Madame Ingeborg Grotholtmann, une parente de la famille Armstrong (par sa mère) originaire de Ladbergen. Il déclarera : « C’est un grand plaisir, pour nous, membres de la mission Apollo 11 d’être ici. C’est un moment très spécial pour moi, puisque nombre de mes ancêtres sont nés ici. » Actuellement 22% des américains ont des origines allemandes.

Conférence de presse à Berlin.

Mardi 14 octobre les astronautes arrivent à Londres (510 km). Ils sont reçus au Palais de Buckingham par la reine Elizabeth.

A l’aéroport d’Heathrow

Ils annulent deux émission télé dont une avec la BBC car les astronautes ont attrapé froid et souffrent d’une laryngite. (C’est du moins la version officielle car en réalité les astronautes ont refusé de participer à deux événements décidés unilatéralement et au dernier moment par les anglais.)  Quant à la conférence de presse, les journalistes leur firent clairement ressentir leur rancœur suite à l’annulation des émissions télévisées.

Devant l’ambassade des Etats-Unis à Londres, Neil Armstrong fait un câlin à Wendy Jane Smith, 2 ans.
En compagnie de la reine Elizabeth au palais de Buckingham

La réception à Buckingham est grandiose, la reine Elisabeth et le prince Philippe sont très affables. Pendant que se déroule cette réception le médecin Bill Carpentier doit passer en direct à la télé pour expliquer les raisons de l’annulation des deux émissions télévisées…

Avec la reine Elizabeth et le prince Andrew.
Avec le chef du gouvernement, le premier ministre Harold Wilson.

Le soir même ils sont reçus au 10 Downing Street par le Premier Ministre britannique Harold Wilson (1916-1995), après le repas dans une salle adjacente, ils sont présentés au gratin mondain du Royaume-Uni, Joan Aldrin est ravie de rencontrer l’un de ses acteurs préférés, Sean Connery.  Curieusement, le Royaume-Uni est le seul pays où les astronautes ne recevront aucune décoration, aucune distinction officielle !

Du 15 au 18 octobre les astronautes sont à Rome (1 435 km), la ville de naissance de Michael Collins. Sur le lieu même de sa naissance une plaque en marbre est inaugurée : « Dans cette maison, le 31 octobre 1930, est né Michael Collins, astronaute intrépide de la mission Apollo 11 » jusque-là tout va bien, mais qui ajoute « premier Homme sur la Lune » (Sic). Ils profitent du luxe de l’ambassade, le palais Marguerite, une après-midi entière, le poste d’ambassadeur est alors vacant depuis le 27 août, il ne sera pourvu que le 30 octobre.

Audience privée avec le Pape Paul VI

Le jeudi 16 octobre les astronautes et leurs épouses sont reçus en audience privée par le Pape Paul VI (1897-1978) au Vatican, dans la bibliothèque de la basilique St Pierre, puis rencontrent des cardinaux du monde entier.

Les trois couples posent devant le château Saint-Ange où une réception a lieu en leur honneur.

Le 17 les astronautes et leurs épouses (sauf Joan Aldrin qui souffre officiellement d’un désordre gastro-intestinal), se rendent à la réception organisée par l’actrice Gina Lollobrigida. Lorsque le couple Armstrong et le couple Collins décident de rentrer à l’hôtel, Aldrin lui, souhaite rester…

Le samedi 18 octobre, les astronautes arrivent à Belgrade (720 km). Le mot d’ordre pour cette étape est de ne jamais parler de politique et de faire attention à ce que l’on dit dans les chambres d’hôtel car il y a une très forte probabilité qu’elles soient « équipées » de micros. 400 à 500 000 personnes se sont massées entre l’aéroport et la tombe du soldat inconnu au pied duquel ils déposent une gerbe.

A Belgrade au palais Blanc avec le Maréchal Tito

Ils déjeunent avec le Maréchal Tito (1892-1980) qui déclare : « Je n’aime pas les envahisseurs sur Terre, mais je tiens en haute estime la conquête des corps célestes et je vous souhaite le meilleur succès dans cette entreprise ».

20 au 22 octobre : Ankara (Turquie) (1 155 km). Ils sont reçus par le président Cevdet Sunay (1899-1982) et le 1er ministre Süleyman Demirel (1924-2015) qui deviendra à son tour président de la Turquie de 1993 à 2000. Pratiquement aucune femme n’assiste au défilé des astronautes dans leur voiture décapotable.

Les astronautes déposent une gerbe au mausolée d’Atatürk

Une coutume pour tout visiteur officiel étranger de marque, déposer une gerbe au mausolée Anıtkabir ou repose Mustafa Kemal Atatürk (1881-1938), fondateur et premier président de la République de Turquie, et signer le livre d’honneur.

Mercredi 22 et jeudi 23 octobre : Kinshasa (République démocratique du Congo) (5 240 km). Le seul pays africain visité par les astronautes.  Ils atterrissent à 16:00. Aldrin fait un discours en français. Le cortège en voiture dure deux heures dans une chaleur étouffante. Chaque couple dispose d’une villa privative le long du fleuve Stanley. Le palais du président Joseph Mobutu (1930-1997) se trouve non loin de là, avec deux lions apprivoisés qui dorment dans le jardin… Le lendemain ils reçoivent les insignes de l’Ordre du Léopard, et les couvre-chefs qui vont avec. Une surprise attend les épouses, chacune recevant les insignes de l’Ordre du Zaïre, une récompense réservée aux personnes « pleines de grâce ».

De g. à d. Joan Aldrin, Patricia Collins et Janet Armstrong décorées par Joseph-Désiré Mobutu le 23 octobre 1969.

Ce jour-là ils entendirent l’hymne américain et congolais à sept reprises !

Kinshasa

Aldrin sautant du dais où ils étaient installés s’est mis à danser avec Miss Congo, ses danseurs se sont mis sur le côté et ont regardé. Les photographes avaient trouvé leur une du lendemain, mais Neil Armstrong a trouvé cela quelque peu « déplacé ».

Du 24 au 26 octobre : Téhéran, Iran (5 830 km). C’est la rencontre avec le Chah d’Iran, Mohammad Reza Chah Pahlavi (1919-1980) et sa troisième épouse Farah (1938) enceinte de 5 mois. Le Chah d’Iran avait visité le centre de lancement de la NASA en Floride en 1962.

Neil Armstrong et le fils du Chah, Reza.

Leur fils Reza agé de 9 ans montre sa maquette de la Saturne V à Neil Armstrong. Farah Diba avait contacté l’ambassade américaine pour connaître l’âge et les centres d’intérêt des enfants des astronautes, elle leur avait préparé un cadeau chacun, huit au total.

Le Chah d’Iran remet des décorations aux trois astronautes.

Le Chah invite les astronautes à sa fête d’anniversaire privée qu’il célèbre le soir même.

Au retour une nouvelle scène de ménage éclate entre les Aldrin.

Le dimanche 26 octobre, à 14:45, plus de 20 000 personnes accueillent les astronautes à l’aéroport de Bombay en Inde (2 800 km).

Cortège dans les rues de Bombay

Indira Gandhi qui souhaitait que les astronautes viennent plutôt à New-Delhi (3,5 millions d’habitants) snobe leur visite. Le département d’état avait préféré Bombay (5 millions d’habitants), la ville la plus peuplée du pays…Le long des 20 km séparant l’aéroport de l’Hôtel Taj Mahal de nombreuses banderoles sont déployées : « Bombay welcomes the moon landers ». Une foule immense acclame les astronautes dans leur véhicule décapotable, plus d’1,5 millions de personnes.

Le 27 octobre ils arrivent à Dacca au Pakistan (1 890 km). (Actuellement le Bangladesh). C’est un peu la cohue à la descente de l’avion, les forces de sécurité ont un peu de mal à contenir la foule. Les astronautes sont frappés par l’extrême misère y qui règne.

Arrivée à Dacca.

Le mardi 28 octobre les astronautes arrivent à Bangkok, Thaïlande (1 540 km) où 100 000 personnes les accueillent, dont beaucoup d’enfants … La Thaïlande est l’allié le plus sûr des Etats-Unis dans la région. Ils y passent trois nuits. Ils sont reçus par le premier ministre Thanom Kittikachorn (1911-2004) et son épouse Jongkol.

Le 1er ministre Thanom Kittikachorn décore les astronautes.

Sur l’île de Koh-Sak, les astronautes laissent leur empreintes de pied dans le ciment, le long de l’allée qui traverse l’île du nord au sud. De nombreuses personnalités mondiales ont fait de même.

Le 29 ils sont reçu par le roi Bhumibol Adulyadej, Rama IX (1946-2016) né aux Etats-Unis, et la reine Sirikit Kitiyakara. La cérémonie est guidée, formelle… Leurs altesses sont peu loquaces… Le maire de Bangkok, Chalit Kulkanthorn, offre aux astronautes des médailles sacrées de Bouddha, qui selon les thaïs protège les voyageurs. Il offre même trois médailles supplémentaires pour les astronautes d’Apollo 12… Les astronautes rendent visite aux volontaires du Corps de la Paix.

Neil Armstrong alors que les astronautes rendent une visite aux volontaires du Corps de la Paix.

Le 31 octobre c’est l’anniversaire de Michael Collins, il fête ses 39 ans dans l’avion.

31 octobre, en fin d’après-midi, les astronautes sont à Perth (5 345 km), à l’origine ils devaient arriver à Darwin, mais les astronautes ont demandé que ce soit Perth… Perth qui restera à tout jamais la ville lumière, celle qui a illuminé le premier vol orbital d’un américain, John Glenn, 7 ans plus tôt. A 70 km de là il y avait une station de suivi, très importante pour le programme Mercury ; Muchea fermée en 1964, remplacée par Carnarvon à 880 km de Perth. Station utilisée pour relayer la commande d’injection en orbite lunaire au vaisseau Apollo et assurer le contact lors des dernières heures précédant la rentrée dans l’atmosphère.

Cortège à Perth.

L’anecdote du jour : Certains pays comme l’Australie ou la Nouvelle-Zélande pratiquant systématiquement la désinsectisation des avions pour éviter l’introduction involontaire d’espèces nuisibles, notamment pour leur agriculture, l’avion des astronautes ne fait pas exception, d’autant qu’ils ont fait escale dans une vingtaine de pays, dont un pays africain où sévit la mouche tsé-tsé !

Le samedi 1er novembre, à deux heures du matin ils arrivent à Sydney (3 295 km).

Réception à Hyde Park à Sydney.

Lors d’une conférence de presse, à propos d’une question déplorant l’absence de femmes dans le programme spatial américain Collins déclare que : « la NASA n’a jamais interdit l’accès aux femmes, c’est la formation de pilote exigée qui a empêché les jeunes femmes d’y prendre part ».

Le 2 novembre ils arrivent à Agana sur l’île de Guam (5 315 km), qui est un territoire faisant partie des Etats-Unis, qui possède également une station de suivi qui a joué un rôle déterminant lors du retour sur Terre des astronautes cf : Un enfant de dix ans à la rescousse d’Apollo 11.

Neil Armstrong
Michael Collins

La particularité de cette visite est que chacun des astronautes traverse la foule massée sur l’aéroport, dans une charrette traditionnelle tirée par un bœuf !

Le 3 novembre ils sont à Séoul en Corée du Sud (3 210 km). Ils font une « Ticker tape parade » dans les rues de Séoul. Il fait un froid glacial. Ils sont reçus par le premier ministre Chung Il-kwon (1917-1994) et déjeunent avec lui. Ils reçoivent leurs premières décorations asiatiques… Armstrong et Aldrin ont tous les deux participé à la guerre de Corée.

A Séoul.

Le 4 novembre : Tokyo (1 155 km). Le premier ministre Eisaku Sato leur remet l’Ordre de la Culture (Bunka Kunsho), c’est la première fois que cette distinction qui date de 1937, et qui est remise tous les ans en novembre, est décernée à des étrangers. Il présente également son petit-fils aux astronautes…

Neil Armstrong avec le petit fils du premier ministre Eisaku Sato.

 Après un cortège qui passe notamment dans le quartier de Ginza qui ressemble à Broadway, les trois astronautes se rendent au palais impérial pour rencontrer le 124e empereur du Japon, Hirohito (1901-1989) et son épouse l’impératrice Nagako de Kuni (1903-2000).

Cortège à Tokyo.

Pour le dîner, la plus pure tradition japonaise est respectée, une maison de Geisha, la plus réputée de Tokyo, Shiu Kikura… Tout le monde quitte ses chaussures et déguste les meilleures spécialités. Avec leurs divers arts, dance, musique, les geishas animent la soirée…

Après le dîner, toute la délégation américaine fait la fête pour célébrer la fin de la tournée mondiale.

Ils décollent de l’aéroport de Tokyo à 14 heures, le 5 à 2:00 du matin ils font escale à Anchorage (Elmendorf Air Force Base) en Alaska (5 570 km) pour un ravitaillement en carburant, avant de revenir à Washington D.C. (5 410 km)…  Aldrin précise dans ses mémoires, que lors de cette escale, les épouses sont descendues de l’avion pour faire une bataille de boules de neige !

Au total, au cours de ces 37 jours, les astronautes furent les hôtes de 27 villes étrangères (qui ne font pas partie des Etats-Unis ou de ses territoires) dans 23 pays (le Vatican, enclavé dans la ville de Rome, est un état, un micro pays à part entière) – Ils ont donné 22 conférences de presse, ont été reçus par 20 chefs d’états. Plus de 100 millions de personnes ont vu les astronautes et plus de 25 000 leur ont serré la main. Un seul pays, la Hongrie, avait refusé la venue des astronautes sur son sol. En raison notamment du contentieux concernant la couronne de Saint Etienne, symbole de la souveraineté hongroise. Les américains ont récupéré cette couronne le 2 mai 1945 après que le pays soit envahi par l’URSS. Ils ne la rendront à la Hongrie qu’en 1978 après une relative libéralisation politique et économique et le début de relations commerciales avec l’ouest. Le gouvernement américain craignait que ce joyau ne soit escamoté par le régime communiste imposé au pays par Moscou dès 1946 ! (Pendant 32 ans elle est restée en sécurité à Fort Knox.)

C’est lors de ce tour du monde qu’Aldrin a manifesté les premiers symptômes de la dépression qui va le frapper, et ses problèmes avec l’alcool. Dès l’escale à Bogota, le Dr Carpentier a dû lui prescrire des pilules anti-stress. Un soir en Norvège il est resté seul dans sa chambre d’hôtel à boire, alors que les autres y compris sa femme sont sortis dîner… Les disputes avec Joan sont fréquentes, à la fin du voyage ils ne se parlent quasiment plus… (Ils divorcent officiellement en 1974, pas avant, pour ne pas nuire à la carrière d’Aldrin.)

Rien qu’en avion, Armstrong aura parcouru quelque 79 000 km, Collins 80 000 km et Aldrin 70 000 km.  Le périmètre équatorial de la Terre étant de 40 075 km, ils auront pratiquement fait deux fois le tour de la planète. Ceci dit nous sommes bien loin des 773 000 km parcourus, juste pour faire l’aller-retour Terre-Lune.

Avec une vitesse de croisière d’environ 900 km/h les astronautes seront donc restés grosso-modo, plus de 3 jours et demi au total, à bord du 707 de la Maison-Blanche.

Au final, une tournée mondiale bien plus éprouvante que la première mission habitée sur la surface de la Lune ; de l’aveu même des trois astronautes.

Tous les présents reçus par les astronautes ne leurs seront restitués que plusieurs mois plus tard. Curieusement les cadeaux de Farah Pahlavi, l’impératrice d’Iran, pour les enfants des astronautes, ont disparu !

Visualisation de l’itinéraire. Réalisé par votre serviteur. (Cliquer sur la carte pour agrandir)

Mexico City, Mexique (Sept. 29-30); Bogota, Colombie (Sept. 30-Oct. 1); Brasilia, Brésil (Oct. 1); Buenos Aires, Argentine (Oct. 1-2); Rio de Janeiro, Brésil (Oct. 2-4); Las Palmas, Iles Canaries – Espagne (Oct. 4-6); Madrid, Espagne (Oct. 6-8); Paris, France (Oct. 8-9); Amsterdam, Hollande (Oct. 9); Brussels, Belgique (Oct. 9-10); Oslo, Norvège (Oct. 10-12); Cologne/Bonn et Berlin, Allemagne (Oct. 12-14); Londres, Angleterre (Oct. 14-15); Rome, Italie (Oct. 15-18), Le Vatican (Oct. 16) ; Belgrade, Yougoslavie (Oct. 18-20); Ankara, Turquie (Oct. 20-22); Kinshasa, Zaïre (Oct. 22-24); Téhéran, Iran (Oct. 24-26); Bombay, Inde (Oct. 26-27); Dacca, Pakistan (Oct. 27-28); Bangkok, Thaïlande (Oct. 28-31); Perth et Sydney, Australie (Oct. 31-Nov. 2); Agana, Guam, USA (Nov. 2-3); Seoul, Corée (Nov. 3-4); Tokyo, Japon (Nov. 4-5); Anchorage, Alaska, USA (Nov. 5).

Avant de rencontrer le président Nixon à la Maison-Blanche, (les astronautes y passeront la nuit, et Aldrin se fera soigner une dent par le dentiste présidentiel.) les responsables du protocole, comme avant chaque escale, ont donné un petit « mémo », aux astronautes :

– Personnalité du jour –

Votre prochaine étape est Washington D.C., USA. Quelques rappels utiles :

 

– L’eau est potable, mais ce n’est pas la boisson préférée des autochtones.
– Il faut toujours s’attendre à des manifestations estudiantines.
– Ne jamais tourner le dos au président.
– Ne jamais se montrer avec le vice-président.
– Si vous laissez vos chaussures devant la porte de votre chambre elles seront volées.
– Il est dangereux de sortir dans les rues le soir.
 

Ne jamais aborder les sujets suivants avec les autochtones :

 

– La guerre du Vietnam

– Le budget

– L’aide extérieure

– La balance commerciale

 

Le taux de change est 0,5 cents pour un dollar (américain)

Il serait extrêmement intéressant de prendre connaissance des véritables « mémos » concernant chaque pays…